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À La Une - Syrie

Les jihadistes "mettent tout leur poids" dans la bataille de Kobané

L'ONU redoute un "massacre" dans la troisième ville kurde de Syrie.

Une réfugiée kurde de Kobané embrasse son enfant dans un abri en Turquie. Umit Bektas/Reuters

Les jihadistes de l'organisation Etat islamique ont envoyé dimanche des renforts vers Kobané, où les forces kurdes leur opposaient une résistance farouche dans cette ville devenue aux yeux du monde le symbole de la lutte contre l'EI (ex-Daech).

Délogés vendredi de leur QG, les combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) ont depuis repoussé des assauts de l'EI sur plusieurs fronts de la troisième ville kurde de Syrie, où la bataille a tourné à la guérilla urbaine.
La situation reste toutefois à l'avantage des jihadistes, plus nombreux, mieux armés et qui contrôlent environ 40% de la ville, particulièrement le secteur est et des quartiers dans le sud et l'ouest. Mais la défense acharnée des forces kurdes a contraint l'EI à faire venir des renforts en provenance de Raqa et Alep, leurs bastions du nord syrien, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.

(Repère : Eliminer les jihadistes de l'EI : Avant la frappe, le renseignement)


"Ils envoient même des hommes qui n'ont pas beaucoup d'expérience du combat", a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. "Il s'agit bien d'une bataille cruciale pour eux. S'ils n'arrivent pas à prendre Kobané, cela va porter un coup dur à leur image (...). Ils ont mis tout leur poids dans cette bataille".

Les défenseurs de Kobané, eux, ne peuvent recevoir de renforts car la Turquie bloque sa frontière, empêchant notamment des Kurdes de ce pays de se porter au secours de leurs camarades assiégés.
Cette attitude d'Ankara a provoqué ces derniers jours des émeutes pro-kurdes en Turquie, entachées par la mort d'au moins 34 personnes.
Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a toutefois confirmé dimanche que son pays allait renforcer les capacités militaires de "l'opposition modérée" syrienne afin d'en faire une "troisième force" entre le régime de Damas et les jihadistes.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a réitéré sa "profonde inquiétude sur la situation dans et autour" Kobané, où "des milliers de vies sont en danger". Il a appelé "toutes les parties à se lever pour empêcher un massacre de civils".

Les blindés 'font le plus de mal'

Feyza Abdi, une élue locale de Kobané réfugiée en Turquie mais toujours en contact avec des combattants, a souligné que l'accalmie dans la ville ne devrait pas durer. "La tactique des jihadistes est connue: ils regroupent leurs forces et attendent des renforts, puis ils avancent d'un seul coup pour essayer de faire tomber nos bastions", a-t-elle expliqué. Cette élue a appelé la communauté internationale à envoyer "des armes et des munitions" mais aussi "des missiles antichars car ce sont les blindés qui nous font le plus de mal".
Sans cette aide, Azad Bekir, un réfugié en contact avec son frère à Kobané, se montre "pessimiste": les combattants kurdes "tiennent bon" et "tuent beaucoup de +bandits+ (ndlr: jihadistes) mais ces derniers reviennent toujours plus nombreux".

(Lire aussi : La zone tampon voulue par Ankara dans le nord de la Syrie vise avant tout à maîtriser la question kurde)


La Commission européenne a annoncé dimanche l'octroi de 3,9 millions d'euros aux organisations humanitaires qui viennent en aide aux quelque 180.000 réfugiés ayant fui la région de Kobané vers la Turquie.
La ville syrienne sera vraisemblablement au centre mardi d'une réunion à Washington des chefs militaires de 21 pays de la coalition, qui vont faire le point sur leur stratégie anti-EI près de trois mois après le déclenchement de la campagne aérienne en Irak et près de trois semaines après le début des raids sur la Syrie.
L'armée américaine a indiqué avoir conduit samedi et dimanche quatre frappes en Syrie et cinq en Irak.
Dans ces deux pays, où les jihadistes contrôlent de larges territoires sur lesquels ils ont décrété un "califat", l'EI s'est rendue responsable d'atrocités qui ont révulsé la communauté internationale, notamment les exécutions par décapitation de quatre otages occidentaux.

En Irak, el-Qaëda a revendiqué les trois attaques suicides, perpétrées par un Allemand, un Turc et un Saoudien, qui ont tué à Qara Tapah (nord) 25 personnes, la plupart des anciens soldats des forces kurdes qui voulaient se réengager.
Dans l'ouest du pays, la mort du chef de la police d'Anbar confirme les inquiétudes du Pentagone, dont le chef, Chuck Hagel, avait concédé vendredi que les forces gouvernementales étaient "en difficulté" dans la province d'Anbar, où elles ne contrôlent qu'une partie de de sa capitale Ramadi, le barrage de Haditha et quelques autres endroits.

 

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