L'actualité est truffée de polémiques autour de grands barrages en construction (nature karstique et perméable du sol, risque sismique, etc.), allant de Janné (Jbeil) à Qaïssamani (Hammana, Metn-Sud), ou encore Bisri (Sud). Des centaines de millions de dollars en jeu, pour des projets souvent contestés, présentés par les autorités concernées comme le meilleur moyen d'améliorer l'approvisionnement en eau potable. Et si l'une des réponses au problème de la gestion de l'eau au Liban se trouvait dans des projets plus petits, conformes aux principes du développement durable ? Plus d'une centaine de petits barrages de retenue dont le coût estimé et global tournerait autour d'une dizaine de millions de dollars, une capacité de stockage de 30 à 50 millions de mètres cubes et un temps d'exécution de deux ans environ ? C'est une telle proposition, fondée sur des estimations préliminaires, qu'a explorée hier l'ingénieur Ayman Chehadé, directeur général du Centre de développement académique allemand (GADC), membre de l'AFBB.
L'expert s'exprimait devant un parterre de membres d'ONG et de la société civile, d'un représentant de l'ambassade d'Allemagne, Ulf-Oliver Hoesch, et d'Amine el-Khalil, président de l'AFBB. Il a commencé par plusieurs constats concernant le Liban : un taux de pluviométrie qui reste très avantageux pour la région, avec une moyenne de 820 à 830 millilitres par an (contre 180 à Damas, 270 à Amman, etc., source : www.worldclimate.com). « Le gaspillage d'eau est estimé à quelque quatre milliards de mètres cubes par an, qui se retrouvent dans la mer Méditerranée », a-t-il ajouté.
Sa proposition se résume à une idée simple, très exploitée dans de nombreux pays européens : de petits barrages de retenue, particulièrement adaptés à la nature libanaise, selon lui. Que ce soit sur des cours d'eau saisonniers ou sur des cours qui coulent toute l'année, il est possible, là où la nature le permet, d'installer ces petites « barrières » qui retiennent l'eau sur des surfaces modestes. On peut ainsi concevoir d'installer plusieurs petits barrages dans une même vallée, sur un même cours d'eau, à des endroits différents. Le principe est simple : une barrière (en fer, en bois...) transversale qui retient l'eau et freine son écoulement, sans revêtement du sol et sans prouesse technologique particulière.
« Ce genre de petits barrages de retenue présente plusieurs avantages, poursuit M. Chehadé. Ils n'ont pas un impact écologique important sur le site en raison de leur taille très modeste. Ils contribuent à protéger les écosystèmes puisqu'ils favorisent l'absorption de l'eau par le sol. Ils aident aussi à un meilleur renflouement des nappes phréatiques puisque l'eau, qui s'écoule moins facilement vers la mer, fuit en partie vers ces sources souterraines. De plus, ces oasis donnent des paysages pittoresques, qui sont à l'origine d'initiatives écotouristiques, et qui constitueront des points d'eau que la faune sauvage ne pourrait qu'apprécier. Enfin, et surtout, la capacité de stockage serait non négligeable. »
Selon l'expert, une étude préliminaire fondée sur des images satellites a déjà permis de déterminer plus d'une centaine de sites candidats à accueillir de telles installations. Il a annoncé que son organisation lance une étude, qui devrait durer environ un an, et qu'elle envisage même la possibilité d'exécuter elle-même de tels projets à l'avenir, à travers son réseau de contacts.
Reste à savoir si ces petits barrages de retenue peuvent servir d'alternatives aux grands barrages conçus par l'État. Interrogé sur la question, M. Chehadé reconnaît qu'ils ne peuvent en aucun cas représenter à eux seuls la même capacité de stockage. Ils restent indispensables, ajoute-t-il, puisqu'ils constituent une solution écologique qui freine le gaspillage et contribue à une meilleure gestion de l'eau, tout en couvrant une plus large part de territoire. Une possible solution complémentaire, donc. Toutefois, si cette solution est alliée à d'autres mesures pour arrêter le gaspillage et mieux profiter de l'eau souterraine, de tels barrages de retenue deviendront de véritables arguments à présenter aux responsables politiques pour une alternative globale, a noté Paul Abi Rached, président de Terre-Liban et du Mouvement écologique libanais, présent à la conférence.
S. B.
Liban - Ressources hydrauliques
De petits barrages de retenue, une proposition explorée par un groupe libano-allemand
Un représentant du Forum académique Beyrouth-Berlin (AFBB) s'est exprimé hier sur sa vision de la gestion de l'eau au siège de l'ONG Terre-Liban à Baabda.
OLJ / Par S. B., le 24 février 2015 à 00h00
commentaires (4)
IL Y EN A UN TEL BARRAGE DIT PETIT ET ÉCOLOGIQUE... DU CÔTÉ DE ZGORTA... QUI EST DEVENU UN DÉPOTOIR ! GRANDS BARRAGES MAIS ÉTUDIÉS ET SURVEILLÉS ! N'OUBLIONS PAS QUE NOUS SOMMES AU PAYS DE : É SHLA7A... CHOU SAR ??? WLIK 3MOL PIPI... CHOU SAR ???
LA LIBRE EXPRESSION
10 h 37, le 24 février 2015