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Liban - Entretien

Mgr Kassargi à « L’OLJ » : Nous n’arrivons pas à hospitaliser tous les réfugiés irakiens...

L'évêque chaldéen de Beyrouth s'oppose vigoureusement à l'émigration de ses coreligionnaires et condamne l'inaction de la communauté internationale.

Mgr Kassargi célébrant une messe à Yarzé en janvier 2014. Photo Facebook

Dans un entretien à L'Orient-Le Jour, l'évêque chaldéen de Beyrouth Mgr Michel Kassargi raconte comment et combien les réfugiés irakiens arrivés à Beyrouth attendent et espèrent l'aide des Libanais, en attendant que la communauté internationale se bouge pour réprimer l'État islamique (EI) et freiner son expansion.
« Nous ne sommes pas toujours avertis à l'avance du nombre de personnes ayant fui Mossoul et ses alentours, et ceux qui arrivent ne portent sur eux que leurs vêtements : les terroristes leur ont volé toutes leurs possessions. Leur état est misérable, et souvent les jeunes filles avaient les oreilles qui saignaient après que les islamistes leur eurent arraché leurs boucles d'oreilles », explique l'évêque. « En dix jours, 35 familles sont arrivées à Beyrouth de l'aéroport d'Erbil, et nous ouvrons nos portes chaque mercredi et vendredi pour l'inscription, puis nous étudions le dossier de chaque cas afin de décider comment nous pouvons les aider », ajoute-t-il.

(Témoignage : A Mossoul, les jihadistes s'emparent même des boucles d'oreilles des fillettes chrétiennes...)


Cette aide est financière (les sommes dépassent parfois les 500 000 LL) et inclut des portions alimentaires, ainsi que des vêtements. Près de 800 rations alimentaires (riz, pâtes, sucre...), d'une valeur approximative de 50 USD l'unité, seront distribuées aujourd'hui à huit cent familles, auxquelles il faudrait ajouter 500 chaufferettes en prévision de l'hiver prochain. L'évêché peut compter sur une campagne lancée sur les réseaux sociaux, des contributions et des appels multipliés par des amis de Mgr Kassargi, des associations comme Caritas et Basma, ainsi que sur le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï. Le Vatican est même intervenu pour équiper le centre médical de Bauchrieh qui offre des services assez limités mais nécessaires : consultations, tests sanguins, distribution de médicaments, etc. – un projet qui a coûté près d'un million de dollars, et qui est géré en partenariat avec Caritas. C'est le père Paul Karam, représentant de Caritas, qui aide à gérer les besoins médicaux des réfugiés, et l'ONG se charge des frais de santé d'une centaine d'Irakiens. En outre, le patriarcat chaldéen a financé l'achat d'un bus à hauteur de 60 000 USD.

Enseignement gratuit ?

« Malgré cela, nous n'arrivons pas à hospitaliser tout le monde. Les Nations unies n'ont toujours pas accepté de financer les soins de santé des Irakiens, alors qu'elles le font pour les refugiés syriens, dont le nombre est d'un million et demi à peu près. Un groupe de députés du Futur, dont Nabil de Freige, a promis de travailler avec la commission parlementaire de la Santé pour que le ministère couvre les dépenses médicales, mais cela reste sans résultat », regrette Mgr Kassargi. « Nous espérons aussi que le ministère de l'Éducation acceptera d'enregistrer les étudiants irakiens dans les écoles de Sed el-Bauchrieh et leur offrira un enseignement gratuit », poursuit-il.

(Lire aussi : C'est quoi au juste un État islamique ?)


« Nous sommes très opposés à l'émigration des Irakiens, et nous condamnons encore plus les pays occidentaux qui facilitent leur sortie au lieu d'intervenir concrètement et de combattre les terroristes. Ils peuvent très facilement arrêter le financement de l'EI, et il est temps que ces actes inhumains prennent fin.  Ces réfugiés vivaient mieux que la plupart des Libanais avant la guerre en Irak, et malgré les immenses problèmes du Liban, ils sont accueillis de bon cœur. Un millier de familles irakiennes ne doit pas être un poids lourd pour le pays qui reçoit en même temps un million et demi de réfugiés syriens », relève l'évêque, qui condamne en revanche les exactions malhonnêtes de certains courtiers libanais : « Plusieurs propriétaires exploitent ces familles et imposent des prix exorbitants et des contrats inadmissibles. »

Il n'empêche : Mgr Kassargi assure que les autorités libanaises coopèrent avec les chaldéens d'Irak et prennent en considération leur statut de réfugiés, même si aucun accord n'a encore été réalisé concernant la carte d'identification. Quant aux prisonniers irakiens qui croupissent dans les geôles libanaises, l'évêque affirme que la plupart d'entre eux « n'ont commis aucun délit à part avoir été arrêtés parce que leur permis de séjour a expiré », dit-il.


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