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Culture - Collectionneurs

Abraham Karabajakian : « L’art unifie les Libanais »

Convaincu de l'importance de l'art dans la vie des gens, Abraham Karabajakian est un partageur. Il a ainsi décidé il y a quelques mois, avec son ami et partenaire Roger Akoury, de dévoiler quelques-unes de leurs plus belles acquisitions au public.

Abraham Karabajakian : « L’art est finalement l’un des rares domaines qui unit les Libanais. » (Photos Michel Sayegh)

Tout a commencé il y a une vingtaine d'années, lorsqu'Abraham tombe par hasard, lors d'un voyage à l'étranger, sous le charme d'une Princesse des Caraïbes. Une toile du peintre yougoslave Kiro Urdin exposée dans une galerie parisienne, dont les couleurs fortes l'aimantent si puissamment qu'il en acquiert immédiatement une litho. Un premier coup de cœur qui pavera la voie à sa passion pour l'art.
« J'ai ainsi commencé à acheter des pièces que j'aimais. Sans la moindre intention, au départ, de monter une collection. Mon budget de jeune homme étant limité, je m'offrais surtout des gravures et des lithographies », raconte-t-il. « Et c'est, d'ailleurs, toujours au coup de cœur que je continue de fonctionner, affirme-t-il. Car je privilégie l'attrait pour l'œuvre elle-même au prestige de sa signature. » Même si aujourd'hui, ayant étoffé son penchant pour l'art, de lectures, d'informations, de voyages autour du monde, de visites de galeries, musées, ventes... certaines signatures l'intéressent particulièrement. Et que désormais bien installé dans la vie professionnelle, Abraham Karabajakian a, depuis, constitué une impressionnante collection de peintures, sculptures et photographies de grands artistes.
Reste qu'en s'associant, il y a trois ans, avec Roger Akoury, il a démultiplié son potentiel d'achat de très belles pièces qu'il convoitait. « Lesquelles, comme tout objet de beauté, ne sont pas faites pour être cachées mais pour êtres admirées », assure cet esthète.

Visites, sur rendez-vous, les samedis
Partant de ce postulat, le duo Karabajakian et Akoury a ainsi eu l'idée d'ouvrir, à raison d'un jour par semaine, chaque samedi, leur collection commune aux visiteurs intéressés. Et d'organiser des visites guidées (par deux étudiantes en art de l'Alba) de leur vaste espace KA situé au cinquième étage d'un immeuble résidentiel de Dbayé* où est exposée une petite partie de leur riche collection, comprenant au total plus de 600 œuvres d'art moderne et contemporain libanais et international.
À Dbayé, l'espace de 900 m², magnifiquement réaménagé en cimaises muséales est surtout dédié aux grandes toiles et sculptures d'artistes modernes et contemporains libanais qui forment le noyau central de la collection. Avec, en tête de liste, le trio cher au cœur d'Abraham Karabajakian : Paul Guiragossian, Chafic Abboud et Saliba Doueihy, l'espace KA déroule plus d'une centaine de très belles pièces signées également Hussein Madi, Huguette Caland, Aref el-Rayess, Élie Kanaan, Assadour, Nabil Nahas, Marwan Sahmarani, Salwa Raouda Choucair, Alfred Basbous, Saïd et Ayman Baalbaki... pour n'en citer que quelques-uns. Seuls intrus dans cette palette libanaise, quelques pointures syriennes et irakiennes célèbres à l'instar de Marwan (Bachi) et Dia el-Azzaoui, mais aussi le « Picasso indien » Maqbool Fida Hussein, le Franco-Arménien Carzou ou encore le renommé postcubiste français Claude Venard. Et puis, il y a un nouveau venu de talent, le jeune Palestinien Abdul-Rahman Katanani qui transforme la tôle ondulée des camps en fresques contemporaines...
En ouvrant l'espace KA, les deux collectionneurs avaient pour objectif de faire découvrir au public les meilleurs artistes du pays du Cèdre, mais surtout de développer, à travers l'appréciation des œuvres exposées, un sentiment d'unité nationale. « Car l'art communique toujours un message de paix, d'harmonie, de beauté... », assure Abraham Karabajakian. Poursuivant : « D'ailleurs, on aime le travail d'un artiste indépendamment qu'il soit chrétien, musulman ou druze... On parle de son talent, de son style, de ses couleurs et non pas de ses appartenances politique ou religieuse. L'art est finalement l'un des rares domaines unificateurs au Liban. » Le promouvoir, faire notamment (re)découvrir quelques-uns des plus beaux chefs-d'œuvre d'artistes libanais ramenés au pays après avoir été disséminés à travers le monde... C'est ce rôle-là que veut jouer ce collectionneur, également membre de l'association Apeal qui œuvre à l'édification d'un véritable musée d'art moderne et contemporain libanais, auquel Abraham Karabajakian ambitionne de prêter quelques-unes des plus belles pièces en sa possession. Toujours dans le but de « soutenir l'art libanais et levantin », dit-il mais également de participer à l'embellissement de la vie de ses compatriotes, convaincu que l'art « enrichit et rehausse tout : les espaces comme les esprits ! »

*Résidence Marina Bay, Dbayé Marina. Visites sur rendez-vous, entre 11h et 18h. Tél. 76-924431.

Tout a commencé il y a une vingtaine d'années, lorsqu'Abraham tombe par hasard, lors d'un voyage à l'étranger, sous le charme d'une Princesse des Caraïbes. Une toile du peintre yougoslave Kiro Urdin exposée dans une galerie parisienne, dont les couleurs fortes l'aimantent si puissamment qu'il en acquiert immédiatement une litho. Un premier coup de cœur qui pavera la voie à sa...

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