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Liban - L’éclairage

Le 8 Mars veut vampiriser le gouvernement et l’utiliser comme levier de pression

L'accord auquel sont parvenus certains diplomates occidentaux à l'issue d'une série d'entretiens effectués séparément avec de hauts responsables iraniens et saoudiens dix mois après la nomination de Tammam Salam au Grand Sérail ne concerne que le dossier gouvernemental et en aucun cas l'élection présidentielle. Cet accord est intervenu après que l'insécurité au Liban eut atteint un degré assez critique, laissant entrevoir un début de guerre sunnito-chiite. Du coup, les deux camps avaient fait des concessions, et le cabinet Salam avait vu le jour.


En réalité, c'est parce que cet accord ne concernait aucune autre échéance que le 8 Mars s'est employé à faire fructifier sa présence au pouvoir. Ainsi, après l'échec de toutes les tentatives visant à élire un successeur à Michel Sleiman en raison du boycottage des séances par le Hezbollah et les aounistes, arc-boutés sur la candidature de Michel Aoun, voilà le 8 Mars déterminé à multiplier les pressions sur l'ancien Premier ministre Saad Hariri et, au-delà, sur l'Arabie saoudite. Au choix : les menaces de boycotter les Conseils des ministres ou d'imposer un mécanisme pour la gestion du pouvoir en période de vacance ; l'obstination des ministres aounistes, secondés par leurs collègues hezbollahis, à vouloir participer à la rédaction de l'ordre du jour, etc. D'ailleurs, tout cela a poussé Tammam Salam à lever la voix et à menacer de partager avec l'opinion publique toutes les tentatives du 8 Mars de saper les prérogatives du Premier ministre.


Pour un ancien ministre, derrière cet accord saoudo-iranien, il y a une crainte de la communauté internationale dans son ensemble de voir la stabilité du Liban dynamitée. À partir de là, est-il permis que n'importe quelle faction (re)mette en péril cette stabilité en paralysant les institutions, Parlement et Conseil des ministres en tête ? D'autant que tout le monde sait que l'instabilité politique entraîne de facto une instabilité sécuritaire, et donc économique, et cela serait totalement inadmissible à la veille de la saison estivale.
Pourquoi le Hezbollah et le CPL s'emploient-ils à (vouloir) paralyser le Parlement et le Conseil des ministres ? Parce qu'ils lient organiquement l'échéance présidentielle à la réglementation de l'action de ces deux institutions et qu'ils utilisent le gouvernement comme carte maîtresse dans le bras de fer politique actuel avec le 14 Mars. Or, si jusqu'à nouvel ordre aucune faction libanaise n'entend saboter la très fragile stabilité qui prévaut dans le pays – même Hassan Nasrallah a répété tout récemment qu'il y tient –, rien ni personne n'empêche certaines parties de jouer un sale jeu pour enregistrer des gains politiques.


L'appel du secrétaire d'État US John Kerry à la Russie, à l'Iran et au Hezbollah (qu'il a mis donc au rang de pays) à stopper la guerre en Syrie est en réalité un appel au parti de Dieu pour qu'il respecte la déclaration de Baabda et la politique de distanciation, et qu'il retire ses combattants de Syrie. D'aucuns se sont demandés si les États-Unis ont changé d'avis à propos du Hezbollah. Des sources diplomatiques bien informées assurent que pas du tout, que les USA continuent de considérer le Hezb comme une organisation terroriste, mais sont convaincus que la stabilité du Liban dépend beaucoup du retrait de ce parti de Syrie.


Lequel Hezbollah fait tout pour que l'échéance présidentielle et la stabilité du Liban restent des cartes aux mains de l'Iran, surtout que les négociations entre Téhéran et la communauté internationale sur le nucléaire iranien battent leur plein, de même que la reprise de langue, aussi timide soit-elle, entre l'Iran et les pays du Golfe. L'Iran a donc tout intérêt à utiliser la carte libanaise, et l'un des grands conseillers de Ali Khamenei, Yehya Rahim Safawi, ne s'est d'ailleurs pas privé de le rappeler, même indirectement.


C'est dans ce contexte que s'inscrit la toute récente visite d'un Michel Aoun plus obstiné que jamais par rapport à sa candidature chez Nabih Berry, après que ce dernier eut extrêmement mal digéré le triptyque (Nasrallah-Hariri-Aoun) inventé de toutes pièces par le chef du CPL, ainsi que le boycottage par les députés aounistes des séances parlementaires.

 

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ET D'ABRUTIES VICTIMES QUI SE LAISSENT VAMPIRISER !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 41, le 06 juin 2014

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Commentaires (2)

  • ET D'ABRUTIES VICTIMES QUI SE LAISSENT VAMPIRISER !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 41, le 06 juin 2014

  • DES DRACULAS... EN PERSPECTIVE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    04 h 34, le 06 juin 2014

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