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Moyen Orient et Monde - Ukraine

Un an après, les contestataires du Maïdan ne regrettent rien

Porochenko a fait du 21 novembre la journée de la « dignité », et des cérémonies commémoratives sont prévues aujourd'hui.

En novembre 2013, les efforts de la police pour disperser les protestataires à coups de matraque et de gaz lacrymogène produisent le contraire de l’effet recherché : la foule grossit encore. Sergei Supinsky/AFP

Un an, une révolution, une occupation étrangère et un sanglant conflit plus tard, les contestataires du Maïdan, l'élan populaire qui a métamorphosé l'Ukraine et secoué la planète, n'en démordent pas : s'il fallait le refaire, ils le referaient.
Quand un ami lui propose d'aller le 21 novembre à un rassemblement sur le Maïdan, la place de l'Indépendance dans le centre de Kiev, Igor Romanenko est loin de se douter qu'il va assister à la naissance d'un mouvement historique. Ce soir-là, le réalisateur de films est frustré d'avoir entendu le régime de Viktor Ianoukovitch renoncer à un accord d'association avec l'UE au profit d'un rapprochement avec la Russie. Comme les centaines d'autres qui se réunissent spontanément malgré le crachin nocturne, cet homme aujourd'hui âgé de 48 ans a en tête la « Révolution orange », le tournant prooccidental enclenché une décennie plus tôt, et espère que le pouvoir fera volte-face. Ce qui suivra dépassera son imagination. « Si quelqu'un m'avait dit que quatre mois plus tard, Ianoukovitch aurait quitté le pays, je ne l'aurais pas cru », confie aujourd'hui Igor Romanenko.
En un an, l'Ukraine va en effet connaître une sidérante réaction en chaîne. À la révolution succédera l'annexion de la Crimée par la Russie puis un conflit qui a fait plus de 4 100 morts dans l'est du pays, tombé sous le contrôle de séparatistes prorusses. Le mouvement du Maïdan enfle rapidement. Les efforts de la police pour le disperser à coups de matraque et de gaz lacrymogène produisent le contraire de l'effet recherché : la foule grossit encore et les militants commencent à planter leurs tentes. Leur aspiration au changement semble comblée quand, en février, le président Ianoukovitch prend la fuite vers la Russie après une tuerie qui fait plus de 100 morts mais qui n'entame pas la détermination des contestataires. Fin février, de premiers soldats russes occupent la Crimée que la Russie annexe trois semaines plus tard après un référendum controversé. En avril, Kiev lance une « opération antiterroriste » contre les rebelles de l'Est appuyés par le Kremlin. Le conflit ensanglante le pays, et plonge la Russie et l'Occident dans leur crise la plus grave depuis la fin de la guerre froide. « Bien sûr que j'y retournerais », affirme cependant Igor Romanenko. « De même qu'il est faux de dire que l'assassinat de François Ferdinand a provoqué la Première Guerre mondiale, dire que le Maïdan est la raison de la guerre (dans l'Est) n'est pas correct. C'était juste un prétexte que la Russie a utilisé pour passer à l'offensive. »

« L'histoire continue »
Sur la place de l'Indépendance, les tentes ont disparu, remplacées par les photos des victimes de la contestation et des pancartes appelant à soutenir l'armée qui se bat contre les séparatistes prorusses dans l'Est. Survolant la place du regard, Liza Tatarinova, une autre contestataire de la première heure, secoue la tête en pensant à tout ce qui s'y est produit. « D'un côté, j'ai l'impression que toute une vie s'est écoulée. De l'autre, la vie est aujourd'hui si intense qu'il est difficile de se dire qu'un an a passé déjà, explique la productrice de télévision. « Tous ces événements, toute cette peine et toute cette joie... On dirait que tout cela a existé le temps d'un clin d'œil. » Pour cette jeune femme de 34 ans, l'ancien système était pourri et, bien que la situation économique se soit considérablement détériorée, le mouvement du Maïdan a changé l'Ukraine dans le bon sens. « On comprend que l'économie va mal et qu'on vit moins bien qu'avant, mais si on parle du pays dans son ensemble, en tant qu'État (...), ce n'est pas une amélioration dont on parle mais d'une refondation », estime-t-elle.
Le nouveau président ukrainien Petro Porochenko a fait du 21 novembre la journée de la « dignité », et toute une série de cérémonies commémoratives sont prévues aujourd'hui. Mais même si l'accord avec l'UE a finalement été signé, les militants jugent que la refonte du système et la lutte contre la corruption ont été bloquées par la guerre. Le 21 novembre n'est pas « un jour de fête pour moi », disait récemment Moustafa Naïem, un journaliste d'opposition qui avait été l'un des instigateurs du mouvement et qui est devenu député depuis. « Le Maïdan n'est pas encore fini. L'histoire continue. »

Max DELANY/AFP

Un an, une révolution, une occupation étrangère et un sanglant conflit plus tard, les contestataires du Maïdan, l'élan populaire qui a métamorphosé l'Ukraine et secoué la planète, n'en démordent pas : s'il fallait le refaire, ils le referaient.Quand un ami lui propose d'aller le 21 novembre à un rassemblement sur le Maïdan, la place de l'Indépendance dans le centre de...

commentaires (3)

Chapeau !.... les Ukrainiens évolués.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 27, le 21 novembre 2014

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Commentaires (3)

  • Chapeau !.... les Ukrainiens évolués.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 27, le 21 novembre 2014

  • QUE PEUVENT-ILS REGRETTER ? LES IKHWANS OU MORSI ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 22, le 21 novembre 2014

  • Politique : les Chinois sont même sortis de leur chemin pour montrer que, non seulement Poutine n’était pas isolé du tout, mais qu’il était au contraire l’invité d’honneur de l’APEC, ce qui revenait à défier ouvertement les États-Unis. Militaire : la Russie et la Chine sont engagées, sur une base régulière, dans d’importants exercices militaires conjoints, qui comprennent des opérations navales et au sol. Et les deux pays ne se contentent pas de s’entraîner de concert, ils sont également en train de créer des états-majors interarmés.Tout ceci ne devrait constituer de surprise pour personne. La Russie et la Chine sont véritablement des partenaires « idéaux » et se complètent l’un l’autre à la perfection. Ce dont l’un a besoin, l’autre le possède et vice-versa. Non seulement cela, mais les USA ont tellement cherché à nuire à l’un et à l’autre, qu’on peut affirmer que l’Empire les a littéralement poussés dans les bras l’un de l’autre. Obama n’a jamais cessé de menacer ouvertement la Russie et la Chine, leur a envoyé toutes sortes d’ultimatums, a monté contre eux des coalitions, et bien sûr, les a encerclés de bases militaires et de systèmes anti-missiles.Ce qu’Obama et ses conseillers n’ont pas compris, c’est que la Russie et la Chine, soutenus par les BRICS, par l’organisation de Coopération de Shanghaï (OCS), par l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC) et par l’Union Économique Eurasienne (UEE), sont infiniment plus puissantes que le bloc USA/UE .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 12, le 21 novembre 2014

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