C’est une « Commission politique, dynamique et efficace, prête à donner un nouvel élan à l’Europe. J’ai attribué des portefeuilles à des personnes, pas à des pays. Je place 27 joueurs sur le terrain. Chacun d’eux a un rôle spécifique à jouer. C’est mon équipe gagnante! » déclare Jean-Claude Juncker. John Thys/AFP
Le Français Pierre Moscovici a obtenu les Affaires économiques, en charge notamment de la Surveillance budgétaire, et le Britannique Jonathan Hill les Services financiers, un sujet qui intéresse particulièrement Londres, rapporte l'AFP.
L'Allemand Günther Oettinger passe de l'Énergie à l'Économie numérique.
C'est une « Commission politique, dynamique et efficace, prête à donner un nouvel élan à l'Europe. J'ai attribué des portefeuilles à des personnes, pas à des pays. Je place 27 joueurs sur le terrain. Chacun d'eux a un rôle spécifique à jouer. C'est mon équipe gagnante ! » a déclaré M. Juncker lors d'une conférence de presse où il s'est exprimé successivement en français, anglais et allemand.
La France a dû batailler ferme pour que son ancien ministre des Finances obtienne ce poste sensible. Cette nomination est « bien conforme à la demande et aux souhaits de la France », s'est félicité Paris.
L'Allemagne a longtemps opposé son veto à cette nomination, voyant d'un mauvais œil de confier la surveillance budgétaire au représentant d'un pays coupable de multiples dérapages budgétaires. Le poste était jusqu'ici occupé par le Finlandais Olli Rehn, un chantre de l'orthodoxie.
L'exercice risque d'être compliqué pour le socialiste Pierre Moscovici, qui assistera aux réunions de l'Eurogroupe et devra évaluer la situation économique de la France, qui vient de repousser sa promesse de retour du déficit public à 3 % du PIB à 2017.
La nomination d'un Britannique aux services financiers a surpris et apparaît comme une concession importante faite à la Grande-Bretagne, qui entretient des relations orageuses avec l'Europe, avec un référendum prévu d'ici à 2017 sur son maintien ou non au sein de l'UE. « Il m'a semblé utile que ceux qui connaissent le mieux les problèmes de certains pays viennent de ces pays-là », s'est justifié M. Juncker, à propos de ces deux nominations.
Juncker innove
Tout en rendant hommage à son prédécesseur José Manuel Barroso, qui a dû gérer la crise de la dette et l'intégration de 13 nouveaux États membres pendant ses 10 ans de mandat, M. Juncker a voulu se démarquer en bousculant l'organigramme de l'exécutif européen.
Il a innové en créant sept postes de vice-présidents chargés de piloter les priorités de l'Union européenne, dont un premier vice-président, « bras droit » et « adjoint », en la personne du Néerlandais Frans Timmermans, chargé notamment de « l'amélioration de la réglementation », un autre geste à destination de Londres.
« Les vice-présidents seront des coordinateurs, des animateurs, des team-
leaders, pas des superviseurs. » C'est une « simplification » que de « voir dans les vice-présidents des supercommissaires », a-t-il insisté.
Quatre vice-présidences sont confiées à d'anciens chefs de gouvernement : l'Estonien Andrus Ansip (Marché unique numérique), le Letton Valdis Dombrovskis (Euro et Dialogue social), le Finlandais Jyrki Katainen (Emploi, Croissance, Investissement) et la Slovène Alenka Bratusek (Union de l'énergie).
Les autres sont pour la commissaire sortante bulgare Kristalina Georgieva (Budget et Ressources humaines), et l'Italienne Federica Mogherini, désignée fin août nouvelle chef de la diplomatie européenne.
Parmi les autres portefeuilles-clés, la Suédoise Cecilia Malmström décroche le Commerce, la Danoise Margrethe Vestager la Concurrence et l'Espagnol Miguel Arias Canete le Climat et l'Énergie.
La Polonaise Elzbieta Bienkowska est chargée du Marché intérieur et de l'Industrie, et la Belge Marianne Thyssen de l'Emploi et des Affaires sociales. Le Grec Dimitris Avramopoulos est nommé à l'Immigration et aux Affaires intérieures. L'Agriculture est confiée à l'Irlandais Phil Hogan, et la Politique régionale à la Roumaine Corina Cretu.
La Commission compte neuf femmes sur 28 membres, soit autant que la précédente. « Ce n'est pas vraiment une avancée, mais il n'y a pas de recul », a commenté M. Juncker, qui a dû batailler ferme pour obtenir plus de femmes.
Son équipe doit désormais obtenir le feu vert du Parlement, qui auditionnera un par un chaque commissaire désigné avant de se prononcer sur l'ensemble du collège. La nouvelle Commission doit entrer en fonction le 1er novembre.