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Coupe du Monde - Articles - Analyse

Quel avenir pour le Calcio et sa Nazionale ?

Le football italien a échoué à former la relève de ses héros du Mondial 2006.

À l’image de De Sciglio et Balotelli, la jeunesse italienne, désormais orpheline de Pirlo et Buffon, est complètement perdue. Yves Herman/Reuters

Au lendemain de l'élimination prématurée des Italiens au Mondial brésilien (défaite 1-0 face à l'Uruguay), la presse transalpine s'est acharnée sur l'influence des décisions arbitrales sur le cours du match. Certainement la morsure de Suarez non sanctionnée est un comble quand Marchisio, pour un tacle maladroit, a été invité à rejoindre directement les vestiaires. Il y a aussi le facteur climat, l'atout qui fait régner la suprématie physique sud-américaine face aux Européens.
Mais il faut se rendre à l'évidence. Le football italien est officiellement entré en crise et le Mondial brésilien était la dernière étape de cette descente aux enfers qui a débuté à l'automne de 2007. Certes, depuis il y a eu des performances à contre-courant comme la victoire en 2010 de l'Inter en Ligue des champions sous l'ère Mourinho avec Ibrahimovic, Eto'o et cie, ou la finale de la Nazionale lors de l'Euro 2012. Mais cette crise s'écrivait lors de ces victoires et plus spécialement lors de cet Euro 2012, durant lequel les Azzuri ont dû (encore) compter sur Pirlo, Buffon et De Rossi, les derniers lauréats vieillissants du Mondial 2006.
Et c'est là que le football italien a échoué. Il n'a pas su former la relève de ses héros de 2006, où chaque joueur pouvait à lui seul changer le cours d'un match (le meilleur buteur à l'époque était Toni avec seulement 2 buts sur 12 marqués au total par l'équipe). Au Brésil, la défense, symbole historique des grandes victoires de la Nazionale, était fébrile. Chiellini, désormais pilier de cette défense, était méconnaissable quand on compare sa performance à celle offerte avec la Juventus cette saison. Il y avait De Sciglio et Abate, trop jeunes et tendres, qui n'ont fait peur à aucun attaquant.
Le milieu, lui, était très irrégulier. Marchisio et Candreva ont fait un grand match face à l'Angleterre avant d'échouer face au milieu costaricain. Et puis il y a ce choix tactique controversé de Prandelli, qui a souvent décidé de faire jouer Balotelli seul devant. Le risque était trop élevé quand on repense à la saison médiocre de Balo avec l'AC Milan. Immobile et Cerci, éblouissants avec le Torino, n'ont pas eu l'occasion de jouer ensemble et n'ont surtout pas été à la hauteur d'un match de Mondial. Seul point positif de ce nouveau visage italien, Verratti qui a tantôt dynamisé le milieu avant d'être éclipsé par son aîné Pirlo.

Qui peut faire mieux ?
Prandelli a donc démissionné avec pour motif l'échec de « son » projet. Mais est-ce que Spaletti, Mancini ou Reja, dont les noms circulent pour prendre les rênes, seront capables de faire mieux ?
Le football Italien a certes des joueurs très prometteurs (Florenzi, Ranocchia, Zaza, Insigne, Crecco, etc.), mais aucun projet digne de faire de ces jeunes des calibres de « fuoriclasse ». Pour trouver du temps de jeu, ils sont forcés de quitter les clubs de l'élite. Des uns sont prêtés à des clubs de second tableau et tombent par la suite dans les oubliettes. D'autres, un peu plus mercenaires, décident d'émigrer en s'éloignant de la philosophie de jeu italienne. C'est de cette manière que la génération actuelle a perdu des talents comme Giovinco, Giaccherini, De Silvestri, Criscito, Santon...
Les grands clubs italiens doivent de nouveau donner une place à leurs jeunes joueurs excellant dans leur académie. C'est en se lançant directement dans le bain des grands matchs européens ou derbys que des Totti, Del Piero, Nesta, Maldini ou Cannavaro ont été formés. Les stades souvent à moitié vides n'aident pas non plus à attirer les médias et les investisseurs. C'est la grande différence entre le Calcio des années 1990-2000, qui dominait l'Europe, et celui d'aujourd'hui.
Donc comment éviter la fuite en avant des jeunes talents à l'instar de Verratti ou Sirigu, qui ont l'ambition de remporter des titres continentaux ? La Juve a prouvé l'importance du 12e homme dans son nouveau stade tant au niveau des recettes médiatiques et financières qu'au niveau de la motivation de l'équipe. La Roma a décidé de suivre le pas et inaugurera son stade en 2016. C'est ainsi que de nouveaux investisseurs pencheront leur intérêt sur le football transalpin et permettront aux jeunes de croître sous la philosophie et la culture italiennes.
L'Espagne, qui a formé la meilleure génération de football de l'histoire, l'a réussi grâce cette formule. Le Calcio a devant lui un chantier et aura besoin de renforcer ses fondations pour redevenir un géant d'Europe.

Au lendemain de l'élimination prématurée des Italiens au Mondial brésilien (défaite 1-0 face à l'Uruguay), la presse transalpine s'est acharnée sur l'influence des décisions arbitrales sur le cours du match. Certainement la morsure de Suarez non sanctionnée est un comble quand Marchisio, pour un tacle maladroit, a été invité à rejoindre directement les vestiaires. Il y a aussi le...

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