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Culture - Livre

L’horreur d’hier, image d’Épinal aujourd’hui

Par ces temps où l'horreur est réelle et planétaire, retour aux beaux jours où l'on jouait à se faire peur.

« Paganini », emmêlé dans les cordes de son violon.

Un message convoyé par la réédition d'un ouvrage intitulé American Grotesque consacré au photographe William Mortensen qui avait fait date dans les années 50 et, qu'à l'époque, on a voulu faire tomber dans l'oubli. Deux historiens de l'art, Larry Lytle et Michael Moynihan, viennent de réparer cet outrage et braquent les feux sur son art, précurseur des actuelles manipulations high-tech des images. Alors qu'il avait été surnommé l'Antéchrist par ses collègues, adversaires de l'époque, qui faisaient partie de l'école de la Straight Photography.
Mortensen (1897-1965) s'est d'abord spécialisé dans les portraits des stars d'Hollywood : Rudolph Valentino, Fay Wray, Peter Lore, Jean Harlow et les autres. Par la suite, il a développé un ensemble d'effets techniques, inédits à l'époque, afin de réaliser des images étranges et à forte connotation fantastique et érotique. Ce qui allait à l'encontre de la tendance puriste qu'il dédaignait. Pour lui, l'image devrait être bâtie selon certains schémas qui déclencheraient dans le cerveau la réaction de peurs primitives par le biais des sujets attisant trois émotions humaines de base : la sexualité, les sentiments et l'étonnement. D'où sa savante manipulation des photos afin de visualiser l'effroi et l'horreur inhérents à l'inconscient collectif, ce concept de Carl Jung qui allait de pair avec son concept de
la photographie.

« La première superstar de la photographie »
Pour cela, il choisit le style grotesque cultivé en Europe et peu connu en Amérique, dans lequel il trouvait une « évasion de la réalité crispante ». Il s'est ainsi fait le maître de l'étrangeté, de la monstruosité, du bizarre et de l'occulte, jouant de sa caméra et de sa touche personnelle portée vers l'interprétation extrême. L'ouvrage qui lui est consacré à présent comporte plus de cent photos de cette veine, dont Amour (un gigantesque gorille penché sur une femme étendue, à moitié dénudée), Envol du nain Sabbot (planant sur son balai au-dessus d'une ville fantôme), Relations humaines (un visage déformé et un doigt dans l'œil), Paganini (regard terrorisé et empêtré dans les cordes de son violon). Malgré son inspiration atypique, ses images ont été largement diffusées en Amérique et à l'étranger entre 1930 et 1950. La Royal Photographic Society de Londres en a acquis un bon lot et plusieurs revues, dont Vanity Fair, l'ont publié. À son actif également la rédaction d'une série de guides, devenus des best-sellers, dont l'incontournable manuel intitulé The Command to Look. Il signait également une colonne hebdomadaire sur la photographie dans le Los Angeles Times. De plus, il a dirigé une école de photographie portant son nom, fréquentée par quelque 3 000 étudiants.
L'historien Larry Lytle a entrepris des recherches exhaustives sur cet artiste bien en avance sur son temps et précurseur de Photoshop et des mille malices de la souris électronique. Il le décrit comme « la première superstar de la photographie », car il avait prédit la nature de la pensée et le rôle de la caméra au XXIe siècle.

Un message convoyé par la réédition d'un ouvrage intitulé American Grotesque consacré au photographe William Mortensen qui avait fait date dans les années 50 et, qu'à l'époque, on a voulu faire tomber dans l'oubli. Deux historiens de l'art, Larry Lytle et Michael Moynihan, viennent de réparer cet outrage et braquent les feux sur son art, précurseur des actuelles manipulations...

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