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Moyen Orient et Monde - Ukraine

« Tout le monde n’est pas prêt à prendre langue, certains tiennent à la violence »

L'Occident vante le « dialogue national » à Kiev, mais Moscou traîne des pieds ; violences meurtrières dans l'est.

Le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov (à droite), serrant la main du ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, hier à Kiev. Anastasia Sirotkina/Pool/Reuters

Face à une Ukraine de nouveau menacée de partition après le référendum sur l'indépendance dans le Donbass, région russophone de l'est du pays, les Européens et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s'efforcent depuis plusieurs jours de renouer le fil du dialogue national. Mais sa mise en place s'annonce encore plus difficile après l'annonce hier après-midi de la mort violente de sept militaires ukrainiens près de Kramatorsk, dans la région de Donetsk. « Les soldats sont tombés dans une embuscade tendue cyniquement et traîtreusement par plus de 30 rebelles qui les ont attaqués au lance-roquette », a indiqué un communiqué du ministère ukrainien de la Défense.

La Russie semble par ailleurs traîner des pieds. Bien qu'une table ronde ait été programmée pour aujourd'hui à Kiev, Moscou a laissé entendre que les conditions pour le dialogue n'étaient pas réunies. Tout en jugeant « extrêmement important » de lancer le plus vite possible la feuille de route proposée par l'OSCE, la Russie a une nouvelle fois exigé hier que Kiev mette fin à l'opération militaire en cours dans l'est du pays. Des combats entre rebelles prorusses et soldats ukrainiens se déroulent presque chaque nuit dans la zone de Slaviansk, bastion des insurgés. Et le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, a répété hier au Parlement que l'opération « antiterroriste » allait se poursuivre. La Russie a aussi accusé les autorités ukrainiennes – dont elle n'a jamais reconnu la légitimité – de « refuser un réel dialogue avec les représentants des régions (...), ce qui constitue un obstacle sérieux sur la voie de la désescalade ».

 

(Repère : Les séparatistes de l'Est ukrainien : qui sont-ils, que veulent-ils?)



En outre, la table ronde prévue aujourd'hui a les contours flous. Elle rassemblera, selon Kiev, le Premier ministre Arseni Iatseniouk, trois anciens présidents, les actuels candidats à l'élection présidentielle prévue le 25 mai, ainsi que des responsables régionaux. Les chefs séparatistes de l'Est, que Kiev qualifie de « terroristes », ne semblent en revanche pas être invités malgré des appels répétés de Moscou en ce sens. Les discussions seront modérées par l'ancien diplomate allemand Wolfgang Ischinger et se pencheront notamment sur des questions de décentralisation et de lutte contre la corruption. Pour le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, qui s'est rendu hier à Kiev puis à Odessa, « ce n'est bien sûr qu'un début ». Les efforts diplomatiques en cours « restent une entreprise difficile », a admis le diplomate. « Tout le monde n'est pas prêt à entrer dans un dialogue, (certains) tiennent à la violence », a-t-il reconnu.

Une étude sociale...
De son côté, le gouverneur ukrainien de la région de Donetsk, Serguiï Tarouta, a estimé que « la République de Donetsk n'existe ni légalement ni politiquement. C'est juste un nom inventé et rien d'autre ». Quant au référendum, il « peut être défini comme une étude sociale », a-t-il ajouté. Dans la région de Lougansk, le gouverneur populaire autoproclamé, Valeri Bolotov, a été blessé par balles à l'épaule dans ce qu'il a qualifié d'attentat.

 



Par ailleurs, la Russie menace de couper ses livraisons de gaz à l'Ukraine à partir du 3 juin si Kiev ne règle pas d'ici là une facture de 1,66 milliard de dollars. M. Iatseniouk a répliqué en menaçant à son tour la Russie de la poursuivre en justice si elle n'abaisse pas ses prix du gaz, et l'accusant de lui avoir volé du gaz en annexant la Crimée.

Enfin, parmi les nouvelles personnalités sanctionnées par l'UE figurent la procureure de Crimée, Natalia Poklonskaïa, adulée au Japon, ou encore Viatcheslav Ponomarev, maire autoproclamé de Slaviansk. L'UE a aussi inclus dans sa liste des personnalités sanctionnées Viatcheslav Volodine, chef adjoint de l'administration présidentielle russe, et le général Vladimir Chamanov. Ce dernier, personnage controversé, est un héros en Russie pour ses faits d'armes mais il est accusé d'exactions par les ONG en Tchétchénie. Un autre haut responsable russe, Vladimir Pliguine, à l'origine de la législation ayant facilité l'incorporation de la Crimée dans le territoire russe, est aussi sanctionné.

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