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Moyen Orient et Monde - Tunisie

Après un bilan controversé, le discours policé d’Ennahda

Interrogations sur le futur gouvernement dans l'attente des résultats.

Rached Ghannouchi, le leader du parti islamiste Ennahda, portant le drapeau de son parti après les résultats des élections législatives. Zoubeir Souissi/Reuters

Les islamistes tunisiens d'Ennahda, arrivés deuxièmes aux législatives, n'ont eu de cesse de polir pendant la campagne leur image éreintée par deux ans au pouvoir et d'insister, bons perdants, sur leur attachement à la démocratie. Répété à l'envi, « consensus » fut le maître mot des interventions de ses chefs dans les médias comme sur le terrain. Et une fois les premières estimations publiées, les responsables du parti ont reconnu être arrivés derrière la formation anti-
islamiste Nidaa Tounès sans attendre les résultats officiels, qui n'avaient toujours pas été proclamés hier. Cette image du perdant élégant se dessinait dès le soir des élections. « Nous considérons que la Tunisie a triomphé et qu'Ennahda a triomphé en amenant le pays jusqu'à ce stade », a ainsi lancé Abdelhamid Jelassi, le coordinateur national du parti. Le lendemain, des centaines de partisans du parti fêtaient dans la rue, à grand renfort de feux d'artifice, la victoire de la démocratie tunisienne. Tout cela « donne l'image d'un parti très lisse, très démocrate, qui félicite son adversaire, qui quitte le pouvoir alors qu'il est majoritaire à l'Assemblée constituante », juge l'analyste indépendant Selim Kharrat.

Leçon égyptienne
En outre, le parti n'a pas non plus manqué de s'adresser à l'étranger. À l'heure où l'État islamique (EI) provoque l'effroi, M. Ghannouchi a affirmé que le « modèle » de transition démocratique de la Tunisie était l'alternative aux extrémistes. Cette quête de normalisation de l'image du parti est en fait en gestation depuis le coup d'État militaire qui a renversé le président islamiste égyptien Mohammad Morsi en juillet 2013 et la répression sanglante qui a suivi, explique l'analyste Slaheddine Jourchi. « Ce qui s'est passé en Égypte les a secoués et ils ont décidé d'intégrer la leçon en réduisant les chocs avec l'État, la société et les différentes élites. Ce qui a été difficile et a provoqué des débats au sein du parti, notamment concernant les relations avec Nidaa Tounès », ajoute-t-il. Ennahda a ainsi renoncé à son projet de loi dite d'« immunisation de la révolution », visant à exclure les responsables de l'ancien régime des élections devant la farouche opposition de Nidaa Tounès qui compte de nombreux représentants du système déchu. Cela montre « l'extraordinaire pragmatisme et la capacité d'adaptation d'Ennahda au contexte et à l'évolution de la donne politique », juge Selim Kharrat.
À tel point que presse, politiques et analystes confondus n'excluent pas du tout que les deux camps jadis à couteaux tirés s'unissent dans un gouvernement d'union nationale.
Effectivement, la Tunisie s'interrogeait hier sur les contours de la future majorité gouvernementale, tout en attendant toujours les résultats officiels des législatives. Les résultats nationaux doivent être annoncés le 30 octobre au plus tard, et, en attendant, l'instance organisant les élections (Isie) égrène chaque jour les données circonscription par circonscription. Ces chiffres laissent présager qu'Ennahda et Nidaa Tounès contrôleront plus des deux tiers des 217 sièges du Parlement qui doit prendre ses fonctions en décembre, sans pour autant que le parti anti-islamiste n'ait de majorité ni d'alliés évidents.
Enfin, la Tunisie devant entrer samedi en campagne électorale pour la présidentielle du 23 novembre. Malgré son grand âge, Béji Caïd Essebsi, 87 ans, en est le favori face à 26 autres candidats dont l'actuel chef de l'État Moncef Marzouki, le président de la Constituante Mustapha Ben Jaafar ou encore des ministres du régime chassés par la révolution de 2011. Ennahda n'a de son côté pas présenté de candidat, indiquant vouloir soutenir le plus « consensuel », sans donner de précisions.
(Source : AFP)

Les islamistes tunisiens d'Ennahda, arrivés deuxièmes aux législatives, n'ont eu de cesse de polir pendant la campagne leur image éreintée par deux ans au pouvoir et d'insister, bons perdants, sur leur attachement à la démocratie. Répété à l'envi, « consensus » fut le maître mot des interventions de ses chefs dans les médias comme sur le terrain. Et une fois les premières...

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