Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, a placé sous le règne du « califat islamique » une ville du nord-est du Nigeria prise par le groupe islamique armé, dans une vidéo publiée hier.
« Merci à Allah qui a donné à nos frères la victoire à Gwoza », qui fait désormais « partie du califat islamique », déclare Shekau dans une vidéo de 52 minutes. Rappelons que dans une précédente vidéo diffusée le 13 juillet, Shekau avait apporté son soutien au chef de l'État islamique Abou Bakr al-Baghdadi, qui contrôle de larges pans de territoires en Irak et en Syrie et a été proclamé par son groupe « calife » de tous les musulmans. Mais Shekau ne mentionne pas Baghdadi dans la vidéo d'hier et n'explique pas plus précisément s'il se range sous la bannière de Baghdadi ou s'il crée un nouveau califat au Nigeria.
Dans cette nouvelle vidéo tournée en plein air, présentant des images de mauvaise qualité, Shekau s'exprime alternativement en arabe et en haoussa, principale langue du Nord. Il est habillé d'un treillis militaire, chaussé de bottes noires et porte un kalachnikov sur l'épaule. Il est flanqué de cinq hommes masqués et armés. Derrière eux sont stationnés trois véhicules tout-terrain, avec à l'arrière-plan de la végétation, dont des arbres. « Ils appellent (ce pays) le Nigeria. » « Nous sommes dans le califat islamique. Nous n'avons rien à faire avec le Nigeria », déclare encore Shekau, qualifié de « terroriste à l'échelle mondiale » par les États-Unis qui ont mis à prix sa tête pour 7 millions de dollars. « Nous n'allons pas quitter la ville (de Gwoza). Nous sommes venus pour rester », affirme plus loin dans la vidéo un autre militant non identifié.
Après le monologue de 25 minutes de Shekau, la vidéo montre des combattants tirant des roquettes depuis des pick-up et d'autres militants lourdement armés tirant dans les rues d'une agglomération. La vidéo montre ensuite des scènes atroces d'exécution, similaires à celles vues sur des vidéos de l'État islamique diffusées ces dernières semaines. Dans une scène, une vingtaine d'hommes habillés en civil, les mains liées dans le dos et allongés sur une route, sont exécutés chacun à son tour d'une balle dans la tête.
Selon l'agence humanitaire des Nations unies (Ocha), Boko Haram s'est emparé en août de Gwoza, situé dans l'État de Borno. Depuis avril, le groupe radical s'est emparé de nombreuses localités et contrôle des zones entières du nord-est du pays d'où l'armée a disparu, selon les témoignages d'habitants, de responsables de la sécurité et d'experts. La stratégie de Boko Haram a évolué, passant de la guérilla à une logique de conquête de territoires, selon plusieurs analystes. L'insurrection armée de Boko Haram et sa répression féroce par l'armée nigériane ont fait plus de 10 000 morts depuis 2009, selon des estimations. Quelque 4 000 personnes ont été tuées depuis début 2014 d'après Amnesty International, et 650 000 personnes chassées de leurs foyers selon l'Onu.
(Source : AFP)
Moyen Orient et Monde - Nigeria
Une ville prise par Boko Haram placée sous le règne du « califat islamique »...
OLJ / le 25 août 2014 à 00h31