Des Kurdes observant du côté turc la ville de Kobané assiégée par les jihadistes de l’État islamique (EI). Bulent Kilic/AFP
Le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, a souligné hier, lors d'un déplacement à Doha où il s'est entretenu avec l'émir du Qatar cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, qu'il ne fallait pas « choisir entre une dictature sanguinaire et un terrorisme assassin » en Syrie. « Il y a une volonté d'éradiquer le terrorisme, d'éradiquer les dictatures et de faire en sorte que l'opposition syrienne s'organise et soit soutenue par la communauté internationale », a-t-il assuré. Pour sa part, regrettant que les frappes de la coalition ne ciblent que les jihadistes, la Coalition nationale syrienne, principale force d'opposition en exil, a réitéré ses demandes d'intervention étrangère contre le régime de Bachar el-Assad, qu'elle accuse dans un communiqué de « pratiquer le terrorisme d'État contre le peuple syrien ».
Sur le terrain, les combattants kurdes, aidés des frappes aériennes de la coalition internationale, ont infligé des pertes importantes à l'État islamique, qui occupe 50 % de la ville syrienne de Kobané après plus d'un mois de combats. L'EI a perdu 31 combattants entre samedi et hier matin, dont 15 dans les bombardements de ses positions par les avions des États-Unis et de leurs alliés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). L'ONG a également fait état d'au moins 70 corps de jihadistes rapatriés en quatre jours dans un hôpital sous contrôle islamiste dans la province de Raqqa, et de sept victimes dans les rangs kurdes.
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« Les jihadistes n'ont pas fait de progrès »
De fait, la bataille pour le contrôle de la troisième ville kurde de Syrie, où les jihadistes sont entrés le 6 octobre, continue à se mener rue après rue, s'apparentant à une guérilla urbaine. L'EI est parvenu à progresser un peu vers le centre tandis que les Kurdes poussaient dans l'Est, a précisé l'OSDH. Confrontés à une forte résistance, les jihadistes ont dépêché samedi de nouveaux renforts à Kobané, dont la prise serait un trophée stratégique et symbolique, sous l'œil des dizaines de caméras filmant les combats depuis la frontière turque. Samedi, « il y a eu d'intenses bombardements et trois attentats-suicide à la voiture piégée à la frontière et dans le centre de Kobané. Mais grâce aux raids et aux (milices kurdes) YPG, (les jihadistes) n'ont pas fait de progrès », a affirmé pour sa part un responsable kurde local, Idriss Nassen. Les jihadistes tentent depuis plusieurs jours d'asphyxier encore davantage Kobané, où des centaines de personnes restent bloquées, plus d'un mois après le début, le 16 septembre, de leur offensive.
La coalition lutte également contre l'EI en Irak,où les avions américains ont frappé des positions jihadistes près de Baïji, non loin de la principale raffinerie de pétrole du pays, et autour du barrage stratégique de Mossoul. Pour rappel, plus d'une centaine de raids ont été menés depuis fin septembre dans et autour de Kobané, dont 11 samedi et hier, selon le Centcom, le commandement militaire américain pour le Proche-Orient.
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Attentat meurtrier à Bagdad
De l'autre côté, les forces gouvernementales irakiennes peinent à reprendre le terrain perdu face aux jihadistes. Surtout qu'aux faiblesses militaires venaient s'ajouter les blocages politiques qui ont retardé pendant plusieurs semaines les nominations des ministres de la Défense et de l'Intérieur. C'est cependant chose faite depuis samedi, le Parlement ayant approuvé la nomination de Khaled al-Obaidi à la Défense et de Mohammad al-Ghabbane à l'Intérieur. « Nous sommes très satisfaits. Nous félicitons le Premier ministre (irakien Haïdar) al-Abadi et avons hâte de travailler avec lui, en plein développement de la coalition », s'est félicité le secrétaire d'État américain John Kerry.
Toutefois, les attentats meurtriers restent le lot quotidien des Irakiens. Hier, au moins 18 personnes ont péri dans un attentat-suicide contre une mosquée chiite de Bagdad, un type d'attaque souvent attribuée aux jihadistes sunnites. Sur le plan diplomatique, la ministre australienne des Affaires étrangères a annoncé hier à Bagdad un accord avec l'Irak pour le déploiement d'environ 200 membres des forces spéciales de l'armée australienne pour aider les troupes irakiennes dans leur lutte contre les jihadistes. De son côté, l'Espagne va entraîner à la fin de l'année des troupes irakiennes pour lutter contre le groupe État islamique (EI), mais n'interviendra pas en Syrie, a annoncé samedi le ministre espagnol de la Défense en visite à Washington.
Enfin, un médecin arabe israélien a péri dans des affrontements en Syrie, où il combattait dans les rangs de l'État islamique (EI), a rapporté hier le Shin Beth, le service de sécurité intérieure israélien, précisant que 30 Arabes israéliens ont rejoint des groupes jihadistes en Syrie.
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10 h 02, le 20 octobre 2014