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Lifestyle - Beyrouth insight

Miriane Zgheib, la conjonction du food et du design

Lorsqu'elle sert une soupe, qu'elle a baptisée « the soul soup », elle y verse également son âme. Comme pour tout ce qui concerne la nourriture et la restauration, Miriane Zgheib a réussi à joindre l'art et la manière, avec philosophie et esthétisme, dans des rituels vite devenus pour elle incontournables.

Quand on l'aperçoit sillonner la rue Mar Mikhaël vers Gemmayzé, chargée d'un grand sac à dos qui laisse dépasser des thermos fumants, on se demande que fait donc cette jeune femme, tous les jours entre 12 heures et 13 heures, un tablier autour de la taille, un grand sourire sur son visage rêveur. On s'approche, puis on ose lui poser la question : Qui êtes-vous ? Miriane Zgheib vous invite alors chez elle, dans sa vieille maison d'un Beyrouth d'avant, maison en voie de disparition ou de démolition, avec jardin fruitier et légumes dans la cour. « Je suis food designer », dit-elle. Et pour toute première réponse, elle vous convie au rituel de la soupe, sa « soul soup ». Sur un plateau, un verre en carton est posé, une paire de ciseaux, un doseur d'huile d'olive. Miriane sert la soupe préparée, aujourd'hui elle est à base de citrouille, de pomme de terre et d'autres ingrédients secrets, en vous priant de découper du jardin quelques feuilles de thym sauvage, de les ajouter à la soupe, après avoir pris soin d'y déposer, délicatement, quelques gouttes d'huile d'olive. « Tenez bien le verre, sentez la chaleur. Humez le parfum, les yeux fermés, et puis... goûtez. » Le moment, tout comme l'entrée, est savoureux. « Cette entrée en matière, qui doit réchauffer et éveiller les cinq sens. Au Liban, poursuit-elle, on a perdu le goût de tout, et surtout celui de manger en prenant son temps. On a même perdu le plaisir de goûter. »

 

 

 

 

Concept et message
Le message de Miriane est passé : l'acte de manger doit s'accompagner d'une mise en scène qui passe par la décoration des lieux, les gestes, la lumière, l'atmosphère, l'identité graphique et visuelle qu'elle insuffle. Alors, que faisait-elle exactement dans la rue ? « Je livre des soupes à mes clients, des personnes et des entreprises. » Composée de légumes frais du jours, "the soul soup" est un concept qui peut grandir, devenir plus global, se transformer en pop-up restaurant « dans un but culture, essentiellement », souligne-t-elle.
Dans ses projets à venir, Miriane Zgheib aimerait joindre toutes ses connaissances. Après avoir été, dans un premier temps, presqu'une autre vie, architecte d'intérieur, enseignante durant sept ans dans des instituts techniques, avec des envies de créer des objets design liés à l'art de la table, elle décide de tout quitter pour Bruxelles, où elle s'inscrit à l'Académie royale des beaux-arts, elle sera la seule élève venue du Moyen-Orient. Elle retrouve le Liban pour un master en Executive Food design un an plus tard. Et une envie de déposer son empreinte culinaire et créative dans le domaine de la restauration. À sa manière. Quelques projets personnels mais aussi des « apparitions » remarquées, comme celle qu'elle fait à l'exposition « Chocol'art », au Biel. Elle s'y expose en... femme chocolat, peinte par un artiste, selon l'interprétation d'une phrase, un moto : « Nous sommes ce que nous mangeons et nous mangeons ce que nous sommes. »


Alors, si vous croisez à votre tour ce petit bout de femme, devenue un drôle de « restaurant ambulant », elle vous dira aussi qu'elle avale ses kilomètres à pied parce qu'elle aime ce retour à la source des choses, qu'en se déplaçant elle-même pour livrer ses soupes, elle peut enfin offrir aux autres « un peu de ce que je fais, de ce que j'aime ». Les apprivoiser, observer leur réaction pendant la dégustation. Expérimenter pour passer, très vite, à d'autres expériences culinaires et humaines.

 

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