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Économie - Politique économique

Face au coup de force de la BCE, Athènes maintient sa ligne

La tournée européenne du ministre grec des Finances Yanis Varoufakis s'est conclue jeudi à Berlin sur l'affichage de « désaccords » avec son homologue allemand. Entre-temps, les valeurs bancaires chutaient à la Bourse d'Athènes au lendemain de la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de priver le secteur financier grec de ses financements.

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble et son homologue grec Yanis Varoufakis ne se sont « même pas mis d’accord sur (leur) désaccord », selon ce dernier. Odd Andersen/AFP

Le gouvernement grec et ses créanciers européens ne semblent pas près d'accorder leurs violons. Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, a expliqué jeudi, lors de leur conférence de presse commune à Berlin, avoir déclaré à Yanis Varoufakis que les promesses qui ont mené son camp au pouvoir n'étaient pas réalistes, ajoutant qu'ils s'étaient « mis d'accord sur leur désaccord ». Ce a quoi Yanis Varoufakis a rétorqué : « Nous ne nous sommes même pas mis d'accord sur notre désaccord. » M. Varoufakis et son Premier ministre Alexis Tsipras étaient auparavant passés par plusieurs capitales européennes pour convaincre leurs homologues de renégocier la dette de 300 milliards d'euros et de laisser Athènes en finir avec la rigueur qui asphyxie son économie.
Ardent défenseur de l'orthodoxie budgétaire, M. Schäuble n'a pas non plus fait mystère de son « scepticisme » à l'égard des mesures déjà annoncées par Athènes comme l'arrêt des privatisations ou la rembauche de fonctionnaires, et souhaité que le nouveau gouvernement coopère avec la troïka (FMI, BCE et Commission européenne). Athènes, très remonté contre cette instance, ne veut plus y avoir affaire, Alexis Tsipras ayant de plus réaffirmé sa volonté de « mettre un point final » aux politiques d'austérité définies par l'UE. « La Grèce n'acceptera plus de recevoir des ordres, notamment des ordres envoyés par courrier électronique », a-t-il dit dans un discours devant son groupe parlementaire.

Athènes « ne cédera à aucun chantage »
La tâche de M. Varoufakis face à son collègue germanique était d'autant plus difficile que la BCE lui a tiré le tapis sous les pieds mercredi soir. Sa décision de ne plus accepter les obligations d'État grecques en garantie de ses financements revenant à faire peser sur la seule Banque centrale grecque la responsabilité du financement du secteur. Celle-ci a toutefois obtenu le feu vert de la BCE pour des financements d'urgence qui pourraient atteindre jusqu'à 60 milliards d'euros, dans le cadre d'un mécanisme existant appelé ELA, a-t-on précisé de sources proches du dossier.
Un responsable gouvernemental grec, qui a requis l'anonymat, a utilisé le terme de « chantage » pour évoquer la décision de la BCE. « La Grèce n'a l'intention d'exercer aucun chantage sur qui que ce soit et elle ne cédera à aucun chantage », a-t-il dit. « La décision de la BCE (...) est un acte de pression politique visant à ce qu'un accord soit conclu rapidement. » À Bruxelles, le vice-président de la Commission Valdis Dombrovskis a estimé que le plan d'aide devait être prolongé pour donner du temps aux négociations. « Du point de vue de la Commission européenne, l'issue la plus réaliste consiste à (...) prolonger la durée du programme de quelques mois ou d'un semestre », a-t-il dit à l'agence Reuters. Si elles étaient privées de tout financement, y compris l'aide d'urgence de la Banque centrale nationale, les banques grecques pourraient rapidement se trouver asphyxiées, ce qui risquerait de provoquer l'effondrement du système financier du pays.
M. Varoufakis a assuré à Berlin que son gouvernement faisait « tout ce qui était en (son) pouvoir pour éviter le défaut de paiement » du pays, mais la Bourse d'Athènes cédait 3,37 % à quelques minutes de la clôture et l'indice local des valeurs bancaires chutait de 10 %, après avoir perdu jusqu'à 22,6 % en tout début de séance. Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts grecs à trois ans a pris jusqu'à plus de trois points, à près de 20 %.

Le gouvernement grec et ses créanciers européens ne semblent pas près d'accorder leurs violons. Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, a expliqué jeudi, lors de leur conférence de presse commune à Berlin, avoir déclaré à Yanis Varoufakis que les promesses qui ont mené son camp au pouvoir n'étaient pas réalistes, ajoutant qu'ils s'étaient « mis d'accord...

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