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Liban - crise

Animées d’un nouvel espoir, les familles des otages rouvrent la voie menant à Riad el-Solh

Les parents des militaires otages en compagnie du patriarche Raï à Bkerké. Photo Émile Eid

Dans une initiative présentée comme étant « un cadeau aux Libanais à l'occasion des fêtes », les familles des militaires otages ont rouvert hier soir la route menant à la place Riad el-Solh. À l'issue d'une longue réunion avec le Premier ministre Tammam Salam, qui s'est tenue en marge du Conseil des ministres, les parents des militaires ont décidé de faire preuve de bonne foi en débloquant la voie principale autour de la place Riad el-Solh qu'ils bloquent depuis le début de leur sit-in. Les familles, qui auraient vraisemblablement reçu des assurances de la part de M. Salam au sujet du dossier, ont refusé de divulguer quelque détail que ce soit aux médias, assurant qu'elles observeront désormais le mutisme.

Le ministre de la Santé, Waël Bou Faour, s'est rendu en soirée auprès des familles pour assurer que les parents sont désormais convaincus du sérieux avec lequel le gouvernement traite ce dossier, d'où leur initiative de libérer la voie publique. Les parents ont assuré de leur côté que la réouverture de l'axe routier ne signifie pas qu'ils lèveront leur sit-in, soulignant que les tentes qu'ils occupent depuis plusieurs mois resteront dressées sur les lieux.

Poursuivant sa tournée auprès des responsables politiques, une délégation des parents des militaires otages s'est rendue en cours de journée auprès du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, pour le mettre au courant des résultats des contacts politiques effectués à ce jour. La délégation a profité de l'occasion pour lancer au prélat maronite un appel le sollicitant à « intervenir auprès des autorités compétentes en vue de résoudre cette question humanitaire qui concerne la nation entière ».
Saluant les familles, le patriarche a réaffirmé sa solidarité avec leur cause. Il a fait part devant ses interlocuteurs d'une lettre reçue du Saint-Siège évoquant les otages dans le monde, notamment au Liban.
« Protéger les militaires, c'est protéger le Liban », a-t-il dit, invitant le gouvernement à faire preuve de « plus de sérieux et de responsabilité ».

 

(Repère : Qui sont les militaires libanais otages des jihadistes?)


Adressant un message aux otages, le patriarche a commencé par les remercier pour leurs « sacrifices consentis en tant que militaires et agents des Forces de sécurité intérieure ». Il a souligné la souffrance et l'amertume endurées au cours de leur détention « où ils sont privés des moindres fondements de la vie et des droits de l'homme les plus élémentaires ».
Le patriarche a adressé un deuxième message, aux politiques cette fois-ci, leur rappelant que le dossier qui traîne depuis 5 mois « ne supporte plus d'être reporté ». « Je demande au gouvernement de sauver ces militaires qui se sacrifient pour nous », a encore dit Mgr Raï.
« La protection des militaires encourage nos fils à s'enrôler dans l'armée », a-t-il ajouté, soulignant que « les otages doivent sentir que le gouvernement est sérieux et qu'il défend leur cause comme si elle était la sienne ». Évoquant le principe de l'échange envisagé entre les prisonniers islamistes et les otages, le prélat maronite a indiqué qu'il était en faveur de ce principe, « car la vie des militaires n'a pas de prix ».

Et Mgr Raï d'adresser un troisième message aux jihadistes du Front al-Nosra et du groupe État islamique cette fois-ci. « Je m'adresse à vous en tant que croyants (...) mais également sur la base de votre humanité qui est notre point commun. Personne n'a le droit de s'en prendre à des innocents car les otages sont des personnes innocentes », a-t-il dit.
« Vous êtes des êtres humains animés de sentiments. Les otages ont des familles. Je vous demande de protéger ces jeunes qui ne faisaient que remplir leur devoir national. Je vous demande également de mettre de côté les questions politiques et de respecter ces otages. Vous ne pouvez pas bafouer leur dignité ni les agresser physiquement », a ajouté Mgr Raï.
Et de poursuivre : « Vous n'avez pas autorité de disposer de la vie et n'avez été délégués ni par Dieu ni par les hommes pour ce faire. » Le patriarche a conclu en souhaitant aux familles du courage, leur rappelant que l'Église est solidaire de leur cause. Il a annoncé par ailleurs qu'il allait rencontrer aujourd'hui le Premier ministre, Tammam Salam, pour évoquer avec lui ce dossier.

Le prix à payer
La délégation des parents s'est également rendue auprès du secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, qui a déclaré d'emblée qu'il n'y a pas de négociations « sans un prix à payer ». Ce sont les parties qui suivent le dossier qui doivent ensuite décider « quelles seront la limite et les conditions du prix à payer », a-t-il précisé. « Le Hezbollah est favorable à des négociations directes ou indirectes », a encore déclaré le dignitaire chiite à l'issue de la rencontre, appelant le gouvernement « à assumer son entière responsabilité dans cette affaire ».
Naïm Kassem a préconisé la nécessité « d'unifier les efforts déployés en vue de la libération des otages », insistant sur l'importance de préserver la confidentialité de ce dossier. « L'affaire nécessite un suivi discret et non un étalage médiatique », a-t-il commenté. S'adressant à tous ceux qui « offrent leur service » en faveur du règlement de cette affaire, il a souhaité qu'ils « se retirent du bazar politique et médiatique ». D'après lui, « les ravisseurs font du chantage pour extirper le maximum ».
Le numéro deux du parti chiite a enfin promis que le Hezbollah déploiera « tous les efforts possibles au sein du Conseil des ministres pour libérer les otages le plus tôt possible ».

 

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