Quelle prison pour Ismaïl Ali Ahmad ?

S'il y a bien une autorité mondiale en train de se mordre les doigts actuellement, c'est incontestablement la Fédération internationale de basket-ball (FIBA), qui a décidé il y a à peines quelques semaines de réintégrer l'équipe nationale ainsi que les clubs libanais dans le giron mondial, sur conseil de la Fédération asiatique qui avait assez naïvement émis un rapport favorable sur les clubs locaux après les incidents de la saison 2012. Ces incidents qui avaient obligé la FIBA à émettre diverses sanctions contre le Liban, dont l'interdiction de participer à toute compétition ou rencontre parrainée par elle.
On ne peut que comprendre la FIBA, surtout au vu des deux dernières rencontres opposant La Sagesse au Club sportif de Beyrouth, à Manara et Ghazir, où l'affligeant spectacle proposé par le public des deux équipes, et même par les joueurs, était plus proches de deux bandes de hooligans s'affrontant à mort que de deux équipes de basket disputant un match...
Et, en attendant les décisions de la Fédération libanaise qui accumule les réunions et les sessions, tout en nommant à tour de bras des comités d'experts pour analyser telle ou telle séquence du match, dans le but évident de gagner du temps et pouvoir ainsi éluder les sanctions qui pourraient mécontenter tel ou untel, il y a un fait qui ne supporte plus l'attente, tant par la laideur du geste que de celui qui l'a commis, l'emblématique joueur du Riyadi, Ismaïl Ahmad. Ce dernier s'est acharné devant les cameras de télévision, au vu et au su des forces de l'ordre, sur un des supporters de La Sagesse qui était à terre au motif que celui-ci lui l'avait (peut-être)... poussé.

La politique du forfait toujours vivace
Aux dernières nouvelles, ce spectateur qui a subi de sérieuses contusions et commotions, aurait quitté l'hôpital seulement hier. Aux dernières nouvelles également, Ismaïl serait toujours en liberté et même assuré de jouer le match suivant car, selon un membre de la fédération désirant garder l'anonymat, le maximum que celle-ci pourrait décider à son encontre serait de lui infliger un match de suspension avec sursis, pour ne pas contrarier la direction et le président du Riyadi, qui ont brandi, fidèlement à leur habitude, l'éternelle menace de se retirer de la finale en cas de suspension d'Ismail...
Toujours la même rengaine, à croire que le Riyadi garde au plus profond de lui la culture du forfait à chaque fois qu'il se sent proche de la défaite, préférant sans doute la honte de perdre sur tapis vert ou par décision administrative que de subir la loi du plus fort à la loyale sur un terrain.
Le dernier exemple en date remonte à 2012, quand les dirigeants du club ont décidé de ne pas disputer la cinquième manche des demi-finales qui les opposait à Anibal, par peur de perdre face aux Zahliotes de l'époque, ou contre leur bête noire Champville en finale (même l'équipe féminine a eu recours à ce stratagème en finale du championnat de cette même saison).
Pour en revenir au cas d'Ismail, les actes commis par ce dernier n'attendent pas une décision de la Fédération de basket. L'Égyptien, qui bourlingue au Liban depuis 1997 avec déjà des passages au Rosaire et Champville avant d'atterrir à Manara, a commis devant les yeux atterrés de milliers de téléspectateurs un acte de vandalisme, un crime de droit commun, et c'est à la justice pénale de sévir en l'envoyant manu militari là où sa place doit y être : une des prisons libanaises, au choix, en attendant son jugement, des dédommagements, des excuses, et une expulsion définitive vers son pays natal...

T. H.