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Moyen Orient et Monde - Transition

En Afghanistan, l’accord de partage du pouvoir suscite doutes et méfiance

Lors de sa première conférence de presse depuis sa victoire, le nouveau président afghan, Ashraf Ghani, a réaffirmé : « Nos rivaux d’hier seront nos partenaires de demain. » Omar Sobhani/Reuters

Les résultats secrets de la présidentielle ayant couronné Ashraf Ghani et l'accord de partage de pouvoir obtenu à l'arraché avec son rival Abdullah Abdullah risquent d'affaiblir la légitimité du futur gouvernement afghan, confronté à une myriade de problèmes à la veille du retrait des forces de l'Otan.
À l'issue d'intenses pourparlers, la Commission électorale indépendante (IEC) a annoncé dimanche la victoire de M. Ghani au second tour de la présidentielle, le 14 juin, sans chiffrer ses appuis. Le camp de son rival Abdullah Abdullah héritera quant à lui d'un nouveau poste, celui de « chef de l'exécutif », une sorte de Premier ministre. « Nous ne savons pas si ce gouvernement d'union nationale est bien le reflet des résultats des élections », écrivait hier Kate Clark, du Réseau des analystes afghans. « Cette transition politique... ne peut donc pas être qualifiée de démocratique, car elle n'a pas permis à des moyens démocratiques de déterminer le vainqueur de l'élection », ajoute-t-elle. « Malgré une forte participation, l'accord pour former un nouveau gouvernement a été obtenu derrière des portes closes et grâce à une forte pression étrangère », souligne-t-elle.

Un accord à tout prix ?
Après les allégations de fraude formulées par M. Abdullah à l'issue du second tour, le secrétaire d'État américain John Kerry avait arraché aux deux rivaux un accord sur la tenue d'un audit des 8,1 millions de bulletins de vote et la formation d'un gouvernement d'union nationale. Malgré cet audit, la commission électorale n'a pas annoncé de résultats chiffrés et définitifs de la présidentielle. Les discussions sur la formation d'un gouvernement d'union nationale ont, elles, failli capoter alors que la future administration n'est pas à l'abri d'une sortie de piste. « Chaque équipe tente de placer son entourage, je pense donc qu'il va y avoir de nouveaux problèmes dans le futur », estime l'analyste politique afghan Mia Gul Waseeq. Selon le texte de l'accord, le président et le chef de l'exécutif auront des représentations égales au sein de plusieurs institutions économiques et sécuritaires, dont le Conseil national de sécurité. « Chaque nouvelle situation suscitera ainsi une réaction d'un côté et une réaction différente de l'autre. Les chefs devront contrôler leurs ouailles », dit M. Waseeq à l'AFP.
Les derniers mois de tensions ont d'ailleurs réveillé des rivalités ethniques, notamment entre Tadjiks du Nord soutenant M. Abdullah et Pachtouns du Sud plutôt favorables à M. Ghani. L'éclatement de la coalition gouvernementale pourrait dégénérer sur fond de ses rivalités ethniques dans un scénario rappelant la guerre civile des années 1990 ayant favorisé l'arrivée au pouvoir des talibans. Mais, note Ahmad Zia Rafaat, maître de conférence à l'université de Kaboul, la présidence de Karzaï, « a bien montré que toutes les tribus pouvaient être représentées dans le gouvernement ».
Dans ce scénario d'un gouvernement divisé, Hamid Karzaï pourrait demeurer un acteur-clé du jeu politique, lui qui a néanmoins pris ses distances avec l'accord entre MM. Ghani et Abdullah. « Le contenu de cet accord a été établi par eux, je n'ai pas été impliqué », a-t-il déclaré ce week-end lors de la cérémonie de signature de ce document phare pour l'avenir à court terme du pays.

Les résultats secrets de la présidentielle ayant couronné Ashraf Ghani et l'accord de partage de pouvoir obtenu à l'arraché avec son rival Abdullah Abdullah risquent d'affaiblir la légitimité du futur gouvernement afghan, confronté à une myriade de problèmes à la veille du retrait des forces de l'Otan.À l'issue d'intenses pourparlers, la Commission électorale indépendante (IEC) a...

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