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Scan TV - Pas très cathodique

Iconoclasme au temps de la mondialisation

L'exécution sommaire qui a frappé les porte-étendards de la rédaction de Charlie Hebdo par un gang de terroristes avides de créer un fossé culturel entre l'islam et l'Occident a créé une commotion telle qu'elle a donné lieu à ce qui est probablement déjà l'image de l'année : un océan de vie au cœur de Paris au nom d'une double revendication : le rejet de la violence et la défense des valeurs de la République, à commencer par la liberté d'expression.
Les terroristes n'ont pas pris pour cible un édifice religieux ou un lieu ayant une quelconque symbolique véritablement politique. Ils s'en sont pris à un organe de presse. Ce sont des images qu'ils ont voulu détruire, si bien que le monde s'est retrouvé, en l'espace de quelques secondes, pris dans un déluge de violence né d'une sorte de nouvelles guerres d'images.
Pour les Savonarole de ce monde – de diverses croyances, puisqu'au Liban, par exemple, beaucoup de chrétiens aussi ont semblé justifier, de différentes manières et sur différents tons, voire même cautionner, l'attaque contre des dessins « blasphémateurs » relatifs à la religion chrétienne –, les caricatures de Charlie Hebdo méritaient le bûcher des vanités et devaient être abattues, comme des icônes. Pour les Robespierre de l'univers, Charlie Hebdo était animé d'une mission sacrée, la liberté de critiquer, jusqu'au pamphlet, dans le respect d'une vieille tradition républicaine qui avait déjà mené Hébert et les siens à la guillotine... une tradition, du reste, iconoclaste.
C'est dire à quel point l'image continue d'occuper, depuis la nuit des temps, et tout particulièrement depuis les débuts de l'iconoclasme byzantin, c'est-à-dire depuis 730, une place centrale dans l'imaginaire des peuples.
Recherchée par les fanatiques, dans un milieu occidental de plus en plus étanche face à la poussée de l'extrême-droite, la montée aux extrêmes a donc été pour l'instant contenue, au plan symbolique, par l'événement populaire républicain. L'image du raz-de-marée pacifique de la place de la République a apporté un peu de baume à la blessure traumatique de scènes que l'on croirait issues de films noirs d'Anthony Mann, Jules Dassin ou Robert Siodmak.
Mais un événement symbolique, quelle que soit son ampleur, sa grandeur, sa magnificence, sa force, ne reste qu'un symbole. Ce n'est là qu'une digue, et elle est bien fragile. Il n'est pas sûr, du reste, qu'une classe politique mal aimée et contestée puisse trouver des solutions rapides et suffisamment ciblées à un mal aussi endémique que celui auquel elle fait face. Le problème est certes politique, social et économique, mais il est aussi et surtout culturel.
Cette nouvelle « icône » constituée par le rassemblement populaire tricolore, sous le signe des valeurs de la République, qui a ressuscité l'espace d'un instant le triptyque Liberté-Égalité-Fraternité, est cependant porteuse d'espoir. Son caractère inclusif semble, à première vue, ne pas ignorer le narcissisme des petites différences, qui, mondialisation oblige, est l'un des moteurs fondamentaux du fanatisme et de la violence. La plupart des médias audiovisuels français, dans leur couverture de cet événement complexe, ont en effet su se montrer à la hauteur et éviter, dans ce sens, beaucoup de clichés. Si la République s'est montrée intransigeante sur la défense de ses valeurs fondamentales – et elle a eu raison –, elle a évité, au plan médiatique, d'uniformiser les comportements et de diaboliser gratuitement. Ce que les médias, aujourd'hui, en raison de la course au sensationnalisme, du trop-plein d'images et d'informations, de la dérive perverse vers la « virtualisation » de la réalité et de la « tyrannie de l'audience », font malheureusement de moins en moins, partout.
La véritable guerre culturelle contre le terrorisme au XXIe siècle sera médiatique ou ne sera pas.

L'exécution sommaire qui a frappé les porte-étendards de la rédaction de Charlie Hebdo par un gang de terroristes avides de créer un fossé culturel entre l'islam et l'Occident a créé une commotion telle qu'elle a donné lieu à ce qui est probablement déjà l'image de l'année : un océan de vie au cœur de Paris au nom d'une double revendication : le rejet de la violence et la...

commentaires (4)

J'ai défilé, crié, protesté, je combats le terrorisme mais je ne suis pas Charlie!

Beauchard Jacques

11 h 11, le 19 janvier 2015

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Commentaires (4)

  • J'ai défilé, crié, protesté, je combats le terrorisme mais je ne suis pas Charlie!

    Beauchard Jacques

    11 h 11, le 19 janvier 2015

  • en France il y a bien des jeunes (ki ne font ke rapporter ce ke leur parents affirme ou dit devant eux) qui ont soutenue les jihadiste arguent du fait k'on ne plaisante pas avec la religion ... MERCI MR pour cet article qui est plein de sens et si on l'a bien compris un avertissement !!

    Bery tus

    15 h 37, le 17 janvier 2015

  • En dehors des relations réelles qui existent entre le sectaire, cette "individualité" fanatique agissante, et sa croyance, la base "objective" ; il faut au mysticisme et à cet ébaubi mystique, comme à toute spéculation, une troisième unité mystique, pseudo-concrète, un sujet-objet qui est la croyance et le fanatique sectaire en une seule personne. Comme la spéculation n'aime pas les médiations naturelles avec leurs trop amples détails, elle ne comprend pas que le même "fragment d'état du monde", la croyannnce par exemple, qui est base "objective" pour l'un ; par exemple pour le sectaire ; soit "aventure épique" pour l'autre, par exemple pour "l'architecte" de cette croyance. Pour obtenir un tout véritablement uni, une unité "réelle", le mysticisme, qui reproche tant au romantisme l’énorme "dogme" de l'unité, remplace les rapports naturels et humains de l'état du monde et de l'aventure dans le "bas" monde par une simple et bête connexion fantastique, par un sujet-objet mystique ; tout comme il remplace les rapports réels de l'homme et de la nature par un sujet-objet absolu, l'esprit absolu, qui est à la fois toute la nature et toute l'humanité. Dans ce mysticisme, la "culpabilité" vraie universelle de l'époque, la culpabilité du mystère, devient le "mystère" de la culpabilité, de même que la "culpabilité" universelle du mystère devient, chez ce sectaire et épicier et fanatique coupable de dettes…. morales, le "mystère" funeste de ses néfastes dettes !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 26, le 17 janvier 2015

  • DIVAGATION MONSIEUR HAJJI GEORGIOU ! ON N'A VU PERSONNE... MAIS PERSONNE CAUTIONNER... CONTRAIREMENT À CE QUE VOUS DITES... LE CRIME. EST-CE AUSSI UNE LIBERTÉ D'EXPRESSION QUE DE DIRE DES BALIVERNES ??? OU DE S'ATTAQUER AUX CROYANCES D'AUTRUI ??? VOTRE LIBERTÉ, COMME CELLE DE TOUT LE MONDE, FINIT LÀ Où COMMENCE CELLE DES AUTRES... SINON C'EST DE LA PROVOC !!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 03, le 17 janvier 2015

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