Syrie: les Kurdes combattent "en famille" les jihadistes à Kobané

Opposés à toute intervention terrestre turque, les Kurdes syriens défendent en famille la ville de Kobané (Aïn al-Arab) contre l'organisation Etat islamique (EI), a affirmé mardi à l'AFP le porte parole de la principale milice kurde en Syrie.

"Il y a des centaines de soeurs, de frères, de pères et de fils, des cousins, qui combattent côte à côte les forces de l'EI", a indiqué Polat Can, porte-parole des Unités de protection du peuple kurde (YPG), contacté par l'AFP via internet. "Moi-même je lutte avec mes deux frères car il s'agit d'une question de vie ou de mort" pour cette ville située à quelques kilomètres seulement de la Turquie.

M. Can a confié que des civils avaient refusé de quitter la troisième ville kurde de Syrie, presque totalement vidée de ces habitants depuis le début de l'offensive jihadiste le 16 septembre. "Ma mère par exemple a refusé" de partir, a-t-il précisé. Des milliers de personnes se sont réfugiées en Turquie voisine ces dernières semaines.

Alors que l'EI, fort de sa supériorité militaire et numérique, a réussi à pénétrer lundi dans la ville, le porte-parole a reconnu que "les munitions des YPG n'étaient pas importantes" mais qu'elles "ne manquaient pas", en raison de la saisie d'importantes quantités lors des combats contre l'EI.

Interrogé sur une déclaration du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a affirmé que Kobané était "sur le point de tomber" entre les mains des jihadistes, M. Can s'en est pris à Ankara, affirmant que la Turquie "aidait l'EI de toutes ses forces pour ensuite se présenter en sauveur".

L'armée turque a reçu la semaine dernière le feu vert du Parlement pour s'engager en Syrie comme en Irak, mais n'est pas encore intervenue.

"Nous sommes contre toute intervention militaire turque (...) si Erdogan veut vraiment protéger Kobané comme il le prétend, qu'il permette aux jeunes kurdes de traverser la frontière et qu'il laisse passer les munitions", a réagi le porte-parole des YPG. "Erdogan n'a aucune intention de combattre l'EI (...) il veut nous placer devant un dilemme: l'occupation de l'EI ou l'occupation d'Erdogan", a-t-il ajouté.
S'ils réussissaient à conquérir entièrement Kobané, les jihadistes s'assureraient le contrôle sans discontinuité d'une longue bande de territoire à la frontière syro-turque.