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Moyen Orient et Monde - Objets et histoire

Le carburant de Balzac

En 1800, un Français, Jean-Baptiste de Belloy, alors archevêque de Paris, invente le système de la percolation du café et de la première cafetière. Il a l'idée ingénieuse d'utiliser deux récipients empilés, séparés par un compartiment où l'on place le café. En versant de l'eau bouillante dans la partie supérieure de la cafetière, le café s'infuse lentement et passe dans le récipient inférieur. C'est une petite révolution à l'époque, le café étant jusque-là infusé comme du thé. Et la cafetière la plus célèbre n'est autre que celle d'Honoré de Balzac. C'est une petite cafetière en porcelaine de Limoges toute de blanc vêtue, parée de cercles rouges, posée sur sa chaufferette, ornée des initiales HB et qu'on peut voir protégée par une vitre dans la maison de Balzac. Située au 47, rue Raynouard, dans le 16e arrondissement de Paris, au cœur de l'ancien village de Passy, Balzac, poursuivi par ses créanciers, y trouva refuge le 1er octobre 1840. Caché sous le pseudonyme de « M. de Breugnol », le romancier vécut sept années dans cet « abri provisoire », dont il apprécia la commodité. Durant des jours, des semaines, des mois et même des années, la cafetière servit à son maître Balzac des centaines de litres de café. Il en buvait, dit-on, jusqu'à 50 tasses par jour. L'auteur de La Comédie humaine cravachait son esprit au café pour pouvoir écrire jusqu'à 18 heures par jour : « Travailler, c'est me lever tous les soirs à minuit, écrire jusqu'à huit heures, déjeuner en un quart d'heure, travailler jusqu'à cinq heures, dîner, me coucher et recommencer le lendemain... »
La caféine, c'était ses amphétamines, sa cocaïne. Balzac ne confiait à personne le soin de confectionner son mélange. Il sillonnait Paris à la recherche des meilleurs cafés. En général, il se confectionnait un mélange de trois variétés originaires de l'île Bourbon, de la Martinique et de moka du Yémen. Puis il s'occupait lui-même de préparer la décoction qu'il faisait bouillir des heures pour obtenir un concentré de caféine capable de le faire tenir toute la nuit. Dans son Traité des excitants modernes, Balzac écrit : « Le café tombe dans votre estomac (...). Dès lors, tout s'agite : les idées s'ébranlent comme les bataillons de la Grande Armée sur le terrain d'une bataille, et la bataille a lieu. Les souvenirs arrivent au pas de charge, enseignes déployées ; la cavalerie légère des comparaisons se développe par un magnifique galop ; l'artillerie de la logique arrive avec son train et ses gargousses ; les traits d'esprit arrivent en tirailleurs ; les figures se dressent ; le papier se couvre d'encre car la veille commence et finit par des torrents d'eau noire, comme la bataille par sa poudre noire. »
L'immense Balzac est mort jeune, miné par les excès du café qu'il adorait. En effet, de retour de Pologne en mai 1850, le géant de l'écriture, mais minuscule par la taille, s'abat comme un chêne, l'organisme usé jusqu'à la corde, le cœur délabré, le corps envahi d'un œdème généralisé, gagné par la gangrène. Le café aurait joué un grand rôle dans cette déroute. Il n'a que 51 ans. Le 18 août, son ami Victor Hugo lui rend visite : « Il avait la face violette, presque noire, inclinée à droite, la barbe non faite, les cheveux gris et coupés court, l'œil ouvert et fixe. Je le voyais de profil et il ressemblait à Napoléon. » Quelques heures plus tard, Balzac s'éteignait. Trop de café tue le café...

En 1800, un Français, Jean-Baptiste de Belloy, alors archevêque de Paris, invente le système de la percolation du café et de la première cafetière. Il a l'idée ingénieuse d'utiliser deux récipients empilés, séparés par un compartiment où l'on place le café. En versant de l'eau bouillante dans la partie supérieure de la cafetière, le café s'infuse lentement et passe...

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