Rechercher
Rechercher

À La Une - Terrorisme

Le Canada, en état de choc, prend conscience de la menace islamiste

Forte présence policière à Ottawa au lendemain du drame qui s'est joué en plein centre.

Les habitants d'Ottawa tentaient de reprendre une vie normale en dépit d'une forte présence policière au lendemain du drame qui s'est joué en plein coeur de la ville. Andrew Burton/AFP

Le Canada a soudainement pris conscience jeudi que l'extrémisme islamiste pouvait le frapper directement, après deux attaques en trois jours contre des militaires et le Parlement fédéral menées par des assaillants aux idées proches des jihadistes.


A Ottawa, les habitants tentaient de reprendre une vie normale en dépit d'une forte présence policière au lendemain du drame qui s'est joué en plein centre. Les drapeaux ont été mis en berne comme dans beaucoup de villes canadiennes. Le Parlement a repris ses travaux en rendant un vibrant hommage à l'officier de sécurité qui a abattu le tueur mercredi, avant d'observer une minute de silence et d'entonner l'hymne national "Ô Canada".

La nervosité était néanmoins palpable. Au moment où le Premier ministre Stephen Harper montait dans une voiture pour se rendre au Parlement après s'être recueilli au monument aux morts, la police a mis en joue et maitrisé un individu qui se trouvait à quelques mètres du chef du gouvernement canadien. Députés et sénateurs défilaient devant le monument aux morts, certains y déposaient une gerbe de fleurs, en mémoire du soldat Nathan Cirillo, 24 ans, tombé mercredi sous les balles d'un tueur tout aussi jeune, Michael Zehaf-Bibeau, 32 ans.

Un homme a en outre été placé en garde à vue jeudi à Halifax (est du Canada), a annoncé la police qui le soupçonne d'avoir abandonné une arme dans un autobus de la ville.

 

En trois jours, deux jeunes tueurs ont agi seuls. Si Martin Rouleau-Couture a écrasé lundi avec sa voiture un militaire sur un parking avant d'être abattu par la police, Michael Zehaf-Bibeau était armé d'un fusil et a tiré sur un soldat en faction devant le monument aux morts d'Ottawa avant de se rendre au Parlement où des coups de feu ont retenti.

 

Le Canada enquête sur 80 jihadistes présumés revenus de zones de guerre

 

Tueurs aux "pensées violentes"
La mort des deux militaires pose beaucoup d'interrogations sur les motivations, encore mal cernées, des assaillants. Les deux avaient épousé les thèses jihadistes et étaient sur la liste des 90 individus classés à risque par les services de renseignement. Tous deux avaient été privés de leur passeport pour éviter de rejoindre les combattants jihadistes au Moyen-Orient.

Michael Zehaf-Bibeau à la personnalité plus proche du délinquant que du véritable jihadiste. Ce jeune Québécois a eu des démêlés avec la justice, sans verser toutefois dans le grand banditisme. Les bribes de portrait donnés par les médias locaux décrivent un jeune perdu, sans racines familiales solides, et qui se rapproche à un certain moment de la religion.

La communauté musulmane canadienne craint un amalgame. L'imam Sikander Hasni, de l'association musulmane Kanata, a condamné jeudi ces attaques en reconnaissant avoir "un rôle à jouer" dès lors qu'"il s'agit de personnes qui épousent des pensées violentes et surtout versent dans la radicalisation violente".
Ce responsable de la mosquée d'Ottawa a toutefois avoué une certaine impuissance. "Parfois il n'y a pas grand-chose à faire (...) pour de jeunes adultes qui souffrent de déficiences mentales ou qui penchent vers la criminalité".

"En tant qu'homme de couleur, je suis triste et en même temps je crains les répercussions" de ces attaques, confiait à l'AFP Mazin al-Rasheed, rencontré tout près du Parlement. "J'espère que les gens vont rester calmes et ne pas être pris par la peur". "Je me suis réveillé ce matin sans me sentir différent. La vie continue", déclarait Chris McLachlan en se rendant au travail non loin du Parlement.

 

(Pour mémoire : Un jeune jihadiste canadien tué en Syrie)

 

Ces attaques se déroulent au moment où le Canada s'est engagé dans la lutte anti-jihadiste en Irak aux côtés des forces de la coalition internationale. Des avions de chasse se sont envolés jeudi d'une base du Québec pour rejoindre une base canadienne au Koweït.

La détermination du gouvernement canadien reste entière. La lutte contre le terrorisme va "redoubler", a promis Stephen Harper dans un discours à la nation qui doit se rendre à l'évidence que même à l'intérieur de ses frontières, le pays peut être atteint. "Le Canada n'est pas à l'abri de ce genre d'attaques terroristes", a prévenu M. Harper.

Le temple de la démocratie canadienne, le Parlement où chacun pouvait entrer librement jusqu'ici, a été visé. "Le Canada a été ébranlé (...) mais nous n'allons pas vaciller", a déclaré, de son côté, le chef de l'opposition Thomas Mulcair du NPD (Nouveau parti démocratique, gauche). Chef d'Etat en titre du Canada, la reine Elizabeth II a transmis ses "pensées" aux proches des victimes des attaques. "Le prince Philip et moi avons été choqués et attristés par les événements".

 

Lire aussi

Au Canada, un imam se dit menacé par l'Etat islamique

Le Canada a soudainement pris conscience jeudi que l'extrémisme islamiste pouvait le frapper directement, après deux attaques en trois jours contre des militaires et le Parlement fédéral menées par des assaillants aux idées proches des jihadistes.
A Ottawa, les habitants tentaient de reprendre une vie normale en dépit d'une forte présence policière au lendemain du drame qui...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut