Deux roquettes tirées du Liban-Sud sur Israël. Quelle meilleure preuve que le Liban continue d'être éclaboussé par le conflit régional ?
Cette fois, c'est le bombardement de Gaza par l'aviation israélienne qui a déclenché cet appui puéril et désespéré à la cause palestinienne de la part de jihadistes égarés. Quel dommage pour une cause si juste et si noble !
Car quelle que soit la justesse de cette cause, on ne saurait isoler ce qui se passe à Gaza de ce qui se passe en Irak. Pour les observateurs, en effet, la flambée actuelle en Palestine n'est destinée à servir les intérêts de la Palestine que de façon accidentelle. C'est d'abord une sorte de réponse de l'axe syro-iranien à la poussée jihadiste. Une sorte de contre-attaque, une façon de reprendre l'initiative, après le désastre de la prise de Mossoul et de la plaine de Ninive par l'État islamique. Cette avancée a en effet été considérée comme une victoire de l'axe sunnite allant de la Turquie à l'Arabie saoudite, et dont l'un de ses objectifs stratégiques est d'isoler géographiquement l'Iran de la Syrie et du Liban.
Dans un discours aussi bref que dense, Walid Joumblatt a montré hier, une fois de plus, que le Liban n'a aucun intérêt à se laisser entraîner dans cet engrenage, mais qu'il doit remettre à l'honneur la déclaration de Baabda et se mettre à distance de tous les axes.
Pour M. Joumblatt, un retrait du Hezbollah de la Syrie et un confinement des Libanais dans leurs frontières sont la meilleure garantie de stabilité de nos frontières, à l'heure où celles-ci bougent dans plusieurs États, et d'abord en Irak et en Syrie. Entende qui a des oreilles : l'avertissement de M. Joumblatt s'adresse autant au Hezbollah qu'à l'ensemble de la classe politique, en particulier aux aventuriers de la présidence.
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En outre, il est évident que l'attachement à nos frontières devrait aller de pair avec l'attachement à nos traditions démocratiques. Il faut lutter de toutes nos forces contre le tropisme communautariste qui mine la région et la conduit à l'éclatement. Toutes nos institutions devraient refléter cette tendance à l'intégration, à la lutte contre toute discrimination, mais plus particulièrement, semble-t-il, ces jours-ci, les ministères de l'Intérieur et de la Justice.
Ces deux départements sont tenus par des personnalités sunnites, Nouhad Machnouk et Achraf Rifi, et font face tous deux à des foyers de mécontentement sunnites à Roumieh, à Tripoli, à Ersal et ailleurs.
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Certes, la fermeté à l'encontre des chefs d'axes militaires de Bab el-Tebbaneh se justifie pleinement, quand on fait le bilan des morts et des blessés des flambées de violence dans la capitale du Liban-Nord. Mais peut-on en dire autant de détenus arrêtés en 2007 sur simple soupçon, après les combats de Nahr el-Bared, et restés depuis sans jugement ? Peut-on élever le déni de justice au rang de politique ? Et que se passe-t-il dans les geôles de Rihanieh dont les habitants de Tripoli demandent l'inspection ? Dans quelle mesure la torture et la violence sont-elles monnaie courante dans nos prisons ? Or, nous voyons en direct comment la politique de discrimination de Nour al-Maliki à l'encontre des sunnites, en Irak, a fini par les aliéner complètement au régime. Pourquoi ne pas en tirer la leçon ?
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commentaires (4)
ÉCLABOUSSÉ ? PLEIN DANS LA MERDE !
LA LIBRE EXPRESSION
21 h 18, le 12 juillet 2014