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À La Une - Justice

Une première en Egypte : 13 hommes jugés pour viol en réunion

Le Caire vient d'adopter sa toute première législation punissant spécifiquement le harcèlement sexuel.

Des dizaines de femmes ont manifesté samedi 15 juin 2014 dans les rues du Caire contre le harcèlement et le viol. Asmaa Waguih/Reuters

Treize hommes accusés d'avoir violé ou agressé sexuellement en réunion plusieurs femmes lors de manifestations au Caire vont être traduits en justice, une première en Egypte où la quasi-totalité des femmes disent avoir été un jour victime d'agression ou de harcèlement.

Les 13 hommes, dont un mineur, seront jugés pour "enlèvement, viol, agression sexuelle, tentative de meurtre et de torture", des accusations passibles de la peine de prison à vie, a annoncé le procureur général samedi. Jamais aucun un homme n'avait été traduit en justice pour viol en réunion auparavant.

Au même moment, de femmes manifestaient dans les rues du Caire contre le harcèlement et le viol. "Ne me dites pas comment m'habiller, dites leur de ne pas violer", pouvait-on lire sur des pancartes, tandis que des manifestantes scandaient "le peuple demande la mort des agresseurs".

(Pour mémoire: Egypte: sanctions contre le harcèlement sexuel)



Les agressions sexuelles sont nombreuses en Egypte. De nombreuses agressions ont eu lieu au cours de manifestations place Tahrir, épicentre de la révolte de 2011 où les Egyptiens se rassemblent régulièrement depuis.
Ce fléau, quasiment jamais puni, avait été médiatisé après plusieurs cas de femmes journalistes, notamment des étrangères, ayant été victimes d'agression et parfois de viols, selon des témoignages.
Rien qu'au cours des manifestations célébrant la victoire du nouveau président Abdel Fattah al-Sissi, soit en une petite semaine, au moins neuf agressions sexuelles se sont produites.

Atteinte à la 'moralité publique'

Les 13 suspects ont été arrêtés pour des évènements ayant eu lieu le 25 janvier 2013, lors de l'anniversaire des deux ans de la révolution, et les 3 et 8 juin 2014, alors que des millions de personnes étaient rassemblées place Tahrir pour célébrer l'élection puis la prestation de serment d'Abdel Fattah al-Sissi.

Les bureaux du procureur ont décrit ces attaques. Le 3 juin, "Deux groupes de criminels sont allés sur la place et ont attrapé une femme et sa fille. Ils ont emmené la femme vers une mosquée non loin, où elle a été attaquée et déshabillée. Puis ils l'ont battue, et quand elle a tenté de s'échapper, de l'eau bouillante lui a été jetée dessus la blessant grièvement. Les agresseurs l'ont encerclée et l'ont attaquée sexuellement jusqu'à l'arrivée de la police".
Cinq jours plus tard, plusieurs femmes âgées de 17 à 42 ans ont été attaquées par le même groupe d'hommes. "Ils les ont séparées, puis les ont attaquées et battues, et ont même menacé d'enlever les enfants de l'une d'entre elles".
Deux hommes ont par ailleurs été arrêtés pour une agression le 25 janvier 2013.

(Pour mémoire : En Egypte, les femmes toujours victimes de l'"épidémie" de violences sexuelles)

Parmi les accusés se trouvent aussi 7 hommes qui avaient été arrêtés peu après l'agression d'une jeune étudiante lors des célébrations pour l'investiture de M. Sissi. Il n'est cependant pas clair si ces suspects sont directement liés ou non à cette attaque.
Le cas de cette jeune fille, dont l'agression a été filmée, vraisemblablement à l'aide d'un téléphone portable, a suscité un grand émoi et une vive colère en Egypte. Sur les images, qui ont rapidement fait le tour des réseaux sociaux, on la voit couverte de bleus avec des traces de sang, nue au milieu de la foule.
Le ministère public a affirmé que la police recherchait l'auteur de cette vidéo pour atteinte à "la moralité publique".

L'Egypte vient d'adopter sa toute première législation punissant spécifiquement le harcèlement sexuel, avec une série de sanctions allant de l'amende à la prison ferme. Mais ces amendements ont été jugés "insuffisants" par un groupe de 25 associations de défense des droits de l'Homme, qui ont appelé à une "stratégie globale" pour lutter contre ce phénomène dont 99% des femmes affirment avoir été victimes, qu'elles soient vêtues "à l'occidentale" ou voilées, selon une étude de l'ONU parue en 2013.
Affirmant que "des agressions sexuelles horribles contre des femmes avaient entaché l'élection et l'investiture du président Abdel Fattah al-Sissi", Human Rights Watch souligne que "les femmes d'Egypte, et le monde, attendaient de voir ce que le président Sissi fera pour mettre un terme aux attaques et harcèlements sexuels".


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