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Lifestyle - Hotte d’or

Mon si beau retour

Je me suis réveillée aux aurores mercredi dernier et en sursaut, beaucoup plus tôt que d'habitude, comme mue par une sale intuition, ma nuisette Chantal Thomass en dentelle carmin toute mouillée. Il était 13h45. J'ai sonné Louisa, sept fois il me semble, hystérique. Elle accourt en sautillant et en pleurnichant, moustachue comme jamais. Mais je suis là, madame, je suis là, je me suis dépêchée, madame. Elle pose délicatement le plateau Andrée Putman où reposaient, comme chaque jour, un bol Alessi rempli de myrtilles sauvages, une flûte de champagne Bruno Evrard remplie aux trois quarts et L'Orient-Le Jour déplié. Je lape une gorgée de ma Veuve Clicquot 2002, celle du matin, croque vaguement une baie, ouvre le journal, lit les titres de la page une, puis embraye sur la page seize, laisse glisser mes rétines, et hurle. Je hurle, comme une belette atteinte d'Ebola. Qui ? Qui ! Quoi ? Joy H. Wilson ? Dans le lit de ?
Nicolas Sarkozy ? Qu'est-ce que c'est ? On m'a remplacée ?
M'infliger cela, à moi, Marguerite K., descendante directe du voïvode Vlad III Basarab, prince de Valachie, moi qui ai publié 78 Hottes d'or entre 2009 et 2010, chaque mercredi, ou presque. À moi ? Je suis estomaquée. Je noie ma fureur dans mon millésime 2002, Louisa me douche rapidement, je casse de rage ma brosse à dents Oral-B Black 7000, me jette dans un pull marine torsadé blanc crème Ann Demeulemeester, un microshort en sequins Paco Rabanne, de vieilles ballerines argentées Repetto, et j'aboie en direction de Tarek, mon fidèle chauffeur : à L'Orient-Le Jour. Il ne pipe mot, nous y sommes en 4 minutes, j'entre comme une Fukushima sur pattes dans le bureau de Nagib Aoun, et je hurle de nouveau. Comme une longue, une névropathe mélopée. Il me jure ses grands dieux, ses délicieux yeux bleus vrillés sur mon rouge à lèvres Guerlain, qu'il fera le nécessaire immédiatement pour congédier cette madame Wilson et me redonner mon espace du mercredi. La jeune Médéa Azouri, entrée dans le bureau juchée sur de jolis Givenchy en dentelle en dessous d'un jeans True Religion, applaudissait vigoureusement. Va, je ne te hais point, minaudais-je à l'attention du rédacteur en chef, puis j'ai jeté un œil langoureux autour de moi, toute une petite foule s'était attroupée à l'entrée du bureau. Je reconnus Nada Merhi et son divin sourire : Mon enfant, dis à tous ces chercheurs que les vaccins ne servent à rien, qu'ils prescrivent du champagne ; Michel Hajji Georgiou : Chéri, chéri, j'ai parlé de toi à Leonard Cohen, j'organiserai bientôt un dîner dans mon isba finlandaise, tu me donneras tes dates ; Suzanne Baaklini, très en colère en chemise blanche Dior, me demandait de signer une pétition contre le Premier ministre australien et sa cruauté envers les koalas ;
Gaby Nasr, illico, me proposait une lecture coquine à deux d'une œuvre posthume du marquis de Sade illustrée par Reiser ; May Makarem, Rita Hayworth en salopette Stella McCartney rouge, me lançait un Ahlan wa sahlan tante Margot retentissant ; j'allais lui caler le tante dans l'œsophage, mais elle est toute mignonne, elle m'a juré qu'elle plaisantait, que j'avais rajeuni, qu'elle était ravie que je revienne dans les colonnes du journal... Tous me demandaient où j'étais ces quatre années. J'eus alors cette réponse, spontanée, sublime : J'aimais. Houssam doit avoir 23 ans aujourd'hui, me susurra, tout diablotin, Béchara Maroun. Je ne sais pas, je suis désormais célibataire, lui répondis-je en sifflant Tarek. Tu pars déjà ? Dînons ensemble, me demandèrent plusieurs voix à l'unisson. Je ne peux pas, j'emmène Willou faire la tournée des restaurants. Maya Ghandour Hert s'interroge à haute voix : Mais qui est Willou ? Je leur souris en appuyant sur le bouton de l'ascenseur. Mais Waël Bou Faour, voyons. Je suis sûre qu'avec moi, ce petit zélé saura de nouveau dire miam-miam.

Je me suis réveillée aux aurores mercredi dernier et en sursaut, beaucoup plus tôt que d'habitude, comme mue par une sale intuition, ma nuisette Chantal Thomass en dentelle carmin toute mouillée. Il était 13h45. J'ai sonné Louisa, sept fois il me semble, hystérique. Elle accourt en sautillant et en pleurnichant, moustachue comme jamais. Mais je suis là, madame, je suis là, je...

commentaires (2)

C'est mignon.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

16 h 23, le 19 novembre 2014

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Commentaires (2)

  • C'est mignon.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    16 h 23, le 19 novembre 2014

  • QU'EST-CE QUE C'EST QUE TOUT çA... SINON DE LA DIVAGATION !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 58, le 19 novembre 2014

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