De Jordanie, Siniora appelle les Arabes musulmans à une réforme religieuse

L'ancien Premier ministre Fouad Siniora s'est prononcé hier à Amman en faveur d'une réforme des institutions religieuses islamiques dans le monde arabe et a lancé un appel à la réactivation de l'initiative de paix arabe dans le conflit avec Israël.
M. Siniora s'exprimait lors d'une cérémonie d'hommage dans la capitale jordanienne à la mémoire de l'homme d'affaires palestinien Saïd Khoury, récemment décédé.
« Des dissensions religieuses sont apparues dans nos milieux. Elles sont le fruit du déclin intellectuel et culturel, mais aussi de l'échec des États nationaux arabes dans leur phase militaire et sécuritaire », a relevé le chef du bloc du Futur, soulignant que les jeunes dans les pays arabes « ne se seraient pas laissé entraîner vers l'illusion de l'État religieux s'ils avaient pu évoluer dans le cadre de régimes politiques sains ».
« La réforme religieuse passe par le renforcement des institutions religieuses éclairées et ouvertes, et par l'établissement de leur indépendance vis-à-vis des régimes en place », a-t-il ajouté.
Et de lancer : « Il ne faut pas que l'islam se transforme, très précisément dans nos pays arabes, en un poids ou une entrave à notre action aux niveaux national et international, tout comme il n'est pas permis que les Iraniens ou d'autres encore exploitent l'islam contre nous. Depuis des lustres, nous luttons sur le front de l'ennemi sioniste, sur celui de l'infiltration des puissances voisines, sur celui de l'hégémonisme international et aujourd'hui sur celui de l'extrémisme et du terrorisme au nom de l'islam. Et ce dernier front est le plus dangereux. »
Sur le conflit israélo-palestinien, M. Siniora a appelé à une réactivation de l'initiative arabe de paix, adoptée au sommet de Beyrouth en 2002 et prévoyant à l'établissement d'un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale sur la base des frontières de 1967. Invitant les Arabes à défendre d'une seule voix ce plan, il a mis l'accent sur la nécessité d'en finir avec les divisions interpalestiniennes et de réarabiser les termes du conflit. « À qui allons-nous laisser l'étendard arabe en Palestine ? À l'Iran et ses milices ou à l'extrémisme religieux et au terrorisme ? » conclut-il.