Le sel, un redoutable ennemi du cœur

Halte au sel ! L'Organisation mondiale de la santé (OMS) est déterminée à réduire de 30 % la consommation de sel dans le monde d'ici à 2025. À l'occasion de la Journée mondiale du cœur, célébrée le 29 septembre, elle invite les pays membres à adopter des réglementations dans ce sens. Et pour cause ! Le sel est la principale cause des maladies non transmissibles, notamment les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux (AVC), avance l'OMS. Ce condiment est également à l'origine de près de 1,6 million de décès par an, selon une étude récente publiée dans le New England Journal of Medicine. Comment le sel nuit-il à la santé du cœur ? Le point avec le Dr Rabih Azar, cardiologue.

Quels sont les méfaits du sel ?
L'excès de sel est l'une des principales causes de l'hypertension artérielle (HTA), qui est le facteur de risque cardio-vasculaire le plus important dans le monde. Le sel et l'hypertension constituent en fait l'une des principales causes de l'infarctus du myocarde, de l'accident vasculaire cérébral ischémique, de l'insuffisance rénale et des pathologies de l'aorte (anévrisme...). Ils représentent, par conséquent, l'une des principales causes de mortalité et de morbidité dans le monde.

Comment la réduction des apports en sel permet-elle de préserver le cœur ?
Le sel est éliminé par les reins. Ce processus varie d'une personne à une autre. En effet, certaines personnes sont capables d'éliminer des quantités importantes de sel rapidement au moment où d'autres, par prédisposition génétique ou en raison de maladies rénales, sont incapables d'éliminer toute la quantité de sel ingérée. L'excès de sel aboutit ainsi à une rétention d'eau, ce qui augmente la tension artérielle et cause, sur le long cours, la survenue des maladies susmentionnées. Donc, une personne qui suit un régime pauvre en sel réduit ses risques de surcharge volumétrique (œdèmes, hypertension), protégeant ainsi le cœur et les vaisseaux sanguins.

Quelle est la quantité idéale de consommation de sel conseillée par jour ?
Les recommandations internationales consistent à réduire l'apport journalier en sodium à 2 g, soit l'équivalent de près de 5 g de sel. Ces recommandations s'appliquent à tous les individus, même s'ils ne sont pas hypertendus. Certains pays, les États-Unis à titre d'exemple, recommandent de diminuer cette quantité encore plus chez les personnes âgées de plus de 51 ans et chez celles souffrant de pathologies cardio-vasculaires telles que l'hypertension artérielle ou l'insuffisance cardiaque.

Combien en consomme-t-on ?
La consommation de sel varie d'un pays à l'autre. Malheureusement, nous ne disposons pas de chiffres pour le Liban. Nous savons toutefois qu'aux États-Unis, un individu consomme en moyenne 3,4 g de sodium par jour, c'est-à-dire l'équivalent de 8 g de sel. En France, les hommes consomment 8,7 g de sel par jour et les femmes 6,7 g. À ces apports provenant essentiellement des aliments consommés, s'ajoutent quelque 1 à 2 g de sel par jour qu'ajoute le consommateur aux plats et à l'eau de cuisson.

D'où vient le sel qu'on consomme? Comment peut-on en réduire les apports ?
Plus de 70 à 80 % du sel consommé provient d'un groupe de six aliments : le pain et les biscottes ; la charcuterie ; les soupes ; les fromages ; les plats cuisinés ; les pizzas, les quiches et les pâtisseries salées. Signalons que les aliments manufacturés (conserves...) contiennent des quantités importantes de sel, contrairement aux aliments frais, aux légumes et aux fruits.
Pour réduire les apports en sel, il est important d'afficher sur les aliments manufacturés leur teneur en sel pour mieux renseigner le consommateur. Cette pratique a fait ses preuves.

Quelle est la situation des maladies cardiaques au Liban?
Notre équipe de recherche au service de cardiologie à l'Hôtel-Dieu de France a récemment réalisé une étude épidémiologique nationale sur l'hypertension artérielle (voir L'Orient-Le Jour du 20 mai 2014). Il en ressort que l'HTA constitue une épidémie au Liban, touchant près de 36 % de la population active. Ce qui est encore plus grave, c'est que 50 % des personnes hypertendues ignorent leur état. Seuls 27 % des hypertendus ont leur pression artérielle sous contrôle. Cela est d'autant plus grave que l'hypertension est une cause principale des maladies cardio-vasculaires et cérébro-vasculaires, ainsi que de l'insuffisance rénale. Ces pathologies sont fréquentes chez les Libanais.

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