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Frappant !

Nous les attendions de l'est, ils sont venus par l'ouest. Telle est la pitoyable explication que fournissait à son peuple et aux Arabes un Gamal Abdel Nasser littéralement K-O, après la destruction au sol de l'aviation égyptienne dès les premières heures de la guerre arabo-israélienne de 1967.


On a du mal à le croire mais les hordes de l'État islamique, elles, se sont vu épargner cette estocade décisive qu'est, dans tout conflit militaire, l'élément de surprise. Des mois durant, les frontières du Levant ont valsé au rythme des percées et conquêtes de Daech, ponctuées de massacres, de déportations et d'autres exactions contre les minorités religieuses sans réaction notable de l'Occident. Puis a été mise sur ailes – mais pas vraiment sur pied – une vaste coalition internationale. Car au monstre, on a fait non pas un cadeau, mais deux. On lui a pratiquement donné l'assurance qu'il n'aurait pas à affronter, avant longtemps, des forces terrestres et certes pas des troupes américaines. Et on a eu l'exquise courtoisie de l'avertir, longtemps à l'avance, des frappes aériennes projetées.


Non point évidemment que ces dernières soient sans le moindre effet. Elles ont causé la mort de nombreux combattants, si tant est cependant que le soi-disant calife Omar al-Baghdadi risque d'en perdre le sommeil. Un important matériel a bien été détruit, notamment une bonne partie de ces installations pétrolières grâce auxquelles l'État islamique a accédé à une consistante autarcie financière en vendant, à qui venant, du brut à prix sacrifiés. Mais les jihadistes ont eu tout le temps de parer aux pluies de feu tombant du ciel, notamment en dispersant leurs forces sur les immensités désertiques et en remplaçant les colonnes de véhicules lourds par la fruste moto. De l'aveu même de Washington, l'EI a ainsi réussi à grossir et à se renforcer, se transformant en pôle de ralliement non seulement pour les islamistes du monde entier, mais pour tous ceux qui nourrissent une haine inextinguible pour l'Amérique. Cela, les frappes aériennes n'y ont rien pu.


Et puisqu'il est question d'avions, ce sont les F-16 de l'insondable Turquie qui se jetaient spectaculairement hier dans la mêlée. N'allez pas croire que, contre toute attente, ce pays s'est soudain décidé à intervenir contre Daech qui contrôle désormais le gros de la ville kurde syrienne de Kobané, agonisant à un jet de pierre de frontière turque. Ce sont des Kurdes de Turquie, des rebelles, que visaient ces raids survenant au lendemain des sanglantes émeutes provoquées par l'inaction du gouvernement face au drame de Kobané. Ainsi se trouve clairement défini ce qui est désormais la première priorité d'une Turquie affolée par la perspective d'un Kurdistan susceptible, lui aussi, de bousculer les vieilles frontières étatiques. Quant au reste, Ankara s'en tient à son immobilisme actuel, exigeant la mise en place d'un dispositif qui empêcherait Bachar el-Assad de tirer profit des frappes contre Daech.


Cette faille n'est d'ailleurs pas la seule qui menace la cohésion de la coalition internationale. C'est la raison pour laquelle se réunissaient hier à Washington, autour de Barack Obama, les hauts responsables militaires des 21 pays membres. Reste à savoir si, avec un chef d'orchestre aussi peu doué, ils réussiront à accorder leurs violons au son lointain du canon.

Issa GORAIEB
igor@lorient-lejour.com.lb

Nous les attendions de l'est, ils sont venus par l'ouest. Telle est la pitoyable explication que fournissait à son peuple et aux Arabes un Gamal Abdel Nasser littéralement K-O, après la destruction au sol de l'aviation égyptienne dès les premières heures de la guerre arabo-israélienne de 1967.
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