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Le Liban en 2014

Si ce n’est que ça…

Rude bilan pour l'année qui s'achève. Ou pas tant que ça si l'on se base sur les trois dernières années écoulées. Les années passent et se ressemblent visiblement. Là où le bât blesse, c'est qu'à chaque fois qu'on s'est dit : « De toute manière, on ne peut pas tomber plus bas », la médiocrité a atteint de nouveaux sommets. La croissance du PIB varie entre 1,5 % (selon le FMI) et 3 % (selon l'ACS) tandis que le ministre de l'Économie et du Commerce Alain Hakim insiste sur la nécessité d'une croissance à 7 % pour relancer l'économie libanaise.

Les grands dossiers économiques piétinent encore et toujours. La crise des journaliers n'aidant pas – une crise qui au demeurant s'est finie en queue de poisson – a évidemment sonné le glas d'une quelconque réforme du secteur, sans compter une absence criminelle de volonté politique de fournir un courant continu aux citoyens. Alors, histoire de garder ces derniers sur le qui-vive, c'est un été ponctué de citernes d'eau douteuse qui a sévi au Liban. Dans un pays méditerranéen, le fait se passe de commentaires.

Bien sûr, le vide présidentiel, la guerre en Syrie, les frontières violées par toutes sortes d'excités de la barbe et d'Allah, les relations américano-iraniennes, la position de la Russie, celle des monarchies du Golfe, le temps qu'il fait dans les États fédérés de Micronésie, les faibles rendements des boutures de vanille au Madagascar sont parmi les excuses brandies pour justifier l'inertie et l'inaptitude des responsables. Entre-temps, 2014 a brillé, pour la huitième année consécutive, par son absence de budget. C'est qu'ils ont au moins le mérite d'être consistants, nos élus... Et tant pis pour les réformes fiscales, la loi sur le partenariat privé-public et les décrets ministériels autour du dossier gazier encore et toujours en suspens. Rappelons-le tout de même, le salaire mensuel de chaque membre de la Commission pétrolière est de 17 000 dollars. Dans un pays où le salaire minimum s'élève à 450 dollars, parler d'indécence est un pléonasme.

Par ailleurs, les touristes ne sont toujours pas au rendez-vous. Tous les secteurs productifs souffrent d'un manque à gagner qui oblige même les plus téméraires à faire des coupes dans leurs budgets. En cette fin d'année, l'ambiance est à la morosité générale : ménages et entreprises font de leur mieux ou du moins semblant. C'est qu'il faut tout de même reconnaître ça aux Libanais : leur capacité à maîtriser l'art des apparences. Les exportations ont chuté de 35 %, Moody's a encore dégradé la note souveraine du Liban, les conséquences socio-économiques des réfugiés syriens sont humainement impossibles à gérer, les infrastructures sont plus délétères que jamais, la dette publique brute a atteint 67 milliards de dollars, soit 169 % du PIB, bref une batterie d'indicateurs honteux qui ont failli nous faire oublier que la grille des salaires n'a, elle aussi, toujours pas été adoptée.

Alors, évidemment, on se targue d'avoir un secteur bancaire qui résiste envers et contre tous, une Banque centrale qui injecte des fonds histoire de permettre aux PME de ne pas (toutes) couler, une nightlife qui s'exporte chez nos amis du Golfe, etc. Entre-temps, on s'accroche comme on peut aux success stories de ces Libanais émigrés qui essaient de redorer le blason d'une nation fantôme. Heureusement que les 128 ont autoprorogé leur mandat. Pas de panique, ils ont l'air de savoir ce qu'ils font. Entre-temps, il faut (juste) prendre son mal en patience.

Rude bilan pour l'année qui s'achève. Ou pas tant que ça si l'on se base sur les trois dernières années écoulées. Les années passent et se ressemblent visiblement. Là où le bât blesse, c'est qu'à chaque fois qu'on s'est dit : « De toute manière, on ne peut pas tomber plus bas », la médiocrité a atteint de nouveaux sommets. La croissance du PIB varie entre 1,5 % (selon le FMI) et...

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