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À La Une - Polémique

Ironisant sur l'accent chinois, la présidente argentine déclenche des rires jaunes à Pékin

En Argentine, Mme Kirchner est accusée par ses opposants de gonfler artificiellement le public de certains de ses meetings.

La président argentine Cristina Kirchner serrant la main au numéro un chinois Xi Jinping, le 4 février 2015. REUTERS/Rolex Dela Pena/Pool

La visite d'Etat en Chine de Cristina Kirchner a été entachée d'un couac très embarrassant, après que la présidente argentine s'est, dans un tweet fort peu diplomatique, moquée de la façon dont les Chinois prononcent l'espagnol.

Mercredi, jour-même où elle était reçue en grande pompe à Pékin par le numéro un chinois Xi Jinping, Mme Kirchner a diffusé un message très surprenant sur son compte Twitter officiel. "Sont-ils tous de la Campola ? Sont-ils venus pour le liz et le pétlole? ", a écrit en espagnol la dirigeante, en transformant les "r" de son texte en "l", donnant à ces mots une consonance censée évoquer un accent asiatique. Dans ce tweet se voulant ironique, la présidente, âgée de 61 ans, se félicitait de la nombreuse assistance ayant participé à un forum commercial sino-argentin, qu'elle a clôturé dans la capitale chinoise.

 

"Sont-ils tous de la Campola ? Sont-ils venus pour le liz et le pétlole? "

 

En Argentine, Mme Kirchner est en effet accusée par ses opposants de gonfler artificiellement le public de certains de ses meetings avec des membres de la Campora, un mouvement de jeunesse dirigé par son fils Maximo. Ces militants accepteraient de se mobiliser, pour faire la claque, contre un simple sandwich et un coca-cola. D'où l'interrogation narquoise sur le "riz" et le "pétrole", un tweet que Mme Kirchner a donné l'impression de regretter très vite, tandis que la sphère Internet s'emballait.

"Désolée", s'est-elle excusée dans un nouveau tweet, en se défendant ainsi : "Seul l'humour permet d'encaisser le ridicule et l'absurde, quand ils atteignent un tel niveau". "Il s'agissait d'une marque de sympathie", "une expression d'affection et de reconnaissance de notre lien avec la première puissance économique mondiale", a renchéri jeudi matin depuis Buenos Aires le chef du gouvernement argentin, Jorge Capitanich.

Certains tentent de "minimiser l'impact et l'importance stratégique des accords avec la Chine avec une interprétation tendancieuse des tweets" présidentiels, a-t-il ajouté au cours d'une conférence de presse.
Mais cela n'a pas suffi à calmer les réseaux sociaux, enflammés par le "faux pas" de la présidente argentine.

 

(Lire aussi : L'Argentine joue sa dernière carte)

 

"Blague raciste"

"Racisme", "manque de tact", "humour éculé", "gaffe", "blague honteuse", "irrespect"... rien n'a été épargné à Mme Kirchner. Et ce n'est pas l'avalanche de tweets qu'elle a publiés dans la foulée, insistant sur "l'accueil chaleureux" qu'elle recevait en Chine, qui a permis de renverser la vapeur.

Après que la polémique eut pris de l'ampleur, surtout en Occident et particulièrement en Argentine, les internautes chinois sont à leur tour entrés dans la danse. Et ce, même si Twitter est censuré en Chine. "Remarquable, cette façon de venir en Chine quémander des investissements, tout en ridiculisant la population chinoise", a jugé l'un d'entre eux. "Et si vous disiez seulement deux phrases en chinois, qu'on puisse entendre votre prononciation ?", a suggéré un autre, s'adressant à la présidente argentine.

Cette polémique tombe d'autant plus mal pour Mme Kirchner qu'elle apparaît fragilisée par l'affaire Alberto Nisman, procureur mort quelques jours après l'avoir publiquement accusée d'entrave à l'enquête sur un attentat meurtrier ayant visé une mutuelle juive en 2004 à Buenos Aires.

Désormais marquée par la controverse, la visite de Cristina Kirchner en Chine se veut centrée sur le commerce et l'investissement. Elle a été reçue jeudi par le Premier ministre chinois, Li Keqiang.
La Chine est le troisième partenaire commercial de l'Argentine, derrière le Mercosur et l'Union européenne, et l'une de ses principales destinations pour ses exportations de denrées alimentaires.

Jeudi la presse officielle chinoise n'a pas rapporté la gaffe de Mme Kirchner, et un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a refusé de la commenter. L'an dernier, ce même ministère s'était offusqué d'une série télévisée espagnole qui avait mis en scène un commerçant chinois caricatural. Ce programme satirique "insulte" les Chinois, avait jugé Pékin, en exigeant que la chaîne privée Telecinco "rectifie ses erreurs".

 

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