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Moyen Orient et Monde - Analyse

Comment l’attentat contre Charlie Hebdo risque de profiter à l’EI...

L'assassinat de la rédaction du magazine satirique va servir la propagande des mouvances jihadistes et leur attirer de nouvelles recrues.

Image de combattants de l’État islamique prise à partir d’une vidéo de propagande, publiée le 17 mars 2014. HO/AL-Furqan Media/AFP

L'attaque sanglante contre Charlie Hebdo a confirmé les pires craintes de voir des jihadistes présumés frapper au coeur de l'Europe, notamment un pays occidental en guerre contre les groupes extrémistes au Moyen-Orient et au Sahel.


L'assassinat de la rédaction du magazine satirique, dont les caricatures avaient indigné le monde musulman, va servir la propagande des mouvances jihadistes et leur attirer de nouvelles recrues, préviennent des experts interrogés par l'AFP.
"Cette attaque a été commise pour provoquer une onde de choc sur la scène internationale", affirme Lina Khatib, directrice du centre Carnegie pour le Moyen-Orient. "Son exécution +spectaculaire+ visait à démontrer l'influence des mouvances jihadistes en Europe", ajoute-t-elle.

 

(Lire aussi : Suspects jihadistes en France : l'impossible surveillance universelle)


Toujours pas revendiqué, l'attentat qui a fait 12 morts confirme les craintes d'attaques en Occident depuis la montée en puissance du groupe Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak et le lancement de la coalition internationale pour le combattre. Les services de renseignements occidentaux ont ainsi mis en garde contre le retour en Europe des milliers de jihadistes ayant rejoint les rangs de l'EI. La France est particulièrement exposée car elle participe aux frappes en Irak tout en ayant déployé un dispositif militaire d'envergure dans cinq pays de la bande sahélo-saharienne où elle traque des groupes islamistes.


L'EI, tout comme el-Qaëda dans la péninsule arabique (Aqpa), ont d'ailleurs appelé à plusieurs reprises leurs partisans à s'en prendre à la France au cours des derniers mois.

Le porte-parole de l'EI, Abou Mohammad al-Adnani, les avait exhortés en septembre à attaquer les "infidèles" en France, un appel depuis relayé dans des vidéos du groupe ultra-radical. Le magazine d'Aqpa, "Inspire", a également incité ses partisans à mener des attentats en France et inscrit le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, Stéphane Charbonnier, surnommé Charb, sur sa liste de personnes à abattre.
L'hebdomadaire satirique était l'objet de menaces récurrentes de groupes islamistes depuis la publication de caricatures du prophète Mahomet. Mais "l'invocation de la vengeance du prophète est juste un prétexte pour attirer l'attention", selon la directrice de Carnegie.

 

(Jihadistes français en Syrie et en Irak : tous les chiffres)

 

L'EI pourrait en profiter
Le but est aussi de "faire parvenir un message aux Etats, notamment ceux qui font partie de la coalition internationale, en leur montrant qu'ils sont désormais vulnérables", explique Mme Khatib. Et, pour cela, "les attaquants ont choisi une zone centrale à Paris qui est très symbolique".


Sur les réseaux sociaux, des sympathisants d'el-Qaëda, et surtout de l'EI, se sont d'ailleurs réjouis de l'attaque en utilisant des hashtags (mots clés) en arabe comme "Paris brûle" ou encore "l'invasion de Paris".
Qualifiant les assaillants de "lions" ayant "vengé le prophète", ils ont également publié des photos de M. Charbonnier portant un numéro de Charlie Hebdo avec une caricature se moquant des radicaux musulmans. "C'est pour cela qu'il a été tué", commente l'un d'eux sur Twitter.


Que l'attaque soit motivée strictement par l'affaire des caricatures ou par une volonté de "punir" des pays en guerre contre les jihadistes, elle agira comme un catalyseur pour attirer de nouveaux sympathisants à la cause jihadiste, selon Max Abrahms, un expert en "terrorisme" basé aux Etats-Unis. "Cette attaque sera considérée comme un succès. Et lorsque des groupes terroristes donnent l'impression d'être gagnants, il est plus facile pour eux de recruter", explique-t-il.
L'EI en tirera bénéfice même si le groupe n'est pas directement responsable de l'attaque, souligne ce professeur en sciences politiques. Car "ce qui a vraiment permis à l'EI d'avoir une aussi large base, ce sont ses +succès+ en termes de conquête de territoire et de massacre d'un grand nombre de personnes".
Un tel contexte risque donc de créer des émules. "L'EI et d'autres groupes considéreront certainement l'attaque comme une réussite qui doit se répéter", avertit M. Abrahms.

 

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