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À La Une - Liban

Les jihadistes ont disparu de Ersal, le sort des otages demeure incertain

"La localité sent la mort", selon cheikh Mohyeddine Nassabayh, membre de la délégation des ulémas musulmans.

A Ersal, "un des camps de réfugiés syriens a totalement brûlé et il y a des corps à l'intérieur", selon un membre de la délégation des ulémas musulmans ayant mené les négociations avec les jihadistes qui ont combattu pendant 5 jours l'armée libanaise dans cette localité sunnite de la Békaa. REUTERS/Hassan Abdallah

Plus aucun jihadiste n'était visible jeudi dans la localité de Ersal dans la Békaa (est du Liban), après cinq jours de combats meurtriers avec l'armée. Une trêve annoncée mercredi tenait toujours jeudi en début de soirée, à la suite d'une bataille inédite entre soldats libanais et takfiristes venus de Syrie, la plus dangereuse flambée de violence au Liban depuis le début de la guerre dans le pays voisin il y a trois ans. Les combats ont éclaté après l'arrestation samedi d'Imad Ahmad Jomaa, un chef du Front al-Nosra, branche syrienne d'el-Qaëda.

La localité sunnite de Ersal a été partisane de la première heure de la rébellion contre le régime de Bachar el-Assad, accueillant 47 000 réfugiés syriens, et était considérée comme une base arrière des rebelles de l'autre côté de la frontière.

Des ulémas sunnites venus négocier avec les jihadistes avaient obtenu mercredi leur retrait dans les 24 heures. Jeudi, aucun affrontement n'a été enregistré. Des transports de troupes, des chars et des véhicules de l'armée étaient postés à l'entrée de l'agglomération, a constaté le correspondant de l'AFP. Les journalistes étaient interdits d'entrer dans la localité.

 

(Repère : Le Liban dans l'engrenage du conflit syrien)

 

"Tous partis"
A l'intérieur, "aucun homme armé n'était visible aujourd'hui", a affirmé Wafiq Khalaf, un membre du conseil municipal contacté au téléphone par l'AFP. "Ils sont tous partis, on ne les voit plus. A moins qu'ils ne soient cachés", a-t-il indiqué.

Une source militaire a affirmé à l'AFP ne "pas être en mesure de dire si les hommes armés étaient partis de Ersal tant que l'armée n'est pas à l'intérieur" de la localité. Le négociateur cheikh Mohyeddine Nassabayh a assuré "qu'il n'y avait plus que des civils dans la localité".

Selon M. Khalaf, "il y a beaucoup de destructions", des magasins calcinés, des maisons détruites. Certains, selon lui, ont rouvert leurs échoppes mais la "circulation reste timide car les gens n'osent pas encore sortir de chez eux".

"Un des camps de réfugiés syriens a totalement brûlé et il y a des corps à l'intérieur. La localité sent la mort", a indiqué pour sa part le négociateur cheikh Hossam al-Ghali. Selon lui, les gens manquent de pain. Trois camions d'aide sont entrés dans la localité de 35 000 habitants dans l'après-midi, selon le correspondant de l'AFP.

 

(Lire aussi: Des centaines de réfugiés syriens quittent Ersal pour la Syrie)

 

"Depuis mercredi soir, la situation s'est améliorée", a expliqué de son côté un habitant de Ersal à L'Orient-Le Jour sous couvert de l'anonymat. "Les jihadistes se sont retirés, et les gens ont commencé à sortir de leur maison", ajoute-t-il.

 

Les otages, "le point le plus épineux des négociations"
Les affrontements ont coûté la vie à 17 soldats et des dizaines de jihadistes et de civils entre samedi et mercredi, avant qu'une trêve ne soit établie grâce à la médiation des ulémas sunnites. Le HCR a fait état de 38 morts et 268 blessés parmi la population. A la faveur de la trêve, la Croix Rouge libanaise a évacué 44 blessés libanais et syriens, selon son directeur Georges Kettaneh. Le journaliste de l'AFP a vu un convoi d'une vingtaine d'ambulances sortir de Ersal.

 

(Voir aussi notre diaporama : Tombés pour le Liban)

 

Selon des sources proches des rebelles, la bataille d'Ersal a coûté la vie à plusieurs membres de "l'Etat islamique" (EI, ex-Daech), groupe jihadiste actif en Syrie et en Irak. Parmi ces morts, figurent notamment un de leurs chefs, Abou Hassan al Homsi, et un autre chef d'origine jordanienne, selon ces mêmes sources.

Par ailleurs, 19 soldats et 17 policiers étaient toujours retenus jeudi soir par les jihadistes. Trois policiers ont été relâchés mardi, et trois militaires mercredi.
Les membres des forces de l'ordre faits prisonniers "ont été conduits par les hommes armés dans la montagne surplombant Ersal", a déclaré le chef de l'armée, le général Jean Kawahji.
Une source ministérielle a confié à l'AFP que "leur libération demeurait le point le plus épineux des négociations".

La délégation des ulémas a souligné jeudi que les otages vont tous bien, ajoutant qu'elle attend que les canaux de communication avec les jihadistes se rétablissent. Elle a dans ce cadre indiqué qu'elle restera à Ersal jusqu'à ce qu'elle reçoive des nouvelles concernant les détenus.

A l'aube, un commando de l'armée a réussi à libérer sept membres des Forces de sécurité intérieure (FSI) qui étaient entre les mains des jihadistes, a en outre rapporté l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).

Pour sa part, le Front al-Nosra a indiqué jeudi avoir retiré ses combattants de Ersal après avoir reçu des garanties que ses habitants ne seront pas attaqués, rapportent les médias locaux. Le groupe jihadiste, qui a combattu avec l'Etat islamique contre l'armée, a en outre affirmé avoir libéré six des militaires pris en otage, "en signe de bonne volonté" , ajoutant que le reste des détenus ont "un cas particulier dont nous discuterons plus tard". Le Front a en outre indiqué avoir été surpris de la riposte de l'armée "qui a bombardé et brûlé des maisons et des camps à Ersal".

 

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Plus aucun jihadiste n'était visible jeudi dans la localité de Ersal dans la Békaa (est du Liban), après cinq jours de combats meurtriers avec l'armée. Une trêve annoncée mercredi tenait toujours jeudi en début de soirée, à la suite d'une bataille inédite entre soldats libanais et takfiristes venus de Syrie, la plus dangereuse flambée de violence au Liban depuis le début...

commentaires (1)

Ce chantage pour la libération des 19 militaires et 17 policiers n’est pas acceptable. L’armée devra punir d’une main de faire tous les terroristes.

Sabbagha Antoine

17 h 50, le 07 août 2014

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Commentaires (1)

  • Ce chantage pour la libération des 19 militaires et 17 policiers n’est pas acceptable. L’armée devra punir d’une main de faire tous les terroristes.

    Sabbagha Antoine

    17 h 50, le 07 août 2014

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