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Liban - Société

Lorsque l’art se met au service des causes citoyennes

La nouvelle génération est désormais décidée à faire un travail sociopolitique à la place des ministères concernés, parce qu'elle le fait mieux !

Ils sont jeunes, brillants et engagés. Ils sont encore universitaires, à la fleur de l'âge mais combien précoces ; ils pensent mieux que les grands et s'intéressent déjà aux soucis de la nation... bien plus que leurs représentants à l'hémicycle et ceux qui sont à la tête des ministères de service.

Actifs depuis plusieurs années sur la scène socio-artistique, le groupe Lezem – « Must » ( il le faut) – regroupe une trentaine de jeunes activistes d'horizons variés : des étudiants en psychologie, en art graphique, en photo, sciences, etc. – dédiés aux causes sociales les plus pressantes, telles que le soutien des groupes sociaux vulnérables, mais aussi et surtout le déclenchement d'une dynamique de réforme dans le long terme, promouvant une culture laïque et nationale et le développement d'un pays qui leur est cher.

L'idée avait germé lorsque la toute jeune Salma Zaki, dès l'âge de 17 ans, a lancé l'idée de ce mix, ou « la rencontre fructueuse entre l'art, le talent et le social public », comme elle l'explique.
« J'assistais souvent à des défilés de mode et à des événements artistiques mettant en avant des artistes qui ont eu la chance d'être propulsés sur le devant de la scène », explique Salma.
À l'époque, c'est pour un véritable cocktail artistique qu'elle avait opté : musique, photo, peinture, production de films et défilé de mode.
« L'art avait envahi ce jour-là l'ensemble du West Hall à l'AUB. Chaque étage avait été consacré à une activité artistique différente », souligne Salam, aujourd'hui âgée de 21 ans.

La cause défendue à l'époque ? « La sécurité routière », indique-t-elle. L'argent collecté des ventes des billets d'entrée – 9 000 dollars – a été versé à l'association Kun Hadi, engagée dans la sensibilisation aux dangers de la route. Kun Hadi en a fait bon usage, en finançant la construction de trois terre-pleins centraux entre Jisr-el-Wati et le Forum de Beyrouth, au niveau des intersections qui provoquaient de multiples accidents.

Fille de médecin engagé et d'une mère marchande d'art et activiste auprès des réfugiés palestiniens – une combinaison fructueuse –, elle affirme que c'est l'influence de son père qui a le plus joué.
« Mon père, un homme à principes, m'a inculqué l'idée de défendre jusqu'au bout mes principes et mon éthique, même en sachant que je vais perdre la bataille. »
C'est l'expérience que la jeune Salma – appuyée par son groupe d'action – vient d'ailleurs de faire lors des dernières élections estudiantines à l'AUB. « J'ai parrainé une liste de candidats prônant la laïcité – pour dénoncer la pathologie du confessionnalisme au Liban – sachant d'avance que mes candidats allaient perdre. »

Aujourd'hui, Salma et son mouvement réformateur « Lezem » reviennent sur la question du rejet du confessionnalisme et ses effets de nuisance corollaires, tels que la haine, l'intolérance et l'injustice, par le biais d'un nouveau festival artistique d'une triple portée : « Fashion meets Lezem », ou la rencontre entre la mode et la nécessité de réformer.

Dans une courte vidéo sur YouTube, qui a déjà fait le tour de la Toile, les jeunes dénoncent le confessionnalisme, les antagonismes infructueux et le sous-développement des services et infrastructures au Liban.

 

 


À travers ces messages, d'autres encore, sous-jacents, comme celui d'encourager les jeunes créateurs de mode, ceux qui n'ont pas encore eu voix au chapitre de la célébrité, malgré leur talent exceptionnel. Des noms comme Jean-Louis Sabaji, Sara Melki, Paula K. Naaman, Bashar Assaf, Sanaa Ayoub, Chrystelle Atallah, Yazan Halwani, en collaboration avec Cherine Khadra, Alia Zaki, Jill Bonica Chalita, seront, pour la première fois, introduits auprès du grand public à travers des modèles inédits, portant haut le flambeau des causes défendues par le groupe. « Personnellement, je connais beaucoup d'artistes qui ont énormément de talent mais qui n'ont pu avoir une tribune. Je voulais leur donner cette tribune qui devait servir en même temps à mettre en avant les causes citoyennes que nous défendons », confie la jeune Salma.

Mais l'affaire ne s'arrête pas là. Les modèles conçus pour le jour J – dimanche 18 mai au Saint-Georges Motor Club – doivent nécessairement signer une cause précise : une robe en noir et gris, reproduisant la scène apocalyptique d'un attentat terroriste, dont le design s'inspire des volutes de fumée ; une autre robe, en forme d'ampoule géante, illuminée sur le cat-walk, mais qui va malheureusement s'éteindre à mi-chemin du parcours du mannequin, ironisant sur les coupures d'électricité... Un véritable plaisir pour l'œil (des top models professionnels ont été engagés pour l'événement) – couplé d'une éducation citoyenne. Les profits de l'événement seront, cette fois, versés à des ONG caritatives œuvrant en faveur des groupes sociaux vulnérables.

Avec ses jeunes, Lezem vient s'ajouter au cortège des nouvelles associations qui s'obstinent à vouloir changer le paysage d'un Liban désolant que les politiques ont achevé de ruiner.


Pour mémoire

Mannequins d'un soir, des employées de maison migrantes sur le podium

Ils sont jeunes, brillants et engagés. Ils sont encore universitaires, à la fleur de l'âge mais combien précoces ; ils pensent mieux que les grands et s'intéressent déjà aux soucis de la nation... bien plus que leurs représentants à l'hémicycle et ceux qui sont à la tête des ministères de service.Actifs depuis plusieurs années sur la scène socio-artistique, le groupe...

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