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Économie - Dette

Grèce : l’UE se veut toujours ferme contre la politique du gouvernement

La visite officielle du président du Parlement européen en Grèce – la première d'un dignitaire de la troïka depuis la victoire de Syriza aux élections législatives – a donné le départ, jeudi, à un duel à fleurets à peine mouchetés entre le nouveau gouvernement et ses créanciers. De leur côté, les banques grecques regagnaient en grande partie en Bourse ce qu'elles avaient perdu la veille.

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras (à droite) a reçu Martin Schultz, qui a jugé leur discussion « constructive » mais « fatigante ». Aris Messinis/AFP

L'Union européenne (UE) a durci le ton jeudi à l'égard de la Grèce au lendemain de l'annonce par le gouvernement grec d'Alexis Tsipras d'un catalogue de mesures antiaustérité. « Nous respectons le suffrage universel en Grèce, mais il n'est pas question de supprimer la dette », a ainsi tonné le président de la Commission Jean-Claude Juncker au quotidien français Le Figaro, indiquant toutefois que « des arrangements étaient possibles ». Le pays supporte une dette publique de 315 milliards d'euros, soit l'équivalent d'environ 170 % de son produit intérieur brut, et c'est notamment en faisant campagne sur une renégociation de cette dette que Syriza a remporté les élections législatives dimanche. L'alternance politique en Grèce et les changements décidés par le nouveau gouvernement d'Alexis Tsipras « ne doivent pas se faire au détriment » des autres Européens, a déclaré de son côté le ministre allemand de l'Économie, Sigmar Gabriel.
Le premier round de ce match annoncé entre la Grèce et ses créanciers européens a pourtant été courtois, Alexis Tsipras assurant au président du Parlement européen Martin Schulz, en visite hier à Athènes, qu'il souhaitait trouver « des solutions communes » avec l'UE. De son côté, M. Schulz s'est montré un peu rassuré : « Il y avait une crainte qu'Alexis Tsipras suive sa propre voie, mais cela n'est pas vrai, il est en faveur d'une discussion. » Il a qualifié la rencontre de « sincère », « constructive », mais aussi, en termes diplomatiquement choisis, de « fatigante ». D'autant que ce premier émissaire « va laisser la place à des négociateurs sans doute moins débonnaires que lui ». « J'espère que demain (vendredi) avec le patron de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem », le président de l'Eurogroupe, qui se rend à Athènes pour discuter avec M. Tsipras, « il y aura des pas concrets », a conclu Martin Schulz.

 

« Le mémorandum, c'est terminé »
Les Européens n'ont pas été les seuls à manifester leur inquiétude. La Chine s'est dit « vivement préoccupée » d'une des mesures phare annoncées mercredi : le gouvernement Tsipras a l'intention de suspendre le processus de privatisation du port du Pirée, où le géant chinois du fret maritime Cosco est déjà présent. « Nous comptons exhorter le gouvernement grec à protéger les droits et intérêts légaux des sociétés chinoises en Grèce, dont Cosco », a ainsi déclaré Shen Danyang, porte-parole du ministère chinois du Commerce.


Cette annonce sur l'arrêt des privatisations d'infrastructures fait partie d'un inventaire d'annonces de réformes, allant de l'augmentation des petites retraites à celle du salaire minimum, en passant par le retrait des barrières limitant l'accès du public devant le Parlement. Directement tirées du programme sur lequel Syriza a été élu, elles marquent pour la plupart une sérieuse inflexion vis-à-vis de l'austérité budgétaire préconisée par la troïka (UE, BCE, FMI) qui supervise le pays depuis quatre ans, en échange de prêts massifs. Tout en assurant qu'ils voulaient instaurer « une nouvelle relation de confiance et de sincérité » avec leurs partenaires, Alexis Tsipras et son ministre des Finances Yanis Varoufakis ont multiplié les déclarations montrant qu'ils n'avaient plus la moindre intention de se plier aux desiderata de la troïka. « Le mémorandum (les plans d'aide en échange de réformes difficiles, NDLR), pour nous, c'est terminé », a lancé le vice-Premier ministre Yannis Dragasakis. Il s'était par ailleurs voulu rassurant mercredi, évoquant l'objectif de « renforcer les banques, d'améliorer leur position et plus généralement de développer notre économie ».
Un message en partie entendu le lendemain, la crainte d'un krach des banques s'étant éloignée : la Bourse d'Athènes a fini en hausse de 3,2 % et l'indice des banques en hausse de 13 %. Plombées par l'accélération des retraits bancaires en janvier ou les mises en garde de contempteurs de la politique de M. Tsipras – un membre de la Bundesbank allant jusqu'à évoquer un risque « fatal » pour elles si les préconisations de l'UE n'étaient pas appliquées –, les banques grecques avaient perdu, mercredi, plus du quart de leur valeur boursière. Le taux de l'obligation grecque à 10 ans était quant à lui à plus de 11 % jeudi après-midi, un signe de défiance des marchés.

(Source : AFP)

L'Union européenne (UE) a durci le ton jeudi à l'égard de la Grèce au lendemain de l'annonce par le gouvernement grec d'Alexis Tsipras d'un catalogue de mesures antiaustérité. « Nous respectons le suffrage universel en Grèce, mais il n'est pas question de supprimer la dette », a ainsi tonné le président de la Commission Jean-Claude Juncker au quotidien français Le Figaro, indiquant...

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