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Moyen Orient et Monde - Référendum

Écosse : suspense jusqu’au bout

Une participation record de l'ordre de 80 % était annoncée de la part des plus de 4 millions de résidents appelés à se prononcer.

Les Écossais ont participé hier à un référendum historique sur leur indépendance, le oui et le non restant jusqu’à la fin très serrés dans les sondages. Leon Neal/AFP

Le suspense aura duré jusqu'à la fin. Les bureaux de vote ont fermé hier soir à 22h00 (21h00 GMT) pour le référendum sur l'indépendance de l'Écosse, une consultation historique dont les résultats devraient être connus tôt ce matin et qui pourrait conduire à l'éclatement du Royaume-Uni.
De Glasgow à Édimbourg, les électeurs devaient répondre à la question « L'Écosse doit-elle devenir un pays indépendant ? », et décider de mettre fin ou non à une alliance qui remonte à 1707. Une participation record de l'ordre de 80 % était annoncée de la part des 4 285 323 résidents écossais de 16 ans et plus appelés à se prononcer, parmi lesquels 600 000 ont déjà voté par correspondance. « Ça a été une journée très chargée », a déclaré Peter Macvean, l'un des responsables des opérations dans l'un des bureaux de vote d'Édimbourg. « Les gens étaient très motivés », a-t-il ajouté. Une heure avant la clôture, des électeurs continuaient en effet à affluer.


Un sondage YouGov auprès de 1 828 personnes ayant voté donnait le non vainqueur à 54 % contre 46 % pour le oui. Cette ultime enquête d'opinion concorde avec les derniers sondages de mercredi qui prédisaient une courte victoire du non, rattrapé en fin de campagne par le oui, mais avec une avance se situant dans la marge d'erreur de 3 %. Ajoutant au suspense, le dernier carré des indécis s'inscrivait dans une fourchette de 4 à 14 %. « Les investisseurs sont convaincus que les Écossais vont rester dans l'Union », a pourtant commenté dans l'après-midi Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com. Plus circonspect, le quotidien des affaires, The Financial Times, a rappelé l'hostilité de la City face aux incertitudes économiques suscitées par les séparatistes.

 

(Lire aussi : Le référendum en Écosse sous la loupe des indépendantistes à travers le monde)


C'est que le débat identitaire a embrasé le territoire ancré depuis 307 ans à ses voisins du Sud, en vertu d'un acte d'union. Face à l'échauffement des esprits, l'Église presbytérienne d'Écosse a prévu pour dimanche « un service de réconciliation » en la cathédrale Saint-Gilles d'Édimbourg. « C'est la chance de toute une vie (...) à saisir des deux mains », a affirmé Alex Salmond, le Premier ministre de l'Écosse semi-autonome, qui votait dans sa circonscription rurale de Strichen. L'ex-locataire travailliste du 10, Downing Street, Gordon Brown, avait montré une ferveur égale la veille au soir à Glasgow, mais en faveur du non. Il a dénoncé un nationalisme « étriqué », égoïste et qui divise.


L'Écosse a changé une dizaine de fois de statut en 1 400 ans d'histoire mouvementée, mais cette fois l'exercice démocratique a donné lieu à une lourde opération logistique. Les 2 600 bureaux de vote se trouvaient en effet éparpillés sur un territoire représentant le tiers de la superficie du Royaume-Uni. Certaines urnes ont été acheminées par ferry ou en hélicoptère. À Édimbourg, la capitale, les affiches en faveur du oui surpassaient de très loin celles en faveur du non. Un zélateur a drapé du Saltire (le drapeau écossais à croix blanche sur fond bleu) la statue du romancier du XVIIIe siècle Walter Scott.

 

(Lire aussi : Un pari économique risqué pour les Écossais ?)


Le scrutin signifie « la mort du statu quo », a reconnu par avance le Premier ministre David Cameron, chef de file du non. Avec ses alliés gouvernementaux libéraux-démocrates et le chef de l'opposition travailliste Ed Miliband, il a promis une autonomie accrue aux Écossais s'ils renoncent à l'indépendance, sous forme de nouvelles prérogatives fiscales. Le cadeau fait déjà des envieux parmi les Anglais, Gallois et Nord-Irlandais majoritairement unionistes, mais qui sollicitent des prérogatives élargies. En cas de victoire du oui, trois choix s'offriront à David Cameron, selon les analystes : avancer la date des élections législatives prévues pour mai 2015, remettre sa démission, ou poser la question de confiance au Parlement. Le triomphe des indépendantistes ouvrirait 18 mois d'acrimonieuses négociations entre Londres et Édimbourg, d'ici à la proclamation de l'indépendance, le 24 mars 2016. Quel que soit le verdict, Alex Salmond, 59 ans, se présentera en vainqueur récompensé au mieux par l'indépendance et au pire par une plus large autonomie. David Cameron a pour sa part prévu de tirer les leçons du scrutin dans une allocution télévisée, ce matin.

 

(Lire aussi :Une Ecosse indépendante menacerait le drapeau britannique de métamorphose)


L'intérêt est vif dans le monde. Le président américain Barack Obama a formulé mercredi soir sur Twitter des vœux pour le maintien d'un Royaume-Uni « fort, robuste et uni ». Le président français François Hollande a mis en garde contre les « égoïsmes », les « populismes » et les « séparatismes ». L'apparition de drapeaux catalan, corse, basque, breton, sarde dans la campagne a nourri les craintes d'une contagion nationaliste chez les dirigeants européens à Bruxelles. « Si l'Europe a peur de ça, je n'aime pas l'Europe », a répondu le Catalan Josep María Terricabras lors d'une conférence de presse à Édimbourg où 29 mouvements séparatistes européens ont signé une déclaration commune.


Enfin, une autre page d'histoire a été écrite hier, quand les membres du prestigieux Royal and Ancient Golf Club de Saint-Andrews ont levé à une écrasante majorité leur veto à l'adhésion des femmes.

 

Le suspense aura duré jusqu'à la fin. Les bureaux de vote ont fermé hier soir à 22h00 (21h00 GMT) pour le référendum sur l'indépendance de l'Écosse, une consultation historique dont les résultats devraient être connus tôt ce matin et qui pourrait conduire à l'éclatement du Royaume-Uni.De Glasgow à Édimbourg, les électeurs devaient répondre à la question « L'Écosse doit-elle...

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