Ils ont couru toute la nuit, certains se relayant, d'autres parcourant à eux seuls les kilomètres de Dar el-Khifa à Tebnine, puis Rmeich, Naqoura et enfin Tyr. Vers 8h30 hier ils sont tous arrivés dans les ruines d'el-Bass, le temps de faire un « tour d'honneur », trottant dans l'hippodrome, au beau milieu des ruines, certains fatigués par l'effort physique et leur nuit blanche. Cette « course pour la solidarité » a permis aux militaires d'arpenter ensemble le sud du Liban, pendant près de treize heures, la nuit de jeudi à vendredi.
Les premiers arrêts ou passages dans les villages ont suscité la curiosité des habitants. Familles et badauds s'en sont donné à cœur joie, et ont observé les militaires s'arrêter le temps de s'hydrater, puis repartir ou passer le relais à une autre équipe. Même plus tard dans la soirée, comme à Rmeich vers 23h, il y avait un petit comité pour les regarder traverser la ville. « Une famille a été interrompue dans son dîner par les premiers convois et des jeunes qui passaient dans la rue », s'amuse le lieutenant Marine Pascoet. Coiffés des casquettes de la course et arborant de petits drapeaux pour l'occasion, ils ont patiemment attendu les coureurs pendant près de vingt minutes.
Après leur tour d'honneur dans l'hippodrome, les militaires se sont dirigés, toujours au pas de course, vers l'état-major du secteur sud du Litani, pour un rassemblement et pour marquer le début de la journée de l'armée libanaise.
Regroupés sous le drapeau, ils ont entendu le général Ahmad Assir, chef d'état-major, les remercier pour la solidarité qui les avait unis : « Cette course, c'est aussi pour montrer l'entente entre la Finul et l'armée libanaise. » Et d'ajouter, tout sourire : « La colonne vertébrale de l'armée, c'est le sport. Et la colonne vertébrale du sport, c'est la course ! »
Il faut dire aussi qu'en plus des 100 coureurs, et de l'athlète Ali Wehbé (qui a déjà fait le tour du Liban et qui semble rompu aux défis du genre), une trentaine de personnes était mobilisée pour la logistique et l'encadrement de l'événement.
Élan de solidarité
L'aspect sportif semble avoir séduit les participants, qui gardent le sourire, bien que fourbus, en s'étirant, éparpillés dans la cour de l'état-major. Mais c'est aussi et surtout ce concept de solidarité qui a rassemblé les militaires. La Fondation François el-Hajj et l'Ado (Association pour le développement des œuvres d'entraide dans l'armée) ont ainsi bénéficié de cet élan. Deux associations, une française et une libanaise, et un même domaine d'action : le soutien aux familles des militaires. Un chèque de 5 000 dollars a été remis à chacune de ces associations.
Pour rassembler les fonds, ce sont des entreprises et des particuliers, français et libanais, qui ont été sollicités. Que ce soit grâce au réseau déjà développé avec d'autres actions de la Finul (voir ci-après) ou grâce aux divers dons récoltés par exemple lors de la cérémonie du 14-Juillet, la somme récoltée permettra aux deux associations de poursuivre au mieux leur action dans leurs pays respectifs.
Le soir même, un cocktail de clôture était organisé. L'occasion pour les membres de la Finul de rappeler les valeurs sur lesquelles avait été pensée la course. Ainsi, le commandant Charpy a rappelé qu'ils avaient couru « en pensant à tous (leurs) camarades qui avaient donné leur vie ou leur chair pour servir leur pays ». Le chef d'état-major de la Finul a renchéri : « En France, on les appelle des héros, au Liban, ils sont appelés martyrs. C'est pour soutenir leurs familles que nous avons couru. »
Quoi qu'il en soit, au vu de la réussite de cette première édition, l'idée de continuer le projet l'an prochain ne quitte plus les esprits. Et le chef d'l'état-major de la Finul à Naqoura l'a confirmé : il y aura bien une seconde édition l'an prochain. Certains commencent même déjà à imaginer d'autres itinéraires.
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Bravo!!!!
07 h 15, le 02 août 2014