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Culture - Design

Marc Dibeh, audacieux raconteur d’histoires !

De l'audace et un côté – assumé – de raconteur d'histoires ! Voilà ce qui fait la singularité de Marc Dibeh, talentueux créateur d'objets qui, à tout juste 28 ans, a déjà réussi à capter l'attention à l'international.

Marc Dibeh, du talent et une sympathique désinvolture...

Il y a quatre ans, une de ses premières créations, un luminaire malicieusement baptisé «Love the Bird», le fait, d'emblée, sortir du lot des jeunes designers libanais. Il s'agissait d'une élégante lampe de chevet dissimulant, derrière une petite tête d'oiseau, un... «sex toy». Un objet aux lignes pures qui joue, avec humour, la carte du double usage, voire même du double langage. Car outre sa fonction d'éclairage classique, une fois l'oiseau sorti de sa cachette, le pied de la lampe diffuse automatiquement une chaude lumière rouge...d'ambiance !
Une pièce à la fois stylée et audacieuse qui fera le buzz et vaudra à Marc Dibeh d'être aussitôt repéré par des magazines de design internationaux tels que Dezeen, mais aussi par une presse britannique, disons, plus spécialisée.


Depuis ce lancement de carrière plutôt incongru, ce jeune homme drôlement – mais aussi sérieusement – doué a signé des créations totalement différentes et d'usage beaucoup plus conventionnel. «"Love the Bird" m'a, certes, fait connaître», reconnaît-il, « mais je ne voudrais surtout pas être catalogué comme un designer d'accessoires coquins ni non plus être l'auteur d'un seul "hit" comme ces chanteurs des années 80 connus pour avoir enregistré un seul tube», assure Dibeh qui a, aujourd'hui, sa propre boîte d'architecture d'intérieur et de design de produits.
Et des deux côtés, il semblerait qu'il n'ait rien à craindre! L'an dernier, sa collaboration avec Marc Baroud (son ex-prof et ex-boss, mais néanmoins ami) sur une collection, baptisée « Wires », de lampes, miroirs, tables, plateaux ou encore étagères, lui vaut également les honneurs de la presse internationale. Cette série d'esprit industriel, quasi entièrement construite à partir de tuyaux métalliques, «un peu à la manière d'une ligne se promenant dans l'espace», présentée à la Foire de design de Miami de 2013 (par Joy Mardini, la galeriste d'Art Factum), est signalée par le Wall Street Journal comme l'une des cinq attractions remarquables de l'événement.

 

14 dîners inspirateurs d'objets
Pour autant, Dibeh n'a pas pris le melon, comme on dit. Et garde plutôt un regard distancié, rafraîchissant, dans un milieu où les ego ont une fâcheuse tendance à enfler. Avec lui, pas de concept intellectualo-philosophique pour expliquer la genèse d'un objet, mais une formule simple qu'il applique dans toutes ses démarches: « Tant dans mes produits ou dans mes intérieurs, je pars toujours d'une approche narrative. Ce ne sont ni les envies de formes ni celles de matériaux qui déterminent mon design, mais l'histoire que je peux raconter. Et si je peux y mettre du second degré, c'est encore mieux», explique ce jeune homme qui essaie, dit-il, « de ne pas trop (se) prendre au sérieux. Vu que ce que je fais ne va pas révolutionner le monde, ni sauver l'Afrique. Alors autant amuser et faire sourire...»
Et cela quitte à se lancer dans des démarches audacieuses. Ainsi, pour la première exposition individuelle qu'a décidé de lui consacrer la galerie Art Factum à l'occasion de la Beirut Design Week, il a choisi de traiter du thème de l'art de la table, «ou plutôt de l'art de recevoir», et de tirer son inspiration d'une série de dîners avec 14 personnes chez qui il s'est tout simplement – et même plutôt effrontément! – invité. « J'ai établi une liste de 14 personnes venant de domaines différents: une publicitaire, des galeristes, un chef cuisinier, un peintre, une antiquaire... J'en connaissais certains, mais d'autres juste de nom, sans plus. Et je les ai appelés en leur disant que je venais dîner chez eux. Ils ont tous joué le jeu. On discutait de tout et de rien, et à la fin de chaque dîner, je consignais sur un carnet le déroulement de la soirée. Et c'est à partir de la relecture de mes notes, au détour d'une phrase, qu'est née à chaque fois une idée d'objet», explique-t-il.


Des récits de ses 14 dîners Marc Dibeh a ainsi conçu 14 créations toutes différentes. «Au point que quelqu'un m'a même dit qu'il avait l'impression de découvrir, dans cette exposition, les œuvres de 14 designers différents», signale-t-il, visiblement enchanté de cette remarque.
Des pièces de design, au fini impeccable, accompagnées, chacune, de «sa» phrase inspiratrice donnent à «cette exposition, préparée en toute hâte en moins de 2 mois», quelque chose d'une scène de théâtre, où les rôles des personnages seraient interprétés par les objets s'y rattachant.


Ainsi, une paire de luminaires, façon « spots » précieux en marbre blanc et cuivre, raconterait, par exemple, l'intérieur presque muséal d'un galeriste; des paniers à fruits (ou à pain) en laiton et bois joueraient les remplaçants de la corbeille à pain manquante qui avait embarrassé l'hôtesse et amusé son invité; des boîtes rondes en céramique blanche et dorée évoqueraient la fusion d'un jeu de Lego traînant sur une desserte non loin de coupes en céramique; un set de carafes d'eau en verre très fin et légèrement tordu introduirait une note de fausse imperfection dans un dîner qui avait été d'une perfection millimétrée, ou encore, dans un registre plus décoratif qu'utilitaire, une pelle grandeur nature en laiton lisse et brillant et manche de bois accrochée sur un mur raconterait, elle, l'histoire « d'un café tellement surdosé que j'ai eu l'impression qu'il avait été versé non pas à la cuillère mais à la pelle». Quelques histoires parmi d'autres de beaux objets créés par ce designer-conteur...
À découvrir chez Art Factum jusqu'au 23 juin.

 

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