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Culture - Spectacle

À l’Opéra Bastille, Pierre Audi met en scène la « Tosca » de Puccini

Jusqu'au 28 novembre, l'Opéra Bastille à Paris présente une nouvelle production de «Tosca », le chef-d'œuvre de Giacomo Puccini, dans une éblouissante mise en scène de Pierre Audi.

La prière de Tosca.

Les amoureux parisiens de Puccini ont été gâtés cette année, car pour célébrer les 90 ans de la disparition du grand compositeur (1858-1924) l'Opéra Bastille leur a offert des productions de très grande qualité dont la Fanciula del West, Madame Butterfly, La Bohême et enfin cette incroyable et bouleversante Tosca dont la première a été un véritable triomphe.
Œuvre violente et ardente, Tosca créera un véritable scandale à sa sortie, en 1900, car elle raconte sans ambages les malversations malsaines d'un chef de police pervers (Scarpia) qui, profitant du caractère exalté d'une cantatrice amoureuse, passionnée, jalouse et bigote (Floria Tosca), va ainsi pouvoir mettre la main sur l'amant de celle-ci, un révolutionnaire idéaliste, romantique et défenseur des libertés (Mario Cavaradossi). Ce qui avait le plus profondément choqué l'opinion de l'époque c'était que, non seulement Puccini officialisait les brutalités policières par des scènes ne laissant aucun doute sur leur horreur, mais surtout qu'il soulignait le lien ambigu qu'entretenait l'Église avec ce pouvoir sanguinaire.


Dès les premières mesures de Tosca, la beauté, la modernité et la hardiesse de la musique de Puccini prennent à la gorge. L'extrême concentration de l'action, la rapidité des enchaînements, les changements d'atmosphère et de couleur, ainsi que la force expressive des accents de l'orchestre propulsent carrément dans les prémisses d'un art qui n'existe pas encore, la musique de film. Chez Puccini, c'est la musique qui raconte l'histoire. Et cette beauté musicale est servie par un orchestre de l'Opéra de Paris au meilleur de sa forme, sous la baguette sensible et énergique de Daniel Oren.
La mise en scène de Pierre Audi est dans une osmose totale et absolue avec l'œuvre de Puccini. Cet artiste d'origine libanaise, directeur de l'Opéra d'Amsterdam et dont la force créatrice a revisité les opéras de diverses époques (Vivaldi, Charpentier, Rameau, Mozart, Halévy...), signe certainement ici son œuvre la plus élégante, la plus intelligente et la plus aboutie.


Une croix monumentale et écrasante trône au cœur de la scénographie. Pour Audi, «elle symbolise l'Église, mais aussi la puissance de Scarpia qui redouble le côté théâtral de l'Église catholique en exerçant sa propre emprise sur l'histoire». Cet immense crucifix qui «plane tel un aigle» pèse sur les consciences et sur les cœurs.


Les lumières qui accompagnent l'œuvre dans ses différents rebondissements sont l'un des points forts de cette mise en scène et, à la fin de l'opéra, le suicide de Flora Tosca, dont la chute dans le vide est représentée par une aveuglante lumière blanche, laisse le spectateur sonné qu'une scène d'une telle violence soit représentée de façon si épurée et minimaliste.
Les interprètes, outre leurs remarquables qualités vocales, donnent le meilleur de leur potentiel dramatique, car Pierre Audi sait, par sa direction d'acteurs, extraire de chacun la sève qui l'emmène «vers une émotion freudienne».
Œuvre vertigineuse et mélodramatique, cette Tosca fera certainement couler beaucoup d'encre et probablement tout autant de larmes. Pantois et bouche bée, on ne peut qu'admirer le magnifique écrin apporté par l'un de nos compatriotes à l'intemporelle et éternelle musique de Puccini.

Les amoureux parisiens de Puccini ont été gâtés cette année, car pour célébrer les 90 ans de la disparition du grand compositeur (1858-1924) l'Opéra Bastille leur a offert des productions de très grande qualité dont la Fanciula del West, Madame Butterfly, La Bohême et enfin cette incroyable et bouleversante Tosca dont la première a été un véritable triomphe.Œuvre violente et...

commentaires (2)

Bravo pour Pierre Audi qui sait, par sa direction manier de vrais acteurs loin de nos politiciens acteurs .

Sabbagha Antoine

15 h 57, le 15 octobre 2014

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Commentaires (2)

  • Bravo pour Pierre Audi qui sait, par sa direction manier de vrais acteurs loin de nos politiciens acteurs .

    Sabbagha Antoine

    15 h 57, le 15 octobre 2014

  • "Les interprètes, outre leurs remarquables qualités vocales, donnent le meilleur de leur potentiel dramatique, car Pierre Audi sait, par sa direction d'acteurs, extraire de chacun la sève qui l'emmène «vers une émotion freudienne»." Il serait quand même intéressant de savoir qui sont ces interprètes, en particulier les deux protagonistes principaux, qui jouent les rôles de Tosca et Scarpia...

    Georges MELKI

    10 h 15, le 15 octobre 2014

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