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Liban - Loisirs

« Pour le parasol et la table, il faut compter 10 000 LL, pour une chaise longue, c’est 5 000... »

Sur une côte libanaise largement privatisée résistent encore quelques plages publiques, qui offrent la possibilité de se baigner ou de se dorer au soleil sans avoir à payer un droit d'entrée exorbitant. De Tyr à Jbeil, en passant par Beyrouth, petit aperçu d'espaces encore gérés par les municipalités.

Détente, dépaysement et bons moments garantis sur la plage publique de Tyr, de plus en plus prisée par les Beyrouthins.

Même si l'été tire à sa fin et même si dans de nombreux pays on se prépare pour la rentrée scolaire, au Liban, les journées n'en finissent pas de s'étirer au grand bonheur des vacanciers, libanais ou étrangers. Le beau temps est appelé à durer encore au moins deux mois et les journées au bord de la mer sont encore meilleures qu'en juillet ou en août. Mais de quel bord de mer ?
Les habitués des plages ont été affolés cette année par les prix d'entrée aux centres balnéaires privés qui ont accusé, comme les années précédentes, une hausse sensible inexpliquée.
Face à cette augmentation des prix, devenue annuelle, quoique injustifiée, nombreux sont ceux qui ont fini par changer d'adresse. Aujourd'hui, ce sont les plages publiques, mais gérées par des privés, qui ont la cote. Elles fleurissent un peu partout sur les côtés libanaises.
Un vendredi, à Tyr. À l'extrémité de la ville, des vacanciers descendent d'un taxi-service, traversent le parking et ôtent leurs chaussures. Devant eux, une cinquantaine d'échoppes numérotées sont alignées le long de la côte. C'est la plage publique de Tyr. La municipalité est responsable du nettoyage, fixe les prix des services proposés par les différents commerçants qui lui louent leur stand, et emploie un maître nageur pour surveiller cette plage qui s'étend sur plusieurs centaines de mètres.
Une femme est assise avec sa sœur. Son mari est occupé à se faire ensevelir sous les poignées de sable consciencieusement entassées par leurs deux filles. Pour le parasol et la table, il faut payer 10 000 LL, pour une chaise longue, c'est 5 000. Habitant dans un village à une demi-heure de la plage, cela ne les dérange pas de faire le déplacement : « La plage est belle, ce n'est pas cher et les enfants peuvent jouer tranquillement. Il y a un maître nageur qui jette aussi un coup d'œil sur la plage », résume-t-elle. Le seul inconvénient à ses yeux : la propreté de la plage et des sanitaires. Néanmoins, l'état des lieux semble surtout dépendre de l'heure à laquelle les vacanciers décident de se faire dorer au soleil : plusieurs qui sont arrivés plus tôt dans la journée ont trouvé l'endroit très propre. Les gens amènent avec eux leur nourriture et leur boisson, chose qu'ils ne peuvent pas se permettre s'ils vont sur une plage « privée ». Ils peuvent tout aussi bien profiter de ce que les restaurants-échoppes qui longent la plage leur offrent.
Imane est locataire d'une des échoppes, et fait faire une petite visite des lieux. Jouets pour enfants, nourriture à emporter, grillades, boissons, narguilés... « Il y a des gens de Tyr qui viennent, mais aussi beaucoup de touristes, des gens de pays du Golfe par exemple. L'été, on ouvre de 7 heures à 2 heures du matin ! » On vient aussi de Beyrouth, surtout au cours du week-end. Plusieurs Beyrouthins sont devenus des habitués des lieux.

Ramlet el-Baïda, une plage familiale par excellence
Mardi, Beyrouth. Tout au bout de la corniche de Ras Beyrouth, on peut descendre sur la plage de Ramlet el-Baïda. Une vingtaine de personnes travaillent à la bonne tenue de la plage municipale. Les familles se groupent autour de tables, à l'ombre, et contemplent souvent les enfants s'adonner à la construction d'improbables châteaux de sable ou de barrages pour contenir la mer. Certains vont jouer au volley, d'autres profitent des balançoires, se baignent... Il est interdit d'apporter de l'alcool, et on n'en trouve pas dans le petit chalet de plage qui permet aux promeneurs de se désaltérer, ou de fumer le narguilé, jusqu'à 19 heures et la fermeture des lieux.
Les familles ou groupes d'amis s'accordent à dire que l'endroit est agréable. Même si chacun y ajoute son bémol. Certains avancent la propreté relative de l'eau et de la plage. D'autres les prix, qui sont toutefois comparables à ceux de Tyr. Certains déplorent qu'on leur fasse payer les prix des parasols et des transats qu'ils commandent. « On nous dit que la plage est gratuite. Il n'y a pas de droit d'entrée, mais il faut tout payer. » Ils ignorent en fait que c'est là en effet le cœur du concept de la plage publique : les chaises et les parasols peuvent être loués, moyennant des sommes raisonnables, mais personne ne peut empêcher les vacanciers de les amener avec eux. La plupart des gens déboursent sans problème les 5 000 LL pour le parasol, ou les 5 000 LL pour une chaise longue. Sur les plages publiques, cela ne pose donc aucun problème de venir avec sa nourriture, son parasol, sa chaise... À l'image de ce père, dont la petite fille accroche le bras, qui porte des fauteuils de plage et un sac de pique-nique. C'est un habitué, résidant du quartier, qui vient presque tous les jours l'été.

Chatt el-Bahsa, un lieu de convivialité
Jbeil. Jeudi, petit détour par la plage de galets, Chatt el-Bahsa, qui porte bien son nom. Il n'est pas midi que les amateurs de baignade ou de bain de soleil sont déjà bien installés. Les uns étendus sur des transats – 5 000 LL – luisants de crème solaire, d'autres ont investi l'eau claire, très propre, sous l'œil du maître nageur. En léger surplomb, un petit bar, qui propose aussi des snacks et qui semble gérer la plage. « Ici, c'est pour tout le monde, déclare la maîtresse des lieux. La petite chaise n'est qu'à 2 000 LL, les petites tables basses sont libres et gratuites. Le parasol est à 5 000 LL. Et bien sûr, si les gens le souhaitent, ils peuvent venir avec leurs affaires et ne rien dépenser. » Il est même possible d'emmener son propre narguilé, tant qu'on ne fait rien de dangereux. « La plage est convoitée, poursuit-elle. Elle est propre et l'eau est magnifique. » On ne peut que lui donner raison, et les vacanciers s'empressent d'aller dans ce sens. Mahmoud est venu de Beyrouth pour en profiter. Trois transats plus loin, des jeunes filles ont fait le déplacement depuis Dhour Choueir. Une famille vient de Dora. Croulant sous les bouées, et les jeux de plage, la mère explique qu'elle vient ici parce que c'est un bon lieu pour se détendre en famille.
Si certains savourent une boisson à l'ombre du bar, beaucoup sont venus avec de quoi manger et boire. « Les gens ne sont pas toujours très propres », regrette la tenancière. Si quelques déchets épars semblent lui donner raison, la propreté des lieux n'est pas à discuter. La plage est nettoyée trois fois par jour, des poubelles sont mises à disposition. Une petite fille se hisse d'ailleurs sur la pointe des pieds pour y jeter son emballage de biscuit. Avant de courir rejoindre ses parents, pieds nus, sans avoir à craindre quoi que ce soit.
Dans un Liban dont le littoral appartient majoritairement à des particuliers, à des hôtels, des complexes ou des bars, les plages publiques sont-elles vouées à disparaître ? Libres d'accès, surveillées, nettoyées (plus ou moins), elles semblent convenir aux vacanciers qui les investissent en masse. Tyr, Jbeil, Beyrouth, toutes sont très fréquentées, même si le public tend à leur trouver des inconvénients. Inconvénients qui n'empêchent pas les familles et groupes d'amis de profiter des lieux et des services proposés, en passant un peu de temps, protégé du soleil de plomb par un parasol, fumant le narguilé, ou en discutant autour d'une limonade, d'une bière, en bronzant sur une chaise longue, en jouant au volley... Il y en a pour tous les goûts !

Même si l'été tire à sa fin et même si dans de nombreux pays on se prépare pour la rentrée scolaire, au Liban, les journées n'en finissent pas de s'étirer au grand bonheur des vacanciers, libanais ou étrangers. Le beau temps est appelé à durer encore au moins deux mois et les journées au bord de la mer sont encore meilleures qu'en juillet ou en août. Mais de quel bord de mer ?Les...
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