C'est de patrimoine que Walid Joumblatt a parlé dans son éditorial hebdomadaire dans al-Anba', organe de son parti, et plus précisément d'un immeuble Art déco, un des rares immeubles du genre à Beyrouth, voué à la démolition dans Gemmayzé.
« Avec la destruction d'un vieil immeuble datant des années vingt du siècle passé et d'un nouveau site archéologique à Gemmayzé pour ériger à leur emplacement un gratte-ciel qui générera des profits commerciaux énormes, il y a lieu de s'interroger sur le rôle du ministère de la Culture et du mohafez de Beyrouth qui a autorisé pareille initiative. Peut-être que personne n'a alerté le ministère et le mohafazat sur l'importance historique de ce bâtiment ou sur la présence d'un site archéologique romain dans ce secteur, qui pourrait être pillé ou détruit », a-t-il écrit avant de s'interroger sur le point de savoir ce qu'est devenue « la fameuse liste de sites archéologiques classés selon leur importance historique ? »
« A-t-elle été réduite pour satisfaire la cupidité commerciale et immobilière ? N'a-t-on pas construit à Beyrouth suffisamment de gratte-ciel qui ont eu pour effet de détruire le patrimoine architectural et le tissu social du vieux Beyrouth ? Est-il possible de construire dans chaque coin et recoin de la ville des blocs de béton qui rendent l'air irrespirable ? » s'est-il interrogé.
M. Joumblatt s'en est pris dans ce cadre à la municipalité de Beyrouth « où rien n'a changé ». « En dépit des sommes colossales qu'elle détient, elle ne fournit aucun effort pour préserver et exploiter le patrimoine du vieux Beyrouth. C'est comme si la politique programmée de destruction de ce patrimoine se poursuit sous l'œil du mohafez, qui semble si peu concerné par cette affaire, tout comme son prédécesseur », a déploré le chef du PSP.
Selon lui, « si cette politique destructrice n'est pas confrontée, elle risque de paver la voie au retour de projets rejetés, tels que les parkings souterrains sous le jardin des Jésuites à Jeitaoui, ou l'autoroute Fouad Boutros qui est également de nature à détruire le tissu social d'Achrafieh, sachant que ce quartier a été suffisamment défiguré à cause des gratte-ciel qui ont détruit son patrimoine architectural ». M. Joumblatt a appelé à une action « immédiate » pour faire face à ces projets.
Réagissant à cet éditorial, le bureau du mohafez de Beyrouth, Ziad Chbeib, a annoncé dans un communiqué que ce dernier avait ordonné vendredi l'arrêt des travaux de démolition de l'immeuble de Gemmayzé, menés illégalement, selon le texte.
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