Les forces gouvernementales syriennes ont lancé hier une offensive majeure pour prendre en tenaille les quartiers rebelles d'Alep. Plus d'une centaine de combattants des deux camps, ainsi que des civils, ont été tués dans les combats, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
L'armée, appuyée par des combattants iraniens et afghans, ainsi que par le Hezbollah, a pris les villages de Bachkoy et Rityan, à une dizaine de kilomètres au nord d'Alep. Des combats se sont déroulés plus au nord à Hardtenine tandis que l'artillerie gouvernementale a bombardé deux localités rebelles sur la route menant aux deux villages chiites assiégés. L'ONG a précisé que 45 rebelles avaient été tués dans la province et dans la ville, ainsi que six civils dans les quartiers rebelles. Cinquante soldats et supplétifs ont par ailleurs trouvé la mort dans les combats tandis que huit civils ont été tués par des obus rebelles sur Mocambo et Azizia, quartiers de l'ouest de la ville.
« Alep est essentielle et cette bataille va continuer de manière intense car elle est très importante », a affirmé une source militaire syrienne à l'AFP. Selon le directeur de l'OSDH, Rami Abderrahmane, les forces du régime cherchent d'un côté à « couper la route reliant Alep et la frontière turque, et imposer ainsi un siège total aux quartiers rebelles ». Et, de l'autre, à « ouvrir la route menant à deux villages chiites progouvernementaux Naboul et Zahra, assiégés par les rebelles depuis dix-huit mois ». Pour le régime, « le principal objectif est de casser le siège d'Alep » par les rebelles qui contrôlent quasiment toute la province, à l'exception d'une petite portion à l'est de la ville, selon la source militaire syrienne.
(Pour mémoire : Pour l'envoyé de l'Onu, "Assad fait partie de la solution")
Trêve de 6 mois à Alep ?
Cette offensive a commencé le jour même où le médiateur de l'Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, a présenté au Conseil de sécurité de l'Onu un rapport sur sa mission visant à stopper la guerre ravageant ce pays depuis quatre ans. Malgré la tenue de la réunion à huis clos, le correspondant d'al-Arabiya à New York a affirmé que de Mistura a annoncé que le président syrien Bachar el-Assad a accepté l'idée d'une trêve de six mois à Alep.
Sur un autre plan, les États-Unis et la Turquie sont tombés d'accord pour former et équiper des opposants syriens modérés en Turquie, et le règlement final devrait être scellé très prochainement entre Washington et Ankara, a annoncé hier la porte-parole du département d'État Jennifer Psaki. Elle n'a pas donné de détails supplémentaires sur un processus de formation qui doit commencer normalement en mars.
Cette annonce d'un accord américano-turc met fin à des mois de discussions difficiles entre les deux alliés sur l'entraînement de rebelles syriens modérés censés se battre ensuite contre les jihadistes du groupe État islamique. Le Pentagone avait annoncé mi-janvier l'envoi prochain de plusieurs centaines de militaires américains pour entraîner des membres de l'opposition syrienne modérée qui seront ensuite chargés de combattre les ultraradicaux du groupe EI.
Outre la Turquie, l'Arabie saoudite et le Qatar ont donné leur accord pour accueillir des sites d'entraînement et fournir eux aussi des formateurs. Plusieurs mois de négociations ont été nécessaires pour parvenir à un accord entre les différents pays concernés.
L'administration américaine espère que l'entraînement des premiers Syriens pourra commencer « à la fin mars », de manière à ce que les premiers formés puissent être opérationnels « à la fin de l'année », selon le Pentagone.
L'objectif des États-Unis et de leurs partenaires est de former plus de 5 000 Syriens la première année.
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commentaires (5)
Mais d'où est-ce qu'ils nous l'ont sorti ce De Mistura ?
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
12 h 27, le 19 février 2015