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Moyen Orient et Monde - Révolte

Les Kurdes syriens poussés à un exode impitoyable

Kobané est « totalement assiégée » par l'EI qui a pris plus de 60 villages ; l'opposition syrienne en exil met en garde contre un « nettoyage ethnique ».

Des heurts ont éclaté hier entre les forces de l’ordre turques et de jeunes Kurdes qui manifestaient à la frontière syro-turque. Bulent Kilic/AFP

Les jihadistes de l'État islamique (EI) assiégeaient hier une ville-clé kurde en Syrie après avoir pris des dizaines de villages kurdes à la frontière syro-turque.

Une prise de Aïn el-Arab (Kobané en kurde), troisième agglomération kurde de Syrie située à la frontière turque, est cruciale pour l'EI car elle lui permettrait de contrôler une large portion de la frontière syro-turque sans discontinuité et de renforcer son emprise dans le Nord syrien où il occupe de vastes régions. Selon le chef de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, Kobané est « totalement assiégée » par l'EI qui a pris plus de 60 villages dans les environs depuis le lancement de sa nouvelle offensive mardi dernier pour reprendre la ville. Il « progresse et se trouve à une dizaine de km » de Kobané. Les combats font rage entre les jihadistes, munis d'armes lourdes et de chars, et les combattants kurdes qui défendent Kobané avec l'aide de leurs frères d'armes venus de Turquie. Les affrontements ont fait près de 70 morts dans les deux camps, selon l'ONG qui a affirmé que le sort de 800 habitants « restait inconnu ».

(Repère : Coalition internationale contre l'EI : Qui va faire quoi?)


Devant l'intensité des violences et les craintes des exactions des jihadistes, les civils kurdes de la ville et de ses environs continuaient de fuir vers la Turquie, d'après l'OSDH. Alors que quelque 70 000 Kurdes syriens sont arrivés en Turquie depuis vendredi dernier, selon le Haut-Commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR), des heurts à la frontière ont provoqué hier la fermeture de la majorité des points de passage, des dizaines de réfugiés attendant encore de franchir les barbelés. Les gendarmes et la police ont fait usage de grenades lacrymogènes et de canons à eau pour disperser les manifestants puis ont fermé la plupart des points de passages du secteur, dont un était utilisé par les combattants kurdes se rendant en Syrie. Le HCR a évoqué l'arrivée possible de « centaines de milliers » de personnes supplémentaires en Turquie, alors que l'opposition syrienne en exil a mis en garde contre un « nettoyage ethnique ». « Les rues de Kobané sont quasiment vides et il y a un grand sentiment de peur », a affirmé au téléphone Mustefa Ebdi, militant syrien kurde qui effectue des allers-retours entre la frontière et la cité. Des civils, « dont des personnes âgées et handicapées, ont été exécutés dans les villages, mais nous n'avons pas de chiffre exact », a-t-il ajouté en pleurant, ajoutant que « l'EI pille les maisons ».

« Un seul avion américain »

« Il y a des milliers d'hommes armés qui sont préparés à défendre la ville jusqu'à la dernière goutte de leur sang. Mais que peuvent-ils faire face aux armes lourdes de l'EI ? » a-t-il demandé. « Nous avons besoin d'un seul avion américain pour frapper ces barbares. Où est la coalition anti-EI (menée par les États-Unis) ? Ils doivent sauver le peuple kurde », a lancé Mustefa Ebdi.

(Lire aussi : En Syrie aujourd’hui, comme au Liban hier, la guerre des autres...)


Les rebelles kurdes de Turquie ont quant à eux renouvelé leur appel à aller combattre dans le nord de la Syrie pour contrer l'offensive de l'État islamique. Un député kurde de Turquie s'étant rendu à Kobané rapporte que les habitants lui ont déclaré que les combattants de l'EI décapitaient des gens en progressant de village en village. « C'est vraiment une situation honteuse pour l'humanité », a-t-il ajouté en réclamant une réaction de la communauté internationale. Cinq de ses collègues députés prévoient d'entamer une grève de la faim devant les locaux de l'Onu à Genève pour inciter les gouvernements à agir, a-t-il assuré.

Dans sa stratégie antijihadiste annoncée début septembre, le président américain Barack Obama, dont le pays mène des frappes contre les positions de l'EI en Irak depuis le 8 août, a affirmé qu'il était prêt à faire de même en Syrie, mais aucune action militaire n'a encore été entreprise dans ce pays. L'ambassadrice américaine à l'Onu Samantha Power a d'ailleurs indiqué hier sur la chaîne américaine CBS qu' « aucune décision » n'avait encore été prise quant à des frappes en Syrie. « Je fais la prédiction que nous ne serons pas seuls à frapper la Syrie si le président décide de le faire », a-t-elle au passage déclaré sur la chaîne ABC.

(Lire aussi : Le Pentagone élabore une stratégie méticuleuse contre l'EI en Syrie)


Sur un autre plan, le secrétaire d'État américain John Kerry a réaffirmé hier que les États-Unis étaient « extrêmement préoccupés » par l'utilisation de gaz de chlore contre les civils en Syrie, dont le régime du président Bachar el-Assad devra répondre. M. Kerry a cité hier un rapport de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) qui conclut « avec quasi-certitude » que le gaz de chlore a été utilisé systématiquement et à de nombreuses reprises comme arme dans le Nord. Le communiqué du secrétaire d'État est publié peu après que le régime syrien a réaffirmé, le même jour, que les armes chimiques qu'il possédait ont toutes été évacuées et que la Syrie a tenu ses engagements.

En Irak, les forces progouvernementales ont lancé hier une opération pour repousser des insurgés sunnites qui assiègent depuis plus d'une semaine une base de l'armée près de la ville de Fallouja dans l'ouest du pays.

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Les jihadistes de l'État islamique (EI) assiégeaient hier une ville-clé kurde en Syrie après avoir pris des dizaines de villages kurdes à la frontière syro-turque.Une prise de Aïn el-Arab (Kobané en kurde), troisième agglomération kurde de Syrie située à la frontière turque, est cruciale pour l'EI car elle lui permettrait de contrôler une large portion de la frontière syro-turque...

commentaires (2)

Le resultat d'une imbecilite occicon qui croyait angeliquement nous exporter un lot de " democraties , egalites etc... " en nous bombardant pour le beaux yeux de leur monstre usurpateur . Il ne leur reste plus qu'a reconsiderer leur politique de mer..e et evacuer toute cette crasse salafo/sioniste de notre region.Le retour du baton sera terrible sur leurs tetes de turcs .

FRIK-A-FRAK

10 h 39, le 22 septembre 2014

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Commentaires (2)

  • Le resultat d'une imbecilite occicon qui croyait angeliquement nous exporter un lot de " democraties , egalites etc... " en nous bombardant pour le beaux yeux de leur monstre usurpateur . Il ne leur reste plus qu'a reconsiderer leur politique de mer..e et evacuer toute cette crasse salafo/sioniste de notre region.Le retour du baton sera terrible sur leurs tetes de turcs .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 39, le 22 septembre 2014

  • Encore un génocide perpétré par le monstre Etat islamique (éternellement DAECH) ! Encore un exode imposé à tout un peuple ! Et tout cela au 21e siècle ! Et tout cela devant une communauté internationale de merde, menée par le plus lâche président de l'histoire des Etats-Unis !

    Halim Abou Chacra

    04 h 36, le 22 septembre 2014

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