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Santé - Maladies pulmonaires

Asthme : et si le traitement était pris plus au sérieux ?

L'asthme n'est pas contrôlé chez 20 à 40 % des patients. Les spécialistes affirment que l'éducation thérapeutique du patient et l'adhérence au traitement sont indispensables pour une bonne prise en charge de la maladie.

Les personnes asthmatiques, surtout dans la société libanaise, méprisent les inhalateurs. Or c’est justement cette classe de médicaments qui a révolutionné la prise en charge de l’asthme. Photo Bigstock

Dans un épisode de la série américaine House, une femme asthmatique se plaint auprès du médecin du fait que sa maladie n'est pas bien contrôlée. Intrigué, le spécialiste extravagant consulte le dossier de la femme et entreprend un interrogatoire pour comprendre ce qui n'allait pas parce que, explique-t-il, « même les médecins peuvent se tromper et il faut remédier au problème ». Dr House demande alors à sa patiente si elle prenait l'inhalateur. Elle répond par l'affirmative, assurant qu'elle en avait besoin d'un par semaine. Le médecin insiste pour savoir si elle « l'utilisait bien ». Offusquée, elle rétorque : « Vous me prenez pour une idiote ? » Dr House lui demande alors de lui montrer comment elle faisait. La femme retire l'engin de son sac et, consciencieusement, elle pulvérise le cou.
Cette scène anecdotique de la série House met l'accent sur une réalité que rencontrent les pneumologues, partout dans le monde, avec la majorité de leurs patients, notamment asthmatiques. « L'éducation du patient et l'adhérence au traitement sont deux éléments-clés qui assurent sa réussite », affirme le Dr Mirna Waked, présidente de la Société libanaise de pneumologie. « Malheureusement, un grand nombre de patients ignorent leur maladie, négligent leur traitement ou ne le prennent pas au sérieux, poursuit-elle. En effet, avec toute la panoplie de traitements disponibles sur le marché libanais, l'asthme n'est pas contrôlé dans 20 % à 40 % des cas. »
Les raisons en sont multiples. Il s'agit essentiellement d'une mauvaise prise des médicaments, de la non-adhérence au traitement, de manques de connaissances concernant la maladie, ou tout simplement d'un mauvais diagnostic. « Tous ces facteurs sont à prendre en considération », indique le Dr Waked à L'Orient-Le Jour, en marge des travaux du congrès annuel de la Société libanaise de pneumologie, tenus récemment à Beyrouth. « Il faut œuvrer de manière à créer un partenariat entre les soignants et les soignés pour faire réussir le traitement », ajoute-t-elle.
Le Dr Waked insiste dans ce cadre sur l'importance de « l'éducation thérapeutique, qui constitue une composante importante pour le succès de tout traitement, notamment lorsqu'il s'agit d'une maladie chronique, comme l'asthme ou la BPCO (une maladie pulmonaire chronique étroitement liée au tabagisme) ». « En pneumologie, nous sommes très en retard sur ce plan par rapport à la cardiologie, explique le Dr Waked. En effet, lorsqu'une personne ressent un essoufflement ou une douleur à la poitrine, elle consulte directement un cardiologue. Personne ne pense aller voir un pneumologue, au moindre symptôme respiratoire. Or il est important de réaliser que les maladies pulmonaires sont aussi importantes que les affections cardiaques et qu'il faut agir en urgence. Une sensibilisation est nécessaire sur ce plan. »

« Dédramatiser la cortisone »
Au Liban, « les médicaments pour la prise en charge de l'asthme ne manquent pas, mais c'est l'adhérence au traitement qui fait défaut », insiste le Dr Waked, soulignant que dans certains cas « le traitement doit être pris longtemps et non pas occasionnellement pour soulager une crise, car il s'agit d'un traitement de fond de la maladie ». « Or le problème est malheureusement mondial, constate-t-elle. Les personnes asthmatiques font preuve de négligence. Par ailleurs, elles méprisent les inhalateurs, surtout dans notre société, estimant qu'il s'agit d'un traitement moins performant que les pilules. Ce n'est pas vrai. Ce sont justement les inhalateurs qui ont révolutionné la prise en charge de l'asthme. Avant cette classe de médicaments, on administrait au patient un traitement corticoïde oral dont les effets indésirables étaient considérables. Il est donc important de comprendre que les inhalateurs sont un traitement de fond dans la prise en charge de l'asthme et doivent être pris à long terme. De plus, leurs effets secondaires pèsent moins lourd dans la balance, qui penche vers leurs bénéfices. »
Le Dr Waked développe en outre la notion de « corticophobie, c'est-à-dire la peur de la cortisone, chez les Libanais ». « Il est temps de dédramatiser la cortisone dans les inhalateurs, insiste-t-elle encore. Certes, dans l'asthme, le traitement par corticoïdes pris en comprimés ou injectables n'est pas conseillé pour une longue durée. Celui-ci est réservé pour les crises aiguës et graves, nécessitant une hospitalisation. De plus, la cortisone prise à long terme pourrait avoir des effets indésirables sur les os chez les personnes âgées et les enfants. Néanmoins, les bénéfices contrebalancent ces effets. D'où le rôle du médecin. Par ailleurs, il faut savoir que les corticoïdes pris en inhalation n'ont pas les mêmes effets indésirables que ceux pris en injection. D'ailleurs, dans la majorité des cas, la cortisone est administrée par inhalation. »

Dans un épisode de la série américaine House, une femme asthmatique se plaint auprès du médecin du fait que sa maladie n'est pas bien contrôlée. Intrigué, le spécialiste extravagant consulte le dossier de la femme et entreprend un interrogatoire pour comprendre ce qui n'allait pas parce que, explique-t-il, « même les médecins peuvent se tromper et il faut remédier au...

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