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Liban

Les journalistes libanais contre la culture de la violence

En réagissant négativement en général à l'attaque meurtrière contre l'équipe de Charlie Hebdo, les journalistes libanais renvoient les images de leur propre lutte contre la violence.
« Nous sommes contre toute opération terroriste dans l'absolu, quels qu'en soient les auteurs et les motivations », affirme Talal Salmane, rédacteur en chef du quotidien as-Safir. « Au caricaturiste acerbe, le seul moyen de rétorquer, c'est par une position politique », affirme-t-il. « Même si nous ne sommes peut-être pas d'accord avec l'objet des publications de Charlie Hebdo, nous nous considérons, en tant qu'Arabes et en tant que musulmans, comme les premières victimes de l'acte criminel dirigé contre le média français », ajoute-t-il. Il revient ainsi sur la montée du fondamentalisme dans la région, « dont les premières victimes sont les musulmans, comme le prouvent les exemples de la Syrie, de l'Irak et de la Libye ».
C'est sur le terrain de la lutte contre le fondamentalisme que se place également Karma Khayat, vice-présidente du conseil d'administration de la New TV. « Nous sommes entièrement solidaires du corps médiatique français et de la France, livrée aujourd'hui au même terrorisme qui nous menace au quotidien, en tant que citoyens et en tant que médias », déclare-t-elle.
Pour le journaliste Charles Jabbour, rédacteur en chef du quotidien al-Joumhouriya, « cette agression vile contre le corps médiatique dans un pays libre n'est pas seulement une atteinte aux libertés publiques et individuelles. Il s'agit d'une atteinte à l'humanité, qui devrait inciter à une solidarité médiatique mondiale dans la lutte contre le terrorisme ».
Le travail des médias devrait ainsi transcender les alliances politiques des États contre le phénomène fondamentaliste et viser surtout à entretenir « la culture de la non-violence face à la culture du meurtre », précise-t-il. Il conclut en s'inspirant de l'expérience libanaise : « La peur de voir régner la violence reste infondée. »
C'est à un examen franc de la portée de l'attentat contre Charlie Hebdo que se livre Hanine Ghaddar, rédactrice en chef du site d'informations Now Lebanon. « Cette tragédie est un immense coup porté au journalisme et à chaque journaliste libre, qui nous mène à poser une question fondamentale : comment résister à ce terrorisme ? » affirme-t-elle. Si elle définit le terrorisme comme « l'usage de la violence, quels qu'en soient la forme ou le degré, y compris les menaces, contre la liberté de penser, de croyance et d'expression », elle précise que les raisons des manifestations terroristes restent à cerner, aussi bien au Moyen-Orient qu'en Occident. Et cette réflexion devrait être guidée par deux directives. « D'abord, toute approche qui tend à mettre en vis-à-vis l'Occident et l'islam est à écarter. Ensuite, seule une approche non sélective des différentes formes de terrorisme est à retenir, puisqu'il existe des terrorismes qui en entraînent d'autres », explique-t-elle.
C'est sur ce dernier point que rebondit Nadim Koteich, journaliste de la chaîne Future TV. « La méthode des assassinats au nom de la religion a été induite par la fatwa émise par l'imam Khomeyni pour tuer Salman Rushdie (romancier britannique, NDLR) », rappelle-t-il. Il dénonce ainsi « deux doctrines de terrorisme, sunnite et chiite, les deux étant des corps à éliminer de la religion islamique ». Estimant que « la religion musulmane fournit, d'une manière ou d'une autre, un justificatif aux actes terroristes », il appelle à « une révision doctrinale audacieuse des textes et fatwas de l'islam par les plus hautes autorités religieuses. Le simple fait de dénoncer n'est pas suffisant. Il faut éliminer les sources de cet islam au nom duquel des musulmans mènent leurs actes terroristes ».
Michael Young, éditorialiste du Daily Star, juge trop tôt de tirer des conclusions sur l'expansion de la violence fondamentaliste. La seule certitude qu'il défend est la suivante : « Le rôle du journaliste est de rapporter les faits, celui d'un journaliste satirique est de se moquer. Les journalistes de Charlie Hebdo ont fait leur métier. Chaque journaliste doit continuer à remplir son rôle, en espérant ne pas être tué et en refusant de se faire intimider »...

En réagissant négativement en général à l'attaque meurtrière contre l'équipe de Charlie Hebdo, les journalistes libanais renvoient les images de leur propre lutte contre la violence.« Nous sommes contre toute opération terroriste dans l'absolu, quels qu'en soient les auteurs et les motivations », affirme Talal Salmane, rédacteur en chef du quotidien as-Safir. « Au caricaturiste...

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