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Nos Lecteurs ont la Parole - Nahi LAHOUD

Les publivores qui dévorent

C'est vrai que la publicité est une chose importante dans la vie du consommateur, pour les journaux, radios et télévisions, mais parfois, elle nous sort par les trous du nez. Comme je suis un antiréclame endurci, je zappe toujours... Et pour me venger, par exemple, de la technique publicitaire télévisée, du coup de shampooing ou du détergent sur la table qui, tous les soirs à l'heure du dîner, me coupe littéralement l'appétit, j'achète le lendemain au supermarché le shampooing d'à côté, un produit merveilleusement anonyme qui n'est enrichi d'aucune rynolanoline suractivée, qui ne contient aucun protergent, colorant-décolorant, recolorant, ni aucune eau lustrale qui ne supermousse trois fois plus que lorsque j'en utilise trois fois plus, qui est fait uniquement pour me tenir compagnie dans ma baignoire et qui a pour suprême mérite sa discrétion qui ne m'agresse pas chaque soir à la télé.
Pourquoi je dis tout ça ? Eh bien, parce que la pub est devenue un dogme, un crai culte. C'est plus religieux de la regarder que d'aller à la messe ou au prêche. C'est avec dévotion, les mains juxtaposées, en position de prière, qu'il faut suivre les 30 secondes qu'on nous impose chaque cinq minutes. J'ai constaté donc que le temps imparti aux pubs est supérieur à la durée de l'épisode ou du film. En publicité, il s'y dépense entre la presse, la radio, les billboards, les encarts et la télévision plus de 30 millions de dollars par an. Tout ça pour prouver au citoyen que sa voiture, son réfrigerateur, son poste de télévision, son ordinateur, etc. sont irrémédiablement démodés. Que dire ? Archaïques, et qu'il n'est qu'un pauvre type ridicule, à la veille de perdre l'estime de ses parents, ses amis et ses voisins s'il ne s'en s'offre pas un autre sur-le-champ. Beaucoup de ces agents publicitaires vous expliquent d'ailleurs et avec emphase les motivations imminentes, les raisons freudiennes de l'achat, la théorie de la perception thématique, les symboles émotionnels cachés, les classifications psychologiques, la recherche projective, le différentiel sémantique du spot publicitaire. Bref, j'en ai apprisde belles sur « l'ego » du consommateur.
Avant d'acheter un produit ménager ou alimentaire, il faut en référer à son psychiatre. Sinon, c'est la dépression, le spleen. Et pour mettre en valeur leurs produits, les annonceurs descendent systématiquement les produits rivaux. Leurs huiles-repoussoirs qui carbonnent dans les poêles, la cigarette rivale qui vous tapisse les bronches de nicotine, la bière qui ne mousse pas comme un pousse-mousse pour faire de l'écume, la mauvaise margarine qui marine vos intestins de créatinine, le savon qui glisse onctueusement sur votre corps et qui nettoie mieux vos pores. Faudrait leur passer un savon à ces gens de la pub... ou les lessiver à l'eau de Ravel, pardon, de Javel ? Ces annonceurs qui vous vendent des slogans auxquels il ne croient pas eux-mêmes.
Et puis, il y a cette manie de vous interrompre votre feuilleton préféré, chaque 6 minutes, pour vous shooter avec un spot publicitaire médiocrement réalisé sur une boisson supposée être énergisante. Cela vous laisse groggy pour une semaine. Je répète : je ne suis pas contre la publicité, je suis contre l'exagération, les abus, le mauvais goût et la mauvaise qualité. Et heureusement, j'ai constaté que je n'étais plus le seul à critiquer ces pratiques ridicules. Il y a beaucoup de gens qui ne veulent pas être premiers en tout. Il ne veulent pas acheter les meilleurs produits, ils n'ambitionnent pas de devenir président de la République.
Ils veulent juste être moukhtars (maires) ou notaires, pas plus. Ils comptent rester humbles, modestes, simples, vivre normalement, c'est tout !
Bon, je ne veux pas être totalement négatif car il y a certaines pubs qui ne sont pas incolores, inodores. Elles peuvent être intéressantes, surtout celles où l'on peut admirer certaines belles filles plus ou moins dénudées. Ah, le sexe faible qui renforce, qui réactive votre libido plus au moins entamée.
Mais, de grâce, les producteurs, annonceurs et autres publicistes, reconsidérez vos stratégies freudiennes. Utilisez peut-être la méthode kantienne qui préconise le retour à la raison pratique, ou kafkaïenne (je ne sais pas, moi). Faites quelque chose. Sinon, faudrait couper les vivres aux publivores qui nous dévorent. Por favor !

Nahi LAHOUD

C'est vrai que la publicité est une chose importante dans la vie du consommateur, pour les journaux, radios et télévisions, mais parfois, elle nous sort par les trous du nez. Comme je suis un antiréclame endurci, je zappe toujours... Et pour me venger, par exemple, de la technique publicitaire télévisée, du coup de shampooing ou du détergent sur la table qui, tous les soirs à l'heure du...

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