Noël dans l’adversité

Plus que quelques jours avant la fin de l'année 2014. Les Libanais fêteront Noël, envers et contre tous, comme ils l'ont toujours fait dans l'adversité, durant les pires moments de leur histoire. Une fois de plus, c'est dans une atmosphère de violence qu'ils célèbrent la Nativité, dans un pays plus que jamais en crise, en proie aux sempiternelles querelles de pouvoir.
Comment ressentir la joie des fêtes alors que des familles entières craignent pour le sort de leurs proches, ces soldats otages de terroristes extrémistes privés d'humanité ? Comment célébrer, alors que des centaines de milliers de Syriens et d'Irakiens ayant trouvé refuge au Liban, dont une bonne partie de chrétiens, n'ont plus ni foyer ni larmes pour pleurer leur misère ? Comment parler d'abondance, alors que des centaines de milliers de Libanais sont eux aussi sévèrement touchés par le chômage et la crise économique ?
Exemplaire, la solidarité des Libanais a beau se déployer avec force imagination et générosité, elle n'est qu'une goutte d'eau dans cet océan de besoins et de malheurs. Une goutte d'eau face à un État aux abonnés absents, face à une communauté internationale dépassée qui traîne la patte, face à un monde qui ne veut pas voir.
Elle pourrait être multipliée par dix, la solidarité des citoyens en cette période de fêtes, qu'elle resterait insuffisante, voire impuissante, toute juste destinée à mettre un peu de baume au cœur. À moins d'être accompagnée de solutions, d'actions concrètes, d'initiatives, qui mettraient fin, une bonne fois pour toutes, à ces violences, ces misères, ces malheurs, ou à défaut, qui les rendraient plus supportables.
Cela aurait pourtant été un si beau cadeau de Noël.