Le dialogue Hezbollah-Futur, « un apaisement, sans perspective pour la présidentielle »

Après la séance préliminaire du dialogue Hezbollah-Futur, le conseiller de l'ancien Premier ministre Saad Hariri, Nader Hariri, a transmis au patriarche maronite la teneur des premiers échanges, avant de se rendre à Maarab et à Bickfaya à cette même fin. Il aurait en effet été chargé, par le courant du Futur, de mettre au courant les parties chrétiennes de l'avancement du dialogue avec le parti chiite.
Si ce dialogue a alimenté une vague d'optimisme pour la stabilité du pays, les espoirs d'un début de déblocage de la présidentielle ont tari après la dernière déclaration du conseiller du secrétaire général du Hezbollah, Hussein Khalil. Ce dernier avait récemment réaffirmé, dans une interview, que le parti chiite continue de soutenir la candidature du chef du Courant patriotique libre à la présidentielle. Il avait en outre occulté la question sur la position du parti chiite par rapport à un candidat de consensus.

En somme, les observateurs s'entendent à dire que la volonté régionale de combler la vacance présidentielle n'a pas encore mûri. C'est ce qui expliquerait en tout cas les réserves émises par certains acteurs du 14 Mars, sur un dialogue qui leur paraît servir plutôt les intérêts du 8 Mars. La remarque émise par l'ancien député Samir Frangié au quotidien al-Moustaqbal résume l'esprit de ces réserves. « Le premier souvenir qui me revient lorsque l'on évoque le dialogue, c'est le souvenir du martyr Mohammad Chatah (proche conseiller de Saad Hariri, assassiné en décembre 2013, NDLR). Nous avons perdu un homme exceptionnel. Nous avons plus que jamais besoin aujourd'hui de son esprit d'ouverture », a-t-il déclaré.

Pour sa part, le coordinateur du 14 Mars, l'ancien député Farès Souhaid, a situé le dialogue dans le cadre des efforts d'ouverture du Hezbollah, nécessaires pour sa survie sur la scène intérieure depuis 2005. « Dix ans après l'intifada de l'indépendance, le Hezbollah a réussi à briser son isolement, d'abord par une entente avec Michel Aoun, puis avec Walid Joumblatt. C'est avec Saad Hariri qu'il tente aujourd'hui ce rapprochement », a-t-il souligné.
Alors que le député du Futur, Samir Jisr, est resté dans les généralités, affirmant que « la première séance de dialogue a porté sur tous les sujets d'une manière franche et réaliste », le coordinateur du 14 Mars, le ministre-député du Futur, Nabil de Freige, a clairement signalé à l'adresse de « la partie qui détient les armes » que la présidentielle est indissociable de la stabilité. « L'élection d'un nouveau président de la République est l'indicateur de la stabilité », a-t-il affirmé.

Pour l'instant, le dialogue Hezbollah-Futur aura permis d'ores et déjà d'apaiser les tensions, comme devait le faire remarquer le député du bloc parlementaire du Futur, Hadi Hobeiche. « La seule voie à d'éventuelles solutions demeure le dialogue », a-t-il déclaré devant des notables du Nord venus lui transmettre leurs vœux. Même s'il a souhaité aboutir à des solutions, il a affirmé que « le scénario de la présidentielle ne s'est toujours pas précisé, ni au niveau régional ni au niveau intérieur, de manière à assurer l'entente sur le nom d'un candidat consensuel ».
Dans ce sens, le député du même bloc, Mohammad Hajjar, en visite chez l'archimandrite Antoine Dib, à l'occasion des fêtes, a déclaré que « le dialogue dissipe les tensions et pave la voie à un président consensuel ».

Le même optimisme s'est dégagé de la déclaration des députés de Zahlé, qui ont appelé, à l'issue de leur réunion hier, à « un dialogue politique interlibanais, qui soit dans l'intérêt du pays ».
Cet optimisme continue en tout cas de s'exacerber chez le 8 Mars. Le vice-président du conseil exécutif du Hezbollah, cheikh Nabil Kaouk, a repris hier la rhétorique de son parti sur le dialogue. « Notre dialogue avec le courant du Futur immunise le Liban face aux menaces jihadistes, en consolidant l'unité nationale », a-t-il souligné, lors d'une cérémonie dans le village de Taybé.

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