Une toile de l’artiste.
Allure élancée, modeste et décontractée, crâne dégarni, œil vif et espiègle, tel est l'homme qui se propose d'offrir aux Beyrouthins un « Voyage de couleurs », thème de l'exposition.
Marvin Baldemor est né en 1969 à Lucena City, aux Philippines, dans une famille entièrement dévouée à la peinture. Son père, mais aussi sa sœur et son frère vivant tous trois de leur art. « Il n'y avait pas d'échappatoire possible », avoue le peintre dans un sourire. L'art est d'ailleurs un marché en pleine expansion aux Philippines. Un rapport du PNUD réalisé en 2005 classe en effet l'archipel parmi les 10 premiers pays en voie de développement exportateurs d'arts visuels.
Son père, artiste connu internationalement, lui a enseigné les rudiments de la peinture. Marvin Baldemor n'a donc suivi aucune formation spécifique dans ce domaine. Devenu par la suite infirmier, peindre était pour lui un loisir, source de plaisir et de joie. « Quant je peins, je suis heureux », répète-t-il à plusieurs reprises. C'est le déménagement de son épouse en Irlande du Nord, suite à une proposition d'emploi, qui l'a poussé à se consacrer pleinement à la peinture. Il en a fait son gagne-pain, remportant plusieurs prix.
Son art est avant tout caractérisé par des couleurs vives et saisissantes : « Plus il y en a, plus la toile est attractive ! » lance-t-il. Surtout, il semble que l'utilisation d'un tel panel s'inscrive dans l'héritage philippin. Cependant, il l'avoue lui-même : « Je suis un produit de plusieurs influences, expériences et traditions. » D'ailleurs, il n'hésite pas à utiliser différentes méthodes artistiques combinant peinture acrylique, sable, collage, encre... Par la recherche de techniques et de concepts toujours plus innovants, il entend avant tout tester les limites de l'art. Il y travaille sans cesse, puisant dans ses émotions et impressions qui ne sont jamais les mêmes.
Par ailleurs, concernant ses sources d'inspiration, il dit tirer les thèmes de ses peintures de la vie de tous les jours, mais aussi des paysages historiques. Il entend, en fait, interroger l'histoire que cache chaque scène familière, celles que l'on finit par ne plus regarder à force de les voir.
Enfin, Marvin Baldemor se considère romantique car admirateur de beauté, mais surtout ayant la volonté de ne laisser rien au hasard, aspirant à maîtriser chaque recoin de sa peinture, quitte à combler tous les vides. « Je ressens quelque chose comme un drame dans chaque espace. » Cependant, pour s'empêcher d'en faire trop, il se remémore souvent ce conseil de son père : « Ne mets pas trop d'ingrédients dans tes peintures. »
*Du 8 juin jusqu'au 15 juin, à la galerie d'art de Zaitounay Bay.
