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Moyen Orient et Monde - Conflit

Kerry appelle à l’unité politique en Irak

Nouveaux combats autour de la principale raffinerie de Baïji ; plus de 1 000 morts en 17 jours.

Les insurgés, menés par Daech, à Mossoul, la deuxième ville d’Irak. HO/AFP

Le secrétaire d'État John Kerry a appelé hier à l'unité politique en Irak pour éviter l'éclatement du pays, alors que les combats entre les forces irakiennes et les insurgés se poursuivaient.
Ainsi, M. Kerry a rencontré à Erbil les dirigeants kurdes après avoir promis à Bagdad un soutien « intensif » pour enrayer l'offensive qui a permis aux jihadistes, qui représentent une « menace existentielle » pour l'Irak, de prendre de larges pans de territoire, a déplacé des centaines de milliers d'Irakiens et mis sous pression le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki. M. Kerry a lors de ces rencontres tenté de persuader le président de la région autonome du Kurdistan Massoud Barzani de se joindre à un gouvernement d'union. Sa mission semble néanmoins ardue, M. Barzani appelant à la démission de M. Maliki qui semble vouloir se maintenir au pouvoir malgré les critiques virulentes contre sa politique confessionnelle. « Avec ces changements, nous sommes devant une nouvelle réalité et un nouvel Irak », a déclaré M. Barzani en recevant le secrétaire d'État. « Comme tout le monde le sait, il s'agit d'un moment très critique pour l'Irak, et la formation d'un gouvernement est notre principal défi », a affirmé pour sa part M. Kerry.

 

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Les profondes divergences qui minaient déjà le pays empêchent en effet la formation d'un nouveau gouvernement, issu des élections d'avril où le bloc Maliki était arrivé en tête. Et sa formation est devenue plus urgente après l'assaut des insurgés. « L'Irak est clairement en train de se désintégrer et il est évident qu'un gouvernement fédéral ou central a perdu le contrôle sur tout », a affirmé M. Barzani dans une interview à la chaîne CNN.

 

(Lire aussi : Les jihadistes en Irak font aussi la guerre sur la Toile)

 

Raids intenses
Sur le terrain, les insurgés, menés par le groupe ultraradical de Daech (État islamique en Irak et au Levant-EIIL), ont lancé un nouvel assaut pour reprendre la raffinerie de Baïji, à 200 km au nord de Bagdad, mais les soldats les ont repoussés et des combats avaient lieu dans le secteur, selon des responsables. Les soldats étaient appuyés par l'aviation qui a mené des frappes sur Baïji, un responsable accusant les insurgés « de se cacher dans les maisons des quartiers résidentiels ». Dix enfants et neuf femmes ont péri dans les raids, selon un autre responsable, alors que la télévision officielle a parlé de 19 « terroristes » tués. D'autres raids ont fait six morts dans la soirée. L'armée avait déjà repoussé à la mi-juin un précédent assaut contre la raffinerie.
Dans les zones tenues par les insurgés, comme Mossoul, une grande partie de sa province Ninive, de Tikrit et d'autres secteurs des provinces de Salaheddine, Diyala, Kirkouk, et al-Anbar, les autorités ont affirmé hier qu'elles suspendaient le paiement des salaires des fonctionnaires jusqu'à la fin des hostilités. Et à Kirkouk même, reprise par les forces kurdes peu après le début de l'avancée des insurgés, le chef du conseil municipal a été abattu par des hommes armés inconnus.
Dans la province occidentale d'al-Anbar, où les insurgés contrôlent plusieurs villes, l'armée appuyée par des tribus locales a repoussé un assaut sur la cité de Haditha, qui abrite une importante centrale électrique. L'armée de l'air a en outre mené des raids sur deux ponts vitaux sur l'Euphrate près de la ville d'al-Qaïm, utilisés par les insurgés dans leurs déplacements, ainsi que dans plusieurs secteurs tenus par les insurgés, faisant près de 40 morts. Dans ce contexte de violences généralisées, le Haut-Commissariat de l'Onu aux droits de l'homme a fait état hier d'un bilan de plus de 1 000 personnes tuées dans plusieurs régions d'Irak entre le 5 et le 22 juin.

 

(Lire aussi : L'Irak est-il en train de payer les erreurs de Maliki ?)

 

Conseillers US
Parallèlement, les premiers conseillers militaires américains envoyés en Irak pour épauler les forces gouvernementales dans leur lutte contre les insurgés sunnites ont commencé leur mission à Bagdad, a annoncé hier le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby, ajoutant qu'il s'agissait pour l'instant de près de 40 militaires sur les quelque 300 conseillers que Washington a promis d'envoyer. Ces 40 soldats étaient jusque-là en poste à l'ambassade des États-Unis à Bagdad. Quelque 90 autres soldats, prélevés sur les forces du Centcom, le commandement militaire américain qui couvre le Moyen-Orient et l'Asie centrale, ont également commencé leur tâche qui consiste, selon le contre-amiral Kirby, à mettre en place un « centre de commandement conjoint », géré en partenariat avec les forces irakiennes.
Enfin, l'ambassadeur d'Irak à Téhéran a affirmé hier que son gouvernement n'avait pas demandé l'aide de l'Iran contre les insurgés sunnites, tout en soulignant le rôle politique important de la République islamique dans la crise irakienne.

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