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Moyen Orient et Monde - Nigeria

Après les massacres, Boko Haram veut « contrôler les cœurs et les esprits »

Abubakar Shekau se présente désormais comme « un théologien posé, qui se fait le guide spirituel d'une communauté désespérée ».

Une capture d’écran d’une vidéo de propagande du groupe terroriste Boko Haram. Photo AFP

Tout en perpétrant d'innombrables tueries dans le nord du Nigeria, Boko Haram tente de s'attirer la sympathie des populations dans les zones sous son contrôle, où le groupe islamiste armé dit être à la tête d'un « califat islamique ».
Au total, plus d'une vingtaine de localités du nord-est du Nigeria, première puissance pétrolière du continent africain – sont tombées sous la coupe de Boko Haram ces derniers mois, face à une armée nigériane incapable jusqu'à présent d'enrayer cette progression. Dans ces localités, de nombreux habitants ont raconté avoir pris la fuite devant l'arrivée des islamistes pour échapper à leurs atrocités. Cela étant, Boko Haram « tend désormais vers une forme d'assistanat de la population, en leur promettant surtout qu'ils seront en sécurité » dans leurs territoires, estime l'ancien ambassadeur américain au Nigeria, John Campbell.

Un gouvernement « alternatif »
« Ils se sont positionnés comme un gouvernement alternatif, suite au retrait des institutions de l'État dans les zones passées sous leur contrôle », ajoute de son côté M. Bawa Wase.
La gouvernance ne semble pas être « dans leur style », note Mark Schroeder, vice-président du think tank américain, Stratfor. « En dirigeant indirectement ou avec plus de distance cela limite les risques pour les islamistes alors qu'ils essayent de gagner, du moins de contrôler, les cœurs et les esprits de la population locale », ajoute ce spécialiste. Selon plusieurs experts, Boko Haram semble surtout s'inspirer de la redoutable stratégie de communication du groupe extrémiste État Islamique (EI) en Irak et en Syrie. Le groupe terroriste dont le nom en langue haoussa signifie « l'éducation occidentale est un péché », est à l'origine une secte qui a séduit la jeunesse désœuvrée du nord musulman du pays, avec un discours très critique vis-à-vis du régime nigérian.

Changement de « com' »
Une vidéo de propagande de Boko Haram obtenue par l'AFP la semaine dernière montre une communauté non identifiée qui se dit heureuse d'être passée sous le contrôle des islamistes. On y voit des hordes de combattants défiler sur des blindés et à moto, et des enfants qui les acclament sur le bord de la route. Parmi les personnes interrogées, un homme assez âgé déclare : « En tant que musulman, je suis vraiment heureux du califat islamique. Nous n'avons pas subi d'humiliations. »
La plupart des vidéos précédentes d'Abubakar Shekau, le leader du groupe nigérian, « étaient un concentré de vitriol antinigérian, anti-Occident délivré par un homme fou furieux », estime Ryan Cummings, expert en sécurité pour la société Red24. Dorénavant, Shekau se présente comme « un théologien posé, qui se fait le guide spirituel d'une communauté désespérée », ajoute M. Cummings, faisant référence à des passages où l'on voit une foule importante écoutant les prêches du leader islamiste. Rappelons que le groupe islamiste, qui a détruit la plupart des églises dans les villes conquises, y interdit la pratique du christianisme et y applique la charia, la loi islamique, de façon littérale et radicale. Selon des témoins dans la ville de Mubi, un grand carrefour commercial de l'État d'Adamawa (Nord-Est) à la frontière du Cameroun, pris par les islamistes pendant plusieurs jours avant d'être délivré par des miliciens et des chasseurs, Boko Haram a procédé à l'amputation publique des mains d'au moins dix voleurs présumés.

Tout en perpétrant d'innombrables tueries dans le nord du Nigeria, Boko Haram tente de s'attirer la sympathie des populations dans les zones sous son contrôle, où le groupe islamiste armé dit être à la tête d'un « califat islamique ».Au total, plus d'une vingtaine de localités du nord-est du Nigeria, première puissance pétrolière du continent africain – sont tombées...

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